Algérie

L'avenir entre incertitudes et espoir



L'avenir entre incertitudes et espoir
La première partie de la présente contribution analyse la situation économique de la Libye. La deuxième partie aborde les perspectives géostratégiques qui dépendront des rapports de force tant internes qu'externes.
Pour des raisons politiques afin d'éviter la prise de conscience politique l'on a fait du peuple libyen un peuple d'assisté. Pour les travaux pénibles, ce sont les employés marocains, égyptiens, tunisiens, algériens, africains ou asiatiques qui s'en chargent. 50 % de la main-d''uvre est étrangère (Afrique, Maghreb, Asie). 2- La Libye et les enjeux géostratégiques Au préalable je voudrais attirer l'attention sur le fait qu'il faut éviter de raisonner en termes d'Etats/nations au moment où les transnationales transgressent les frontières géographiques dites nationales, influençant fortement les politiques socioéconomiques des Etats. Au sein d'une grande firme, surtout dans le domaine des hydrocarbures, qu'elle soit d'origine américaine ou européenne, il faut être attentif aux part des actions où nous assistons à des participations croisées relevant de plusieurs nationalités. Total ou Eni, qui opèrent en Libye, ont un capital social diversifié. Par ailleurs, l'analyse stratégique doit prendre en compte non plus les relations personnalisées entre chefs d'Etat, ce qui et actuellement largement dépassé, excepté dans les dictatures, mais les réseaux de ce que l'on appelle les lobbys. Par ailleurs, depuis l'avènement du président américain Barack Obama, une nouvelle donne internationale a été introduite, notamment depuis le discours du Caire, la légitimité démocratique garante de la stabilité durable. Invoquer l'islamisme radical, la lutte contre le terrorisme par certains dirigeants pour se maintenir alors qu'ils ont enfanté eux-mêmes la pauvreté de leur peuple par la corruption, cause de l'extrémisme, ne tient plus la route. Les anciens dirigeants tunisiens, égyptiens, et récemment libyens et syriens, en ont fait les frais. Pour la contribution à l'effort de guerre, cela ne concerne pas uniquement les revenus pétroliers mais également les fonds souverains gérés par la Libyan Investment Authority (LIA), estimés à 75 milliards de dollars et entre 150 et 169 milliards si l'on inclut les investissements étrangers de la Banque centrale, sans compter les placements occultes. Ce qui est étonnant lorsqu'on écoute les télévisions étrangères, le mot qui revient souvent : « On va aider la Libye, on va lui donner de l'argent », oubliant que ces fonds sont la propriété de tout le peuple libyen. Cela est également vrai pour les fortunes déposées à l'étranger des ex-présidents tunisien, égyptien, de leur famille et des proches de l'actuel président syrien. L'Algérie par le passé en a subi les conséquences pour le trésor du FLN déposé en Suisse, où les financiers internationaux ont travaillé pendant des années avec cet argent sans intérêt. Au passage, je voudrais souligner que, selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, sur 162,2 milliards de réserves de change, les intérêts ont été de 4,60 milliards de dollars à un taux fixe de 3%. Cela suppose que l'Algérie a déposé à l'étranger un montant qui dépasse les 153 milliards de dollars sur le moyen et long terme, montant équivalent à celui de la Libye. Il faudra donc être vigilant car, en cas de crise politique en Algérie, je ne l'espère pas, ces fonds seront bloqués. Aussi les pays engagés dans la coalition en Libye sous l'égide de l'OTAN qui ne sont pas des philanthropes mais mus par des intérêts précis, attendent le retour de l'ascenseur, ce que les financiers appellent le retour du capital engagé. Une fraction de l'argent libyen déposé à l'étranger ainsi que les revenus pétroliers futurs serviront à rembourser l'effort de guerre, comme cela a été le cas en Irak bien que pour ce pays une partie ait été supportée par les pays du Golfe. Par ailleurs, les besoins de financement de la Libye sont énormes, la reconstruction étant évaluée entre 300 à 400 milliards de dollars sur les cinq prochaines années et le programme d'urgence à 45 milliards de dollars. Il est utile de se demander quels sont les pays qui profiteront des marchés octroyés et les pays perdants. Les pays perdants sont incontestablement la Russie et l'Algérie, qui ont eu des positions ambiguës vis-à-vis de cette révolution populaire. Pour le cas de l'Algérie, si Sonatrach risque à court terme de perdre des parts de marché, à moyen terme, en raison de la situation géographique, des liens