Algérie

L'autre lecture



L'autre lecture
En vieux routier de la politique, Djaballah sait de quoi il parle. Il sait que l'initiative du MSP non seulement ne restera pas sans conséquences mais qu'elle a, probablement, déjà donné un grand coup dans la frêle construction.La dernière sortie de Makri n'est pas passée inaperçue. Autant elle a étonné les observateurs et surpris les différents acteurs de la vie politique, autant elle a irrité certains «confrères» de la table de la Cnltd. Premier à avoir réagi, Djaballah d'Al-Adala, n'a pas manqué d'attirer l'attention sur la probabilité d'un éclatement de ladite Cnltd. En vieux routier de la politique, Djaballah sait de quoi il parle. Il sait que l'initiative du MSP non seulement ne restera pas sans conséquences mais qu'elle a, probablement, déjà donné un grand coup dans la frêle construction.Il est difficile, en effet, de croire depuis l'annonce du chef du MSP de «sa» démarche, que les choses soient restées inchangées et que les coudes soient demeurés soudés. Il est tout aussi difficile de croire que le successeur de Soltani ne le savait pas avant d'entreprendre son initiative car il faut être non-voyant pour croire qu'un tel acte allait passer sans dégâts, d'autant plus que certains de ses amis de l'opposition avaient clairement manifesté leur refus d'une telle démarche. La question qui mérite alors sérieusement d'être posée est celle de savoir pourquoi Makri s'est-il comporté ainsi sachant pertinemment ce qu'il allait trouver comme réponse chez Saâdani et sachant, avec certitude, ce qu'il allait provoquer dans les rangs de ses amis d'un moment, en tout particulier, de l'histoire de l'Algérie' Dans un précédent papier (L'Expression du 10/02/2015), nous avons avancé la thèse de l'inconscience du chef du parti islamiste. Une sorte d'erreur de «jeunesse politique» qu'il aurait commise à cause de la précipitation, elle-même découlant du manque de patience. Bien qu'on ait là une thèse tout à fait plausible, il en est une autre qu'il convient de ne pas écarter. Celle de l'action volontaire et préméditée. Et si, en effet, le rôle assigné au chef du MSP était, dès le début, de drainer les mécontents pour avoir un oeil sur leurs agissements, les «contrôler» dans la mesure du possible et pouvoir faire capoter leurs efforts le moment venu' Pourquoi pas'Si l'on regarde les choses de ce côté-là, on pourrait faire une autre lecture du refus initial, combien ferme et tonitruant pourtant, du MSP de reconnaître la légitimité de certaines institutions et dialoguer avec. On pourrait aussi comprendre autrement ses demandes, répétitives et insistantes, d'élection présidentielle anticipée. On pourrait comprendre, par exemple, qu'il s'agissait là d'une démarche volontaire et bien calculée de positionnement du grand parti islamiste dans l'arène politique nationale au moment où les mécontents du quatrième mandat commençaient à laisser voir leur concertation. Il se serait agi de simples manoeuvres, intelligentes sans doute, pour figurer parmi les mécontents sans risque de suspicion. C'est une sorte de lavage - à escient - par lequel le parti se serait assuré d'une bonne place dans la Cnltd. Le moment venu, il aurait fallu, toujours dans cette thèse, faire éclater la Cnltd pour réduire sa capacité de nuire et pour que chacun parte dans sa direction. Mais le plus important aurait été, dans ce cas, le «prélavage». Qui se souvient de la force avec laquelle Makri, nouveau chef du MSP, disait haut et fort que son parti ne peut pas rester autour du pouvoir' N'était-ce pas à partir de ce moment, un moment de nouvelle virginité politique, que la démarche de Makri avait commencé' N'était-ce pas dès le départ que l'actuel chef du MSP avait obtenu ce rôle' C'est un scénario qui aurait demandé un peu de prévision et beaucoup de capacité à faire bouger les choses. Le parti de Makri manque de ces capacités et ceci nous laisse dire que, avec le consentement ou non de son chef, la possibilité existe que ce parti soit utilisé!C'est de la politique et c'est de bonne guerre pour ceux qui auraient tiré les ficelles. Mais pour le MSP et, surtout, son patron, l'appréciation est différente. Dorénavant, l'étiquette lui est bien collée et ses partenaires réfléchiront mille fois avant de lui faire confiance... du bout des lèvres. Le MSP est-il, finalement, un parti qui ne peut pas se tenir réellement loin du pouvoir' Beaucoup de choses le laissent croire en tout cas. Loin des yeux ne signifie pas toujours loin du coeur'




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)