Comment sera la
génération future si nous gâchons maintenant le volet de la culture ?
En effet, la
notion de la culture chez nous demeure floue et un peu archaïque. Une vision
sombre qui prédit des jours d'ombres. La culture est malade et nos responsables
ont besoin de balades dans les petites villes oubliées par le temps. Des
sorties qui renseignent sur le quotidien des jeunes privés de tous les loisirs
qui permettent à l'être de s'épanouir et de grandir au sein d'un milieu qui
savoure le chant, la poésie, la danse, le dessin, la sculpture, la poterie, le
sport, la lecture, l'écriture et toutes les autres voies de l'expression de
l'humain. Ces moyens qui tissent les liens et qui hissent l'humain vers les
nobles valeurs et qui feront de lui un être sensible à la nature et à ses
secrets. Un être agréable et gentil et qui fera tout pour semer la paix
partout, où il va et qui aura toute la terre pour patrie, car dans son regard,
il n'y aura jamais de frontières. Un individu qui aura l'amour du livre et de
la lecture. Un amour qui l'aidera à développer ses penchants vers le sacré et
tout ce qui est salé et sucré. Une aptitude vers le mythe, vers la perception
de ce qu'il veut connaitre : ses orientations, ses
origines, ses choix, son but. Un être cultivé qui accordera au livre une place
privée, car il sait pertinemment que c'est avec le bouquin qu'il apprendra à
rêver.
En effet, C'est
le bouquin qui envoûte les âmes sensibles
à l'art et qui invite les esprits à de nouveaux départs vers de nouveaux
horizons, où le temps n'est que brises d'amour et de bonté. Un voyage vers un
univers, où les regards appellent et les amas de murmures interpellent. Des
sorties vers les monts, les grottes, les rivières, les océans, les déserts et
les vallées. Des échappées vers un monde du passé, où l'être sera subjugué par
tant de beautés, de miroirs de châteaux, de murs décorés et des portes sans
clés. Des escapades à des univers irréels, où les Sirènes dansent sous des jets
d'eaux et où des soupirs de fontaines limpides et intarissables parlent des
langages bizarres et doux. En effet, c'est le manuscrit qui demeure l'ami
fidèle de l'anachorète, du poète et de l'étudiant. Il est la mémoire de toutes
les nations et le rêve de tous les aèdes. Il est le produit de beaucoup
d'années de lecture et de tant de nuits de méditation, où l'écrivain tente de
fuir ses peurs, ses frustrations et ses ennuis. Il est le labeur des gens
sensibles, qui au lieu du sabre, ils ont opté pour la plume. Un choix afin
d'éclairer les humains des dangers de cette vie qui n'est qu'un mensonge, un
bout de bois, un beau visage pour celui qui ne décode hélas pas le message. Car
sans prévenir, la vie se retire et devient temps du passé, revoulu, jamais
saisissable, telles des particules de sable soulevées par un vent présent mais
impalpable.
Il est vrai, en
Algérie, le livre a toujours été l'ami sacré et même si notre culture avait
comme base la source orale. Qui ne se rappelle plus des contes des grands-mères
? Des histoires trop aimées et qui nous poussaient à partir tôt rechercher une
place chaude devant un braisier, en alitant qu'une toison déchirée et en ayant
parfois que le bout d'une couverture sur la moitié du corps. La grand-mère
exigeait le silence et nous étions tous qu'un bout d'oreille. Les histoires
étaient merveilleuses et notre curiosité était si vaste. C'était un stimulus
indirect qui avait crée chez nous cette quête de nouvelles sensations. Une
passion si vive et si douce qui nous obligeait à partir chaque soir vers de
nouvelles contrées pour juste connaître les coutumes et les mÅ“urs des sociétés
lointaines et surtout les parfums d'un monde magique et plein de surprises. Un
univers toujours en mouvement que la lecture un peu plus tard, offrait à nos
yeux d'enfants naïfs. La lecture était la seule distraction qui pouvait nous
offrir la joie de déguerpir des atrocités du quotidien morose pour rejoindre le
pays de l'amour et de l'action. Le livre était notre billet pour franchir les
montagnes et les mers. Il était notre seul salut et chacun avait pour son
argent.
Le livre était
cet ami qui nous accompagnait en silence et qui remplissait nos têtes de
mioches de nourritures saines.
