Algérie

L?eau et le feu



Le chef de l?Etat pakistanais, le général Pervez Mousharraf, va se succéder à lui-même. C?est le résultat au demeurant presque sans surprise de l?élection présidentielle d?avant-hier samedi. Certes, il faudra attendre l?homologation de cette victoire par la Cour suprême pakistanaise, mais nul ne s?attend vraiment à une remise en cause spectaculaire. Car l?élection de Mousharraf est le fruit d?un compromis qui a la bénédiction des Etats-Unis. Mousharraf, parvenu au pouvoir à la suite d?un coup d?Etat, ne pouvait pas postuler à un second mandat. Un obstacle qui a pu être surmonté au cours d?âpres négociations qui ont amené Mousharraf à accepter de ne plus être le commandant de l?armée et de se résoudre à voir son opposante la plus déterminée, Benazir Bhutto, revenir au Pakistan et être associée au pouvoir en tant que Premier ministre. Un rééquilibrage qui a la totale faveur de la Maison-Blanche qui a parrainé les négociations. Washington tient en effet à avoir la carte Mousharraf sous la main tout en réduisant sa mainmise sur le Pakistan. Mousharraf, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center, est devenu un allié particulièrement zélé du président George W. Bush. Un ralliement qui a contribué à redorer le blason de celui que l?Occident considérait comme un dictateur féroce. Les Etats-Unis misent sur la carte Mousharraf dans la lutte engagée contre Al Qaïda et le terrorisme international. Mais l?efficacité de Mousharraf s?est avérée bien limitée et non seulement les bases d?Al Qaïda n?ont pas été démantelées, mais l?islamisme radical a connu une montée en puissance dont l?épisode le plus sanglant avait été l?assaut contre la mosquée Rouge qui s?est soldé par des centaines de morts. Washington a opté pour la carte Mousharraf, car le Pakistan ne pouvait pas s?ajouter aux fronts ouverts en Afghanistan et en Irak. Les stratèges américains n?ignorent sans doute pas que le pouvoir pakistanais ne contrôle pas l?étendue des zones tribales soumises à l?autorité de chefs claniques. Ainsi, c?est au Waziristan que le chef du réseau terroriste se serait réfugié pour déjouer la traque américaine. Le Pakistan, contrairement donc à ce que laisse entendre l?alliance Bush-Mousharraf, reste une plaque tournante de l?islamisme le plus virulent dont les animateurs ont bénéficié, depuis les années 1990, d?entraînements intensifs au double plan idéologique et militaire dans des villes telles que Peshawar. Le général Pervez Mousharraf est le pendant pakistanais de l?Afghan Hamid Karzaï et de l?Irakien Nouri Al Maliki, autant de dirigeants dévoués à une Amérique à laquelle ils ont fait allégeance. L?élection de Pervez Mousharraf ne changera, à cet égard, que peu de choses si ce n?est que Washington impose au militaire implacable qu?il est, une illusion de façade démocratique avec le retour de Benazir Bhutto aux affaires. N?est-ce pas d?une certaine manière encourager une alliance entre l?eau et le feu, pour ne pas dire entre la carpe et le lapin ?


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