Algérie

L'autre vrai Rallye Dakar



Onse souvient que l'annulation du Rallye Paris - Alger - Dakar a été parmi lespremiers épisodes de la mise sous embargo sécuritaire de l'Algérie. L'isolementmédical de l'Algérie avait commencé par la suspension de cette manifestationsportive plus qu'avec l'embargo des compagnies aériennes frileuses. Le coupleantinomique touristes-terroristes fait aujourd'hui encore une fois l'actualité,mais en Mauritanie, cet autre pays du Maghreb qui, comme l'Algérie, possède undésert, des frontières « utiles », est fragilisé et mis sous tutelle avec lebon épouvantail sous la forme du très commode GSPC. Pour les scénaristes del'interventionnisme international, le terrain du Sahel est mûr : on y retrouvedu pétrole à protéger, des Etats à «clientéliser », des zones sans droits où ilest loisible d'y cantonner des troupes, quelques victimes occidentales et desprésumés terroristes dont la présumée étiquette d'El-Qaïda suffit déjà etréduit au détail le procès ou l'enquête qui vont suivre. Le scénario concerneaujourd'hui toute la zone, du nord de l'Afrique, avec l'Algérie en vitrine dela « menace », au nord du Mali, en passant par la Mauritanie. Curieusement, pareffet de myopie de médias contrôlés ou par consensus, certains pays de larégion sont exemptés de ce feuilleton du « gare aux loups ! » comme le Maroc,la Libye ou, à un degré moindre, la Tunisie. Un état de grâce que l'on peutjuger temporaire en attendant de propices turbulences. Certes, les attentatsterroristes et les réseaux d'El-Qaïda et du GSPC y sont réels et ne peuventêtre réduits à des fantasmes, mais l'usage que l'on fait de leur menace et deson amplification obéit à d'autres soucis. On peut y faire face avec desattitudes de vigilance médiatique en refusant d'y accorder le statut d'uncataclysme régional, on peut ne pas donner suite aux insistances des médiasoccidentaux très prompts à retrouver de « l'algérien » et du « El-Qaïda-GSPC »un peu partout, mais cela restera, au regard de ce qui se joue aujourd'hui dansla région du Sahel, une sorte de caprice d'autochtones et de défense imaginairecontre les grands enjeux des colonisations soft et des « irakisation »scientifiques des géographies riches et sans Etats forts. Et lorsqu'on voit àquoi peut donner à réfléchir l'annulation d'une manifestation comme le RallyeParis-Dakar, la traque des signes de la présence du GSPC dans le Maghreb, lespressions occidentales pour sécuriser les régions en sécurisant leurs puits etles faiblesses structurelles des Etats locaux, réduits à caricatures dedémocratie et à des gardiens de populaces, on est presque tenté d'adhérer à ceque répète Louiza Hanoune la patronne du PT : l'année 2008 sera celle de ladéfense de la souveraineté nationale. Contre qui ? Contre les souverainetésinternationales. Celles que visent des épiphénomènes comme le GSPC et cellesqui utilisent les pancartes du GSPC pour viser les tribus locales et leurschefs et leurs puits. Le couple touriste-terroriste fonctionne déjà depuis desannées et à plein régime. Il fait la géographie de l'heure et laisse invisiblesles otages qui sont pris au milieu. Le Rallye a été annulé, mais c'est déjà uneautre course qui est lancée. La Mauritanie, l'Algérie, ou la Libye, il nes'agit déjà plus que de détail de costumes.


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