Algérie

L'avez-vous lue '



L'avez-vous lue '
Ignorance ? «Je ne l'ai jamais lue. Je ne suis pas un homme politique. Et ce n'est pas la Constitution qui va changer les choses en Algérie. Il faut changer notre mentalité.»Cest en ces termes qu'a répondu un cadre retraité de la douane à notre question pour savoir s'il a consulté un jour la Constitution. Comme lui, les personnes que nous avons interrogées sur le même sujet, même instruites, répondent par la négation. Et pourtant, dans la logique des choses, la Constitution protège les droits et les libertés des citoyens. En Algérie, le citoyen ne lui accorde pourtant aucune importance. «On va rester pareil. Rien ne va changer», s'est contenté de dire un retraité de la Sonatrach. Pour Ali, un commerçant d'Alger, «la Constitution est un costume. S'il est porté par une grosse personne, il se déchire, s'il est porté par une personne maigre, il devient trop large pour elle» Comment?' «S'ils font des lois qui protègent le peuple, ce sont eux qui vont disparaître. On rêve toujours de démocratie. A chaque fois que celle-ci est sur le point de naître, on l'étouffe dans l'?uf....», estime-t-il. Abdeljalil prépare sa thèse de doctorat en agronomie. Ce jeune qui dit ne jamais avoir lu la Constitution, pense qu'«elle n'est pas disponible, et que les médias ne montrent pas où on peut la trouver».? En faisant appel à ses souvenirs d'enfance, il finit par se remémorer : «A l'école on nous a appris la définition de la nature du régime, on nous a appris que l'arabe est la langue officielle et que l'Islam est la religion de l'Etat....» Même des juristes n'ont jamais lu la Constitution?! «Moi, sincèrement, je ne l'ai jamais lue», avoue une juriste exerçant dans une entreprise. Elle ajoute?: «Il est important que les citoyens lisent la Constitution pour connaître leurs droits et leurs devoirs. Mais dans nos librairies, elle coûte vraiment cher.?Avec 700 DA, le citoyen achète un poulet.»?«En principe, la Constitution doit être distribuée gratuitement pour garantir le droit à sa consultation», conclut-elle. Une artiste peintre que nous avons rencontrée au centre d'Alger, va dans le même sens:?«La politique ne m'intéresse pas. Le pouvoir consulte le peuple pour ses intérêts seulement. On nous a frappés aux genoux. On nous a découragés. On n'a pas d'espoir dans ce pays. «L'Etat doit consacrer des pages de journaux pour vulgariser les articles de la Constitution». Propose Hakim de Sétif. Les prix dans les librairies oscillent entre quatre et sept cents dinars. «Effectivement, l'accès des citoyens au texte de la Constitution n'est pas garanti. Pour permettre aux Algériens de découvrir le contenu de ce texte, il faut que le document soit mis à la disposition de tout le monde dans les universités, dans les bibliothèques, dans les centres de sécurité et dans d'autres lieux publics. Il faut que ce texte soit distribué gratuitement et vulgarisé. Cela permet l'éveil citoyen», nous dira Abdelmoumene Khelil, secrétaire général de la LADDH ( Ligue algérienne des droits de l'Homme).




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