Algérie

L'autre face


L'autre face
Choix - Quitter la base pour vivre dans un logement de fonction à Hassi Messaoud n'a pas été du goût de nombreuses familles.
Ces dernières se retrouvent dans leur majorité cloîtrées dans leurs appartements et leur seul loisir reste les visites de courtoisie des anciennes connaissances. «On se rend visite entre nous, les anciennes familles. C'est tout. Plus de sortie le soir, plus de cinéma ni de sport. Avec l'extension de la ville et la venue de nombreux inconnus, l'insécurité règne même en plein jour», affirme Dihia.
Ces anciennes familles pensent que le passage de Hassi de zone industrielle à commune est une erreur. Pour preuve, elles citent les nombreux bidonvilles qui «encerclent» la ville.
Il y a officiellement, comme l'a déclaré le secrétaire général de la daïra M. Beroual, au moins cinq cents familles qui vivent dans des bidonvilles. Sur le terrain, l'étendue de ces lieux de fortune laisse à penser qu'elles sont beaucoup plus nombreuses.
«A notre niveau, nous comptabilisons quelque 450 familles qui, réellement, vivent dans ces bidonvilles ; le reste, ce sont des tricheurs qui ne s'installent qu'à la veille d'une annonce d'éradication de ces lieux», a affirmé M. Beroual. A B'zine-Dahraoui, la vue de ces amas de cartons, de zinc et autres sachets noirs transformés en abri, laisse le visiteur sans voix. «Il ne faut pas s'approcher, ces gens-là sont rancuniers et ont des chiens méchants», affirme le guide, un ancien habitant de Hassi. Selon lui, à Hassi Messaoud, plus de 1 000 familles vivent derrière un tas d'ordures car le site de B'zine-Dahraoui est une décharge publique.
D'après ce qui se raconte, à la nuit tombée, les habitants de ce bidonville négocient avec les conducteurs des bennes à poubelles les endroits de leur déchargement afin d'éviter que le tas d'ordures soit à proximité de leur abri.
Au lever du jour, il est fréquent de voir les enfants au milieu des ordures à la recherche d'objets récupérables, de restes de nourriture ou encore de vêtements. Avec ces images de pauvreté démesurée, il est étonnant que les mendiants soient rares dans les rues de Hassi Messaoud.
La pauvreté doit être cachée dans la plus riche commune du pays pour être mieux oubliée. Que font les autorités locales pour l'éradiquer ' Quel rôle a Sonatrach, ce mythe qui a mis Hassi au monde ' Les anciens habitants et les plus aisés d'entre eux reconnaissent qu'autant la ville de Hassi est riche, autant la pauvreté d'une frange de ses habitants est criante.
Tous mettent cet état de fait sur le dos des élus. «Notre commune est très mal gérée», soutiennent-ils. Ils parlent alors de «détournement, de magouilles et de népotisme».
Dans la ville, chacun a une histoire : sur le marché communal qui aurait coûté plus de 7 milliards et qui n'a jamais ouvert ses portes ou encore sur un rond-point qui a vu le jour après plus de 12 milliards de dépenses... Certains s'avancent même sur un sujet assez délicat : «Des pots-de-vin pour l'acquisition de marchés.» Mais pour parler de ces sujets, l'anonymat est de rigueur. Quel degré de vérité y a-t-il dans ces rumeurs colportées par la population de Hassi ' Seule une enquête minutieuse diligentée par les plus hautes autorités de l'Etat peut répondre à cette question. Jusque-là, la population de Hassi continuera de vivre au rythme des rumeurs et des maux qui délabrent la vie sociale.


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