Algérie

l'autoroute de nos espoirs



Alors que la priorité devait être accordée à l'instauration de la démocratie, l'Algérie vit depuis trente ans un printemps qui n'arrive pas à fleurir.

N'est-il pas temps d'en appeler à la conscience de ceux, trop nombreux, qui s'efforcent de circonscrire leurs efforts à une partie du terroir et de ceux encore plus nombreux, qui critiquent les jardiniers en laissant le jardin en état de jachère.

Cet état de jachère a laissé s'installer les ronces de la torture immonde déjà dénoncée en 1988 par des militants des droits de l'homme dont les meilleurs ont perdu la vie et les autres ont été depuis confrontés aux quolibets des sicaires de l'oppression qui ne voyaient en eux que les porte-voix d'un chahut de gamins. Des gamins déjà!! déjà !

Une décennie plus tard, la même forme de gouvernance et les mêmes sicaires n'hésitaient pas à tirer au risque de mettre en péril l'intégrité territoriale de notre pays; ils voyaient fort heureusement leurs manÅ“uvres reculer devant la force tranquille des marcheurs de Tizi Ouzou, portant leurs morts en terre au cri de Tahia El Djazair. Oulach Smah !

Aujourd'hui chez nous, combien sont-ils, le doigt sur la gâchette, à ironiser avec morgue sur la proposition indécente d'un étrange ministre des affaires étrangères, offrant la technicité des compagnies de sécurité de son pays pour maintenir au pas le peuple de Tunisie hier, d'Algérie et du Maroc demain? Eux, ils sont prêts à lutter pour notre liberté ....jusqu'au dernier d'entre nous....

Lorsque l'histoire est en marche, rien ne peut plus l'arrêter.

Les pourtours de la Méditerranée sont un cimetière de civilisations mortes des mauvais traitements que leur ont fait subir les hommes. Cette affirmation d'un philosophe français ne saurait être perçue avec plus d'humilité qu'en ces jours d'inquiétude.

Cette inquiétude est partagée par tous les enfants de l'Atlas, cet espace géographique, ce présent de Dieu.

Aux espoirs soulevés par la solidarité affichée par nos ainés de la lutte anti-coloniale, ont succédé l'amertume et la désillusion. A Bordj El Roumi, à Tazmamart, à Tazoult ou ailleurs, les murs crasseux témoignent de la rage de ceux qui y ont perdu une partie de leur jeunesse.

 Mais «le vent se lève, il faut tenter de vivre». Trop nombreux sont ceux de ma génération qui ont fait semblant d'abandonner leurs illusions alors qu'ils liquidaient leurs espérances. Gramsci disait: «il faut avoir le pessimisme de l'intelligence et l'optimisme de la volonté».

C'est dans l'action que la jeunesse de Tunisie, d'Algérie et du Maroc puise sa force. Elle n'a que mépris pour tous ceux de l'intérieur, et leurs affidés, tous prompts à leur dispenser du haut de leur immoralité, des leçons de morale politique. Elle accueille, avec le même mépris, tous les efforts de ceux qui au nom d'un droit d'ingérence à géométrie variable, s'efforcent de créer et entretenir une rivalité injustifiée.

A Tunis, un cri porté par des milliers et des milliers de poitrines de femmes et d'hommes, de jeunes et de moins jeunes, dépasse tous les autres par son intensité: «qu'ils partent tous»,Oulach Smah!. Qu'il soit entendu, repris et amplifié jusqu' aux abords de l'Atlantique pour qu'enfin, tous et toutes relèvent la tête pour souscrire et porter un projet de société digne de notre Histoire.

Et, si, en réponse aux Cassandre qui nous promettent du sang, des larmes et d'autres Darfour, se succédaient des efforts de cohésion nationale d'abord, régionale tout de suite. Faut-il attendre la disparition d'une autre génération pour voir s'effacer les rancÅ“urs et les animosités qui maintiennent depuis trop longtemps des barrières à la libre circulation de tous les enfants de l'espace maghrébin et entravent leur légitime aspiration à une vie meilleure. Vivre d'abord, est ce trop demander?

Nous sommes depuis toujours des maghrébins aux yeux des autres; Avant ils disaient des nord afs. Quatre vingt cinq millions de maghrébins. Soyons-le sans complexe, mais avec fierté dans notre vie quotidienne. Modifions notre manière de penser; privilégions l'esprit de solidarité à la protection de nos intérêts de groupes ou de castes.

Déjà la rue se sent plus forte, elle n'a plus peur parce que tous ceux qui marchent ne se sentent plus seuls. Il est d'ailleurs admirable de voir nos couleurs flotter ensemble, preuve que la rue revendique une unification des efforts.

Ce n'est pas un mirage, ce n'est plus un rêve. L'espoir commence demain. Cet espoir revendique le même espace.

Cet espace court de Tunis à El Ayoun. Et puis, puisque aucun peuple opprimé ne saurait sérieusement contester le droit du peuple sahraoui à vivre libre et indépendant, partageons l'indépendance et la liberté avec lui

Le temps n'est plus au replâtrage, il faut que ça change; osons en même temps qu'une forme radicalement différente de gouvernance, une nouvelle approche stratégique de notre avenir pour ne pas le voir s'engloutir avec nos enfants, dans les eaux de la Méditerranée ou de l'Atlantique.

Au fait: le terme «harraga» est entré insidieusement dans notre vocabulaire quotidien; Serons nous suffisamment lâches pour ne pas entendre le cri de ceux qui s'immolent par le feu ?

* Membre fondateur de la LADH Ancien Bâtonnier








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