Algérie

L'autre débat Médias-Publicité



Depuis quelques jours, une vive polémique s'est engagée autour de la publicité. Nerf de la guerre médiatique, elle se décline sous un aspect artistique encore peu développé et sous forme de variable économique. Paradoxalement, seule « la manne » de l'Anep se retrouve au centre des interrogations. Elle ne détient pourtant plus le monopole écrasant sur le marché national des ressources publicitaires. Le ministre de la Communication, en visite à Sidi Bel-Abbès, a rappelé, à juste titre, que 34% de celles-ci échappent à son contrôle. Celle que distillent les sociétés de téléphonie mobile ou de véhicules suscite depuis longtemps des chuchotements. C'est pourtant toujours ainsi. Chaque fois que, pour une raison ou une autre, le sujet est remis sur la table, on assiste à des tirs groupés contre l'Agence étatique accusée de répartir ses budgets d'une manière orientée et intéressée. Elle serait, dit-on, le seul appui de journaux qui, sans son aide, disparaitraient du jour au lendemain. On dresse même un acte d'accusation contre ses gestionnaires que n'étaye nul preuve ou document. La justice est la seule autorité habilitée à déterminer d'éventuels délits sur la base de faits prouvés. La croisade de certains titres serait de bonne guerre si elle ne cachait pas maladroitement une volonté d'accaparer toute cette manne publicitaire. On a beau claironner son attachement au pluralisme, la prospérité de ses affaires semble primer sur toute autre considération. Une telle perspective ouvrirait, en effet, la voie à un retour du monopole. Si seulement des critères strictement commerciaux définissaient les modalités d'attribution de placards publicitaires aux différents organes de presse, s'amorcerait une phase inéluctable de concentration des médias. Or, dans tous les pays du monde, y compris les démocraties libérales, des mécanismes sont mis en place pour soutenir le pluralisme médiatique devenu l'ultime rempart contre ce danger. Le système fiscal ou parafiscal, des aides permettent d'assurer une relative diversité des voix médiatiques. L'existence d'un secteur public où l'intérêt général prime sur le profit, le maintien de publications même marginales constituent des garde-fous contre les éventuelles dérives du secteur privé. Cela explique que des pontes du capitalisme viennent au secours de journaux de gauche ou de titres menacés de fermeture. C'est Edouard de Rothschild qui est ainsi venu à la rescousse d'un journal réputé de gauche en France, en l'occurrence Libération. Les journaux dans ce pays et dans beaucoup d'autres reçoivent des subventions directes de l'Etat. L'Algérie a également institué un fonds d'aide au profit de tous les organes de presse. L'un des enjeux de la presse aujourd'hui est de voir comment tenir à distance les puissances de l'argent de plus en plus entreprenantes. Autant, sinon plus que la censure, elles menacent la viabilité et l'objectivité des médias. L'expansion et la diversification des sites électroniques, la concentration des médias qui se profile déjà avec la libération de l'audiovisuel sont autant de défis qui devraient plus interpeller que les critères d'allocation de l'Anep. Tant bien que mal, celle-ci a contribué à l'existence et au maintien d'un champ médiatique diversifié. Le vrai débat est peut-être là, plus qu'ailleurs.


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