d'amitié qui lient la population algérienne et libyenne (qui a contribué à notre guerre de libération nationale comme le Maroc et la Tunisie), je pense que cela sera transitoire, ce qui n'est pas le cas de la Russie, expliquant d'ailleurs sa position sur la Syrie en Conseil de sécurité afin d'éviter d'être évincée de cette région stratégique. Il appartient aux dirigeants des deux côtés d'éviter des déclarations intempestives. Je n'ai pas compris cette déclaration d'un dirigeant du CNT qui met de l'huile sur le feu qui a dit récemment que le «gouvernement paierait ses actes». Comme je ne comprends pas, et c'est le cas de l'immense majorité du peule algérien de cette clandestinité où un anonyme bien informé et de source autorisée parle au nom du ministère des Affaires étrangères où son porte-parole va de démenti en démenti. Oui, je pense qu'à terme le bon sens des responsabilités l'emportera grâce aux femmes et aux hommes de bonne volonté. Le destin de l'Algérie et la Libye étant lié. Pour le cas de la Chine, ayant eu une position mi-figue mi-raisin qui privilégie surtout ses intérêts économiques, cela ne devrait pas la pénaliser. Les pays gagnants sont en premier la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis d'Amérique, suivis de l'Italie qui a eu également au début une position ambivalente jusqu'à ce que l'Otan prenne la direction des opérations, l'Espagne, la Turquie, l'Allemagne et les pays du Golfe, notamment le Qatar et les Emirats arabes unis. L'Egypte, la Tunisie et le Maroc,qui ont un fort taux de chômage, devraient bénéficier de la reconstruction pour absorber une partie de leur force de travail. 3.- L'avenir de la Libye est dans le Maghreb L'objectif est de réaliser une dynamique politique, économique et sociale au profit de l'immense majorité du peule libyen. La Libye, très riche comme démontré précédemment, a besoin d'être reconstruite sur tous les plans et sera ce que les Libyens voudront qu'elle soit afin de faire face aux convoitises rapaces de quelques compagnies, ce qui ne changerait rien alors par rapport à la situation antérieure. Pour éviter cela, il faut nécessairement d'abord créer des institutions fiables et rétablir la sécurité, car, sans sécurité, il ne peut y avoir de développement, cela passant par la nécessaire réconciliation nationale tenant compte du poids des tribus. Encore que ces derniers ont vu décliner leur influence, contrairement à ce qui se dit. La Libye de 2011 n'est pas celle de 1960 du fait de l'urbanisation croissante où cohabitent dans une même ville des personnes appartenant à différentes tribus, brassage rendu possible grâce au niveau d'éducation qui permet de surmonter les clivages sociologiques et culturels. Cela sera certes difficile, le CNT étant actuellement très hétéroclite (intellectuels, hommes d'affaire, islamistes, anciens cadres et ministres de l'ancien régime) et devant être représentatif de l'ensemble des régions. Il ne faut pas être utopique. La démocratie, d'une manière générale, dans les pays arabes ne se fera pas du jour au lendemain. Les prix Nobel institutionnalistes d'économie ont montré récemment clairement que de nouvelles institutions prennent du temps pour leur efficacité. Ce qui donne l'impression d'anarchie à court terme mais ce ne sont que des illusions entretenues par les tenants de l'ancien système (après moi le déluge, l'homme providentiel), alors que les institutions dictatoriales créées administrativement n'ont aucune ou peu de légitimité. Au contraire les institutions démocratiques tenant compte de l'anthropologie culturelle évitant de plaquer des schémas importés occidentaux sur une structure sociale particulière, s'insérant dans le cadre d'une nouvelle régulation politique, sociale et économique sont porteuses d'un développement durable car assurant la symbiose Etat/citoyens. Le plus difficile attend les Libyens, celui de la construction du pays, tant sur le plan politique qu'économique. La Libye n'a pas d'institutions au sens véritable du terme. Elle n'a pas non plus de véritable économie, excepté le pétrole. Mais je ne suis pas pessimiste car la Libye a des potentialités énormes, surtout en ressources humaines, richesse bien plus importante que toutes les ressources en hydrocarbures pour surmonter cette crise qui, je l'espère, sera passagère. J'ai pu contacter des centaines de brillants intellectuels installés femmes et hommes soit à l'étranger, la diaspora est importante y compris des hommes d'affaires, ou qui sont restés en Libye. (Suite et fin)


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