L'eau qui mouille les liquides

Les têtes changent, mais chaque année, les mêmes inondations, à la suite de fortes pluies pourtant prévues par les services de météorologie. Bien qu'elles aient fait autant de dégâts, voire plus, à Batna, Tamanrasset ou Mila, il est toujours étonnant de voir ce spectacle à Alger, capitale d'un pays moderne qui sait infiltrer les réseaux sociaux et partis politiques, évacuer sans négociations les trublions, fermer les accès aux activistes, déboucher les tuyaux de la rente, assécher les finances publiques, dévier le cours de l'histoire, colmater les fuites du Palais, faire des prisons étanches et construire des kilomètres d'oléoducs, mais on ne sait toujours pas quoi faire de l'eau de pluie qui coule du ciel. On remerciera au passage Amar Ghoul au sec dans sa cellule, pour ses trémies qui deviennent des baignoires à chaque pluie, les services de la voirie qui débouchent les regards sans déboucher les conduites et l'ensemble des responsables qui ne se sentent pas du tout responsables quand les villes deviennent des lacs.C'est probablement la faute au peuple qui jette ses grand-mères dans les conduites quand elles sont usagées, mais comme à chaque drame, on peut en tirer des constats. Le premier, toute cette eau qui part à la mer ou s'infiltre dans la terre aurait pu être donnée à la Seaal pour avoir de l'eau la semaine prochaine quand il fera beau. Deuxième constat, l'Algérien est sec, il devient farine une fois hydraté, mais cette farine n'a aucun intérêt alimentaire. Première conclusion, une inondation peut atténuer l'aridité d'un juge pour des cas comme Drareni, Benlarbi et Hamitouche.
Troisième constat, si on faisait passer l'eau par la fibre optique, on aurait un meilleur débit internet. Dernière conclusion, le parquet pourrait poursuivre en justice la pluie pour atteinte à l'intégrité (sèche) du pays, aux constantes (étanches) de la nation ou pour attroupement non armé, les gouttes de pluie ainsi rassemblées pouvant constituer un attroupement aux yeux d'un juge qui sait nager.