La crise libanaise perdure et risque de connaître, à partirdu 25 septembre prochain, date prévue de l'élection présidentielle, uneaggravation pouvant mener à un véritable chaos institutionnel. Le parlementdoit en effet désigner un remplaçant à Emile Lahoud et il ne peut le faire ques'il y a un consensus entre les forces politiques du pays sur le nom duprochain président. La règle en vigueur depuis l'indépendance impose que lequorum des deux tiers du parlement soit réuni pour élire le président et celaimpose immanquablement la recherche d'un consensus que le gouvernement en placea constamment refusé.L'opposition libanaise, qui réclame depuis des mois ungouvernement d'union nationale, peut, en boycottant le parlement, empêcher laréalisation du quorum nécessaire à l'élection présidentielle. Le refus de larègle du « consensus » par la majorité risque d'être intenable. A moins de serisquer à un coup de force consistant à désigner un président sans que le quorumsoit réuni. Une situation qui affole les constitutionnalistes libanais car ellecrée un chaos institutionnel, le Liban risquant de se retrouver de facto devantdeux « gouvernements ».Le scénario est si grave que le chef de l'armée, le généralMichel Slimane, a fait ostensiblement savoir qu'il remettrait sa démission le24 septembre prochain, date de la fin du mandat d'Emile Lahoud, si les forcespolitiques ne s'accordent pas pour l'élection consensuelle du président. Lechef de l'armée n'a pas mâché ses mots: s'il y a deux gouvernements, ilremettra sa démission aux deux « et rentrera chez lui ». « Je refuse d'assumerles conséquences de la division politique qui menace l'unité du pays et del'institution militaire », a-t-il fait savoir.L'armée libanaise, objet de toutes les attentions de lapart des forces politiques, signifie ainsi clairement que la crise politiqueactuelle est devenue une menace grave pour l'unité et la sécurité du pays. Lemessage s'adresse à toutes les forces politiques. Il concerne davantage les «forces du 14 mars » du groupe Hariri - qui détient actuellement le gouvernement- tentées par l'idée de passer outre le consensus pour imposer son proprecandidat. Ce serait ouvrir effectivement le champ à une anarchie institutionnellesans précédent, le coup de grâce qui ruinerait l'unité du pays. Le scénario de deux gouvernements se disputant lalégitimité ne peut que créer une situation intenable au sein des corpsconstitués qui seraient appelés à se positionner dans les divisions despoliticiens. On voit mal sur quelle base ils pourraient le faire sans nuire àleur cohésion interne. Les hommes politiques joueraient ainsi avec le feu enpoussant une armée, où toutes les composantes humaines du pays sont présentes,à des alternatives déstabilisantes.Si le chef de l'armée libanaise fait des déclarations aussialarmistes, c'est qu'il a une idée très sombre des effets de l'aggravation desdéchirements politiques à l'occasion de la prochaine élection présidentielle.Plus que jamais, le Liban a besoin de consensus pour conjurer le chaos. Il fautespérer que l'avertissement du général Michel Slimane sera entendu...
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Posté Le : 25/07/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : K Selim
Source : www.lequotidien-oran.com