Algérie

L'aveu d'un postulant à la présidentielle



L'aveu d'un postulant à la présidentielle
Mohamed Benhamou aurait très bien pu ne rien dire. Attendre le rejet de son dossier pour crier à l'injustice, à la fraude, au jeu fermé et à tout le chapelet de dénigrements que ne cessent de rabâcher d'autres postulants et leurs affidés. Il aura droit à une place dans l'Histoire pour avoir été le premier homme politique...Franchise déroutante. Un postulant n'a pas exclu, mardi dernier et après avoir déposé son dossier, d'être recalé par le Conseil constitutionnel. Il s'agit du président du parti Karama, Mohamed Benhamou. Le fait est tellement inattendu qu'il mérite d'être relevé. Le personnel politique ne nous a jamais habitué à un langage aussi direct. Ni à nous livrer sa pensée quand elle ne va pas dans le sens de son action. Benhamou l'a fait. S'il pense que sa candidature pourrait ne pas être validée, c'est très certainement en liaison avec le dossier qu'il a fourni. Il était le seul à savoir, mardi soir, ce qu'il contenait réellement. S'il était complet ou non. Si les 14 pièces qui constituent le dossier ne comportent aucun manquement. Et si l'on ajoute qu'il a été le dernier des postulants à se présenter au Conseil constitutionnel juste avant l'expiration du délai fixée à minuit, on peut considérer qu'il était à la bourre, mardi soir. D'où cette première déduction. De toutes les pièces du dossier, les formulaires de signatures sont les plus laborieux. Il faut les collecter à travers 24 wilayas (la moitié de ce que compte le pays). Les acheminer vers la capitale. Les rassembler, les empaqueter et enfin prévoir leur transport par des moyens adéquats vers le siège du Conseil constitutionnel. Il est donc probable que le président du parti Karama pense que c'est ce point qui risque de lui valoir la disqualification. Pourtant, il n'était pas le seul à s'être présenté à l'ultime moment. Trois autres postulants, Ali Benouari, Fawzi Rebaïne et Mahfoud Adoul, le président du parti Ennasr El watani, étaient dans le même cas que lui. Ce qui porte à 10 le nombre total des postulants ayant déposé dans les délais leurs dossiers. Rien ne dit, cependant, que Benhamou sera le seul à voir son dossier invalidé par le conseil. Il est le seul à ne pas exclure cette éventualité. Ce qui est différent. Ce qui est énorme, venant d'un acteur politique. Il est à l'opposé de ceux qui affirment avoir obtenu les signatures exigées, mais qui n'ont pas cru utile de déposer leur dossier.On les comprend, il est toujours difficile d'avouer ne pas avoir la confiance de 60.000 citoyens, lorsque dans le même temps, on prétend pouvoir bien diriger 36 millions de personnes. Benhamou n'a pas ce complexe. A ce titre, il mérite le respect des Algériens, en général, et de la classe politique, en particulier. De la gratitude même. Car, par sa franchise, il contribue à rétablir la confiance que les hommes politiques ont perdue auprès de l'opinion. Il aurait très bien pu ne rien dire. Attendre le rejet de son dossier pour crier à l'injustice, à la fraude, au jeu fermé et à tout le chapelet de dénigrements que ne cessent de rabâcher d'autres postulants et leurs affidés. En cela, M.Mohamed Benhamou vient de marquer un point et non des moindres. Il aura droit à une place dans l'Histoire pour avoir été le premier homme politique à se déclarer par avance totalement responsable, au cas où sa candidature ne serait pas validée. C'est aussi un signe d'évolution qui laisse présager un déroulement de l'élection présidentielle du 17 avril 2014, complètement différent de tous les rendez-vous électoraux précédents. Ceci dit et puisque nous sommes aux toutes dernières nouvelles concernant cette élection, nous avons appris par le dernier numéro du Journal officiel que les bulletins de vote de tous les candidats seront identiques. Ils seront de couleur blanche.Sur le bulletin figurera le nom et le prénom (éventuellement le surnom) du candidat ainsi que sa photo. La date du scrutin sera également mentionnée sur le bulletin. Tout ceci figure dans un décret exécutif signé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Il ne restera que l'arrêté, qui ne saurait tarder, du ministre de l'Intérieur pour «préciser les autres éléments d'identification du bulletin de vote». On passe surtout à la nature du papier et aux dimensions du bulletin. Rien n'est laissé au hasard. Quand on veut du bien à ce pays, on ne peut que se féliciter de tous ces efforts qui tendent à rendre les consultations électorales des moments de vérité absolue, dans la transparence et l'impartialité. Tout ce qui tend à rétablir la confiance des électeurs, en redonnant une valeur certaine à leur voix. La perfection n'étant pas de ce monde, il reste que tous les Algériens, sans exception, doivent participer activement à cet objectif. Par la vigilance, la dénonciation des abus par voie réglementaire, mais aussi et surtout à s'éloigner définitivement des procès d'intention. Et des préjugés. Nous sommes capables de vivre dans un Etat de droit, comme toutes les grandes démocraties.Nous n'avons aucun handicap pour ne pas y arriver. D'ailleurs, nous n'en sommes plus très loin. La multitude de postulants (plus de cent) qui se sont manifestés pour la première fois, prouve que dans l'imaginaire collectif «le jeu est ouvert» maintenant. Mis à part l'agitation stérile d'une petite poignée, le silence de tous les autres postulants qui n'ont pas pu aller au bout du dossier est aussi un signe d'évolution et de progrès. La démocratie est un travail de longue haleine. Ne soyons pas égoïstes, pensons à la rendre irréversible pour nos enfants et nos petits-enfants. C'est dans cette perspective que l'aveu de Benhamou est admirable!zoume6@hotmail.com




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