A l'époque,
l'Etat algérien dépensait beaucoup d'argent pour répondre aux besoins de ses
petits et les librairies étaient riches et pleines de titres. En effet, les
jeunes comme les vieux chacun pouvait choisir le bouquin qu'il voulait
déchiffrer et la lecture était la seule distraction, car la télévision était un
luxe réservé aux riches uniquement. Alors, les petits avaient l'habitude de
dévorer les «bandes dessinées», les jeunes finissaient facilement un ou deux
romans par nuit et les vieux avaient la part des lions. C'était aussi, l'époque
des lectures en cachette de certains romans interdits et surtout, la jubilation
à la fin de chaque manuscrit. Les histoires des héros étaient les nôtres et on
voyageait réellement chaque nuit avec les personnages de ces chroniques et on
partageait les peines et les joies des actants et jamais nos doigts ne
lâchaient le livre malgré la fatigue de nos yeux, car ne pas finir était une
insulte à soi et une preuve de lâcheté en vers l'auteur. Donc, il fallait
achever nos décryptages silencieux et de ne fermer l'Å“il qu'avec le dénouement
final de l'intrigue. L'Å“uvre littéraire était l'ami qui meublait nos solitudes
et c'était notre unique évasion vers des horizons lointains, où Baudelaire nous
fascinait avec ses fleurs du mal et son Spleen de Paris. Balzac et Zola nous
étonnaient par la finesse de la description des mÅ“urs de la société française
du XIX siècle, et Stendhal et Flaubert nous expliquaient les tourments de la
passion et nous laissaient savourer les délices de l'amour impossible entre une
femme belle et un jeune amant souvent naïf et sans expérience. Ensuite, il y
avait nos propres auteurs qui étaient nos princes et nos idoles. On peinait
devant «Nedjma» de Kateb Yacine, on raffolait les
Å“uvres de Dib, de Feraoun et de Mammeri. On était fiers du courage de Tahar Ouetar, intrigué par l'audace de Boudjedra
et Assia Djebar avait fait
de nous des assoiffés de la culture.
La lecture était
la base de notre instruction, l'aliment de notre imagination et la sève
nécessaire pour notre vie et celle surtout de notre esprit. Le bouquin nous
accompagnait pendant nos vacances et on dégustaient assez d'ouvrages tout en
réclamant davantage, afin de satisfaire cette soif du savoir et aussi pour
pouvoir triompher sur les autres et gagner l'estime de nos professeurs de
français et d'arabe qui étaient étonnés devant notre volonté d'apprendre
toujours plus.
Il est vrai, la
nourriture des esprits était la priorité des priorités, car l'Algérie voulait
former ses futurs cadres. Alors, collèges, lycées et universités avaient leurs
bibliothèques pleines et les plus passionnés ne sortaient que la nuit pour y
revenir tôt le matin pour terminer un auteur. C'était l'époque de l'abondance
et rares étaient les gens qui n'avaient pas profité de cette aubaine. C'était
la période, où les responsables voulaient instruire réellement un grand nombre
de jeunes, afin qu'ils sachent bâtir un Etat fort. Un pays qui compterait sur
les livres et non pas sur les vivres.
En effet, les
années 70 et 80 étaient les meilleurs moments de cette Algérie indépendante.
Une époque de stabilité et de bonheur, malgré quelques restrictions d'ordre
politique.
QUE S'ETAIT-IL
REELLEMENT PASSE APRES ET POURQUOI LES LIVRES SONT DEVENUS AUJOURD'HUI UN
PRODUIT DE LUXE ?
Certaines
analyses citent tout d'abord, les parents. Il parait que ces derniers ne lisent
plus comme avant à la maison par manque de temps et de ce fait, l'enfant
d'aujourd'hui, ne prend pas le relais du moment qu'il n'a pas été contaminé par
le virus de la lecture. En plus, les nouveaux moyens de distraction et loisir
comme la télévision, le cinéma les jeux vidéo et surtout le net ont massacré
toute tentative des pauvres enseignants, qui proposaient la lecture aux
apprenants afin que ces derniers puissent comprendre les textes et pouvoir
s'exprimer avec aisance.
D'autres études avancent
que les responsables de ce domaine n'ont qu'une vision restreinte sur la
culture et qu'il est temps pour une prise réelle des responsabilités. Ils
doivent comprendre qu'ils sont à côté de la plaque. La culture n'est pas un
résumé de quelques soirées mondaines de chant et de danse. Une façade pour
brûler des milliards, juste en invitant des étrangers alors que l'artiste local
doit se débrouiller tout seul pour faire vivre sa famille. Un pays, où la
culture est un slogan qu'on exhibe les jours de fête. Si non comment expliquer
la construction de deux boites à sardines pour une
population de presque cent mille âmes à Khemis
Miliana. Un exemple vivant de l'état de la culture chez nous et comment tout
est centralisé dans le siège lieu de wilaya, alors que la ville d'El Khemis possède un Centre Universitaire, où rien que les
étudiants étrangers sont presque mille. Deux petites boitent à sardines
achevées depuis deux ans, mais qui restent vides et les élèves et les étudiants
devraient attendre le siècle suivant ! Il semble que nous progressons vers
l'arrière et ce qui compte le plus pour l'Algérien demeure le logement et le
travail. Une fuite en avant qui aura des conséquences graves si la culture
demeure absente. Des répercussions sur la société, car les futures générations
seraient insensibles aux appels de la raison et à ceux de la patrie mère
l'Algérie. Les jeunes seraient violents et agressifs. Des petits nerveux et
sans sentiments envers tout ce qui est beau et joli. Ils seraient des êtres
sans consciences et tout ce qui compte pour eux sera : comment sauver la face.
