Entre Alger et Bamako, c'est la lune de miel. L'affirmation est tellement vraie qu'on parle d'Axe Alger-Bamako pour décrire la nouvelle phase des relations bilatérales, induite par la visite à Alger du président malien Amadou Toumani Touré. Une visite de quatre jours marquée par des entretiens politiques et des déclarations attestant l'excellence des relations, d'une conjonction des points de vue, tant au plan sécuritaire, notamment de la nécessité de coopérer en matière de lutte antiterroriste, que des relations économiques où il a été annoncé des accords commerciaux et économiques.Le chef d'Etat malien n'a pas attendu la fin de sa visite pour annoncer la couleur. «L'axe Alger-Bamako se porte bien et s'est considérablement renforcé», a-t-il affirmé, à la presse, à l'issue des entretiens qu'il a eu avec le président de la République. Ces déclarations qui traduisent le niveau actuel des relations bilatérales entre l'Algérie et le Mali détonnent, pourtant, avec le passé tumultueux des années précédentes, que le même président Touré, a qualifié de «pluie d'été», lors du même entretien à la télévision algérienne. Jusque-là, les deux pays sont passés par une phase de différence d'approche sur les questions liées à la sécurité dans la région, dans le sillage des prises d'otages des étrangers, dont se réclamaient des groupes armés affiliés à l'AQMI. Au fur et à mesure que les prises d'otages se multiplièrent, le Mali s'est avéré être une véritable base arrière de ces groupes. D'où les critiques d'Alger à l'égard de Bamako qu'elle accusait de laxisme dans la lutte antiterroriste, relevant même certaines complicités dont bénéficiaient les membres des groupes armés auprès de certains militaires et responsables locaux auxquels ils offraient le gîte contre des dividendes matérielles. C'est que la manne drainée par ces activités est immense, au point qu'elle s'apparentait à une politique pour un Etat dénué de richesses, qui trouvait là une source de revenus.
Ce qui dérangeait l'Algérie le plus dans cette question est que l'intérêt porté à ces activités, ne se transformerait en plaie béante pour l'ingérence des puissances étrangères sous couvert de la lutte contre le terrorisme. Mais, le malentendu a fini par se dissiper, à la faveur d'une politique de rapprochement, qui finira par prendre l'allure d'un virage à 360° qu'opérera le Mali. Sans la moindre hésitation, le président malien tranche sur les questions qui achoppaient. A la télévision algérienne, il a affirmé sans ambages que le Mali, en aucune manière, ne peut accepter qu'une force étrangère vienne s'implanter sur son territoire, même si cette force venait pour l'aider. Il a estimé que les pays du Champ (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) sont «entièrement disposés» à combattre ensemble le terrorisme. «Nous avons une vision commune qui nous permet de nous mettre ensemble pour lutter contre le terrorisme et ses connexions (crime organisé)», a rassuré M. Amadou Toumani en précisant que la coopération demeure la réponse la mieux adaptée pour une lutte efficace.Cette situation nouvelle a été rendue possible grâce à deux éléments fondamentaux, qui sont intervenus récemment dans la région. D'abord, la guerre en Libye, qui a libéré une quantité d'armes provenant des arsenaux de l'ancien régime pillés et dont certaines pièces sont allées fournir le marché florissant de la contrebande. De plus, la prise de pouvoir par les rebelles en Libye a contraint des milliers de touaregs jadis enrôlés dans les forces armées libyennes à retourner avec armes et bagages au bercail. Hier on annonçait le retour de 700 d'entre eux au nord du Mali. Si beaucoup d'entre eux ont accepté d'intégrer l'armée, d'autres se seraient volatilisés dans la nature. Ce qui fait craindre un retour de ces anciens combattants à la rébellion qui, grâce à la médiation de l'Algérie dans le conflit, a pris fin avec les accords d'Alger en août 2006. C'est donc, en quelque sorte, par contrainte et intérêt, que le Mali se tourne vers Alger. Car, en sus des accords sécuritaires pour la mise en place d'un commandement opérationnel et d'un centre de renseignement, l'Algérie accompagne le Mali à travers un don de 10 millions de dollars dans le développement de la partie Nord du pays. Autre élément : Amadou Touré, dont le second mandat expire en 2012, n'est-il pas tenu de régler la question de la rébellion s'il veut rester dans la postérité '
A. R.
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Posté Le : 29/10/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amar Rafa
Source : www.latribune-online.com