Algérie

L'eau sale, la bassine et le bébé



On nous dit assez régulièrement qu'un homme politique peut direet défendre ce qu'il ne pense pas le moins du monde et s'aventurer à confirmerdes croyances auxquelles il ne croit pas.

Le Président Bouteflika est-ildans cette optique et serait-il donc allé au sommet de la francophonie tenu auQuébec à contre-courant de ses convictions et à l'opposé d'une ligne politiquedevenue ancrée, ne permettant plus à la langue française de se pavaner en terrealgérienne comme un outil usuel incontournable ?

Ce n'est pas la première fois qu'il prend attache aveccette organisation et ce n'est pas non plus la première où il bénéficie d'uneattention si particulière que nous avons quelques petits droits de nousméprendre sur ses vraies intentions.

Le non-dit est trop lourd pour qu'il ne nous renvoie pas àsa poignée de main avec l'ex-chef du gouvernement israélien Ehud Barak et auxturbulences nées de la visite de journalistes algériens en Israël. Même si lesanciens faits se situent aux antipodes des événements d'aujourd'hui et quebeaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis.

Ce raccourci, s'il pèche par trop de non-factuellelégèreté, a de quoi imposer la vraie nature du bras de fer de l'instant, quidoit préoccuper le chef de l'Etat.

La bonne diplomatie étant l'art de savoir conjuguer leverbe en contradiction avec les temps et les faits, il en est un autre quiimpose à l'artiste de la politique de tempérer la forte pression des courantscontraires dans son pays quand tout et tous militent contre lui. La manoeuvren'est pas aisée et souvent les éclairages sont faussés.

Ceux qui prétendent bien le connaître, et qui se targuentmême qu'il leur prête une oreille attentive, parlent de lui comme d'un espritde très grande ouverture, ne s'offusquant pas du tout des lourdes entorses quesubissent les idées arrêtées et les cultures reçues. Il est un homme, nousassure-t-on encore, avec un esprit de conciliation contre toutes les épreuves, enconformité avec le temps, et il croit dur comme fer que l'adaptation despeuples avec les siècles est inévitable.

Sa disponibilité, étalée avec réserve à l'adresse de lafrancophonie, ne serait-elle alors qu'une forme de pudibonderie d'un Président gâté ? Et à l'inverse, ses coups de gueule contre les fauxprogrès ne sont - ils pas que des fausses assurances àceux qui s'entêtent, parfois dans le sang, à imposer leurs vérités ?

La réponse n'est pas à chercher en lui. Elle est aussicomplexe que la complexité de la société algérienne, qui ne se rappelle plus sielle devait se départir de l'eau sale, de la bassine ou du bébé.

Entre autres, il en est ainsi des langues et de lafrancophonie.




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