En un mot, nous aurions une génération de la glace. Des enfants incontrôlables
qui peuvent détruire tout l'héritage de notre si beau pays qui a survécu à tous
les maux à travers tous les âges. En effet, les prémices sont là : des rixes,
des agressions, des vols et des insultes sont dans tous les quartiers des
petites et les grandes villes de cette vaste Algérie. C'est le chaos total et
même les policiers n'ont plus la couverture juridique pour oser régler tout un
désordre social qui n'a ni queue, ni tête. Un malaise provoqué par un mutisme
des autorités qui ne font qu'observer les dégâts d'un glissement qui mènera à
l'absence du respect de l'ordre et de là, découle tout un écart de la civilisation
vers l'anarchie et l'exemple des marchés informels parlent d'eux-mêmes.
Cependant, rien
n'est perdu encore et nous avons les moyens pour palier à toutes les
contraintes qui entravent les bonnes intentions de beaucoup d'algériens jaloux
de leur pays. Des algériens capables de lever le défi et qui n'attendent qu'un
coup de main de l'Etat pour la création des associations culturelles et de
quartiers qui chapoteront les instances culturelles des wilayas et des communes
et qui auront la chance de discuter avec les hauts responsables de la culture
au niveau du ministère. Des rencontres fructueuses pourraient semer l'espoir
chez les jeunes retraités qui n'ont jamais travaillé et qui sont tous devenus
des revendeurs d'occasion.
L'espoir demeure avec l'implantation d'une
nouvelle philosophie qui se base sur la valorisation du volet culturel et non
pas celui du savoir et du commerce. Il faut que les activités culturelles
soient ces voies qui charment l'enfant et le poussent à fuir le vide et tout ce
qui est vilain, bas et absurde. C'est l'activation des structures associatives
aux sein des établissements scolaires qui offrent la chance aux élèves les
moins branchés avec les études de trouver une issue favorable pour développer
une passion, où perfectionner un don. En second lieu, nous avons les activités
sportives qui exigent de l'argent et non pas des promesses. En dernier lieu,
nous comptons sur le bouquin qui ne doit plus être considéré comme un fruit
exotique réservé aux riches. Toujours dans l'espoir de voir naitre
une nouvelle vague d'auteurs qui vont remplacer les plus anciens. Un souhait de
tous les intellectuels algériens de voir aussi des concours de littérature, où
les jeunes talents peuvent goûter aux délices des prix qui les encouragent à
épouser le métier d'écrivain. Des motivations à produire des Å“uvres qui peuvent
hisser notre culture vers les chemins de la gloire tout en permettant à nos
amis du monde entier à savourer nos fêtes, nos nuits de noce, nos histoires
d'amour, nos chants traditionnels et surtout nos courses de chevaux.
Il est temps pour
l'émergence de nouveaux auteurs d'Å“uvres sensibles à la beauté du site, fidèles
aux martyrs, et respectueux des valeurs sacrées de la nation. Des jeunes
dévoués pour l'Algérie et qui expriment leurs souhaits, leurs rêves et leurs
attentes avec des mots tendres volés du registre de la langue du cÅ“ur et non
pas de celui de la violence et de la haine. Un retour aux sources des aïeules
et aux valeurs inchangeables à travers le temps et qui étaient le seul capital
qui avait permis à nos ancêtres de vaincre la peur. Ce patrimoine qui avait
éclairé les âmes et purifié les cÅ“urs et où, l'Algérie, la mère patrie était
l'objet de toutes les quêtes. Cette Algérie qui avait inspiré Moufdi Zakaria l'arabophone et
son «IYADA» et Kateb Yacine le maestro de l'art et son chef-d'Å“uvre «Nedjma», Un roman qui rappelle et interpelle l'Algérien de
son passé glorieux et mythique. Un passé qui se conjugue avec un présent et où,
la femme désirée reste inaccessible, toujours belle et rebelle. Une femme qui
séduit et qui fascine. Une Algérie toujours en quête d'amour, de passion et
d'aventure, mais qui n'a qu'un rêve, celui de s'épanouir au milieu de gens
honnêtes, cultivés et braves.
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Posté Le : 15/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Boutaraa Farid
Source : www.lequotidien-oran.com