Algérie

L'autonomisme, ce phénomène moderne qui fait tourner la planète en bou



L'autonomisme, ce phénomène moderne qui fait tourner la planète en bou
La période entre la fin du 20e siècle et le début de ce troisième millénaire est marquée par un phénomène mondial qui diffère ou partage les avis des individus et des groupes selon les considérations strictes de la culture et de l'économie, beaucoup plus que sur celles de la double acceptation de la politique et de l'anthropologie. Il s'agit, en l'occurrence, de la question autonomiste à l'intérieur des Etats souverains. Pour ne pas aller très loin dans l'histoire des grands regroupements humains, cette idée d'autonomie, à l'échelle des communautés, est née dans la notion de l'indépendance, de l'autonomie totale par rapport à une situation d'annexion ou de colonisation.L'époque moderne à l'entame de l'ère industrielle, avec les chemins de fer, le télégraphe et la machine à vapeur, a été inaugurée par la guerre d'indépendance américaine. Où Washington (ville dans la Nouvelle-Angleterre) décide de s'émanciper de l'empire britannique - jusqu'à présent, chez les vieilles générations conservatrices dans la cité anglaise ont dit encore les «colonies» en parlant des Etats-Unis d'Amérique. Ensuite il y a eu, dans le global et dans les détails, la guerre d'Algérie, opposant une nation asservie depuis plus de 130 années à une puissance occupante qui a installé durant tout le temps de sa présence des colonies de peuplement, ne manquant pas de devenir les maîtres des espaces et de la conscience, et de réduire à la portion incongrue les cultures autochtones, leurs cultes compris.On comprend ici que le souci de l'indépendance de l'Union yankee du «joug» de l'administration de Londres et des bottes de ses tuniques rouges ne possède pas la valeur sur le plan de l'intention humaine. Les deux «nations», avant, pendant et après le conflit, sont de la même origine européenne, avec pratiquement les mêmes croyances et les dispositions identiques pour l'accès au savoir et à la connaissance en vogue - quand bien même les territoires disputés ne leur appartiennent pas, qui sont de nature la propriété de leur plus anciens résidents, à savoir les communautés qu'on appelle aujourd'hui les «amérindiens», pour la plupart exterminés.Les scissions «logiques» et les autresLa chute de l'empire ottoman, dernière civilisation en date de l'âge classique, voit apparaître des Etats dans l'Asie du Moyen-Orient, dont Israël et les monarchies arabes, plus tard pétrolières, séparés de la Turquie, qui devient un Etat souverain européen, remplissant quasiment toutes les conditions requises pour des relations viables avec le Vieux continent et le reste du monde, malgré la forte proportion de l'obédience musulmane, ancrée dans ses populations. Jusqu'à la menée au bout de la Guerre froide entre les blocs de l'Est et de l'Ouest, les républiques annexées jadis dans le «Saint empire russe» vivent tant bien que mal les péripéties du Kremlin et du Politburo depuis Moscou, tendant à démontrer que la vision marxiste et la démarche léniniste concourent au salut de l'humanité, où le travail est décrété sacré et ses outils aussi importants que les organes vitaux de l'homme qui commandent à son action, contrairement à l'approche libérale du capital qui «asservi les processus du travail au seul souci de l'accumulation des richesses au profit des classes qui possèdent le capital». Puis voilà Mikhaïl Gorbatchev et on connaît la suite.Alors arrive le vent de la mondialisation, dans l'extraordinaire essor des moyens de communication et de transport. Qui va rapprocher les Etats dans le plus intime de leurs économies et de leurs cultures. Au point où on a l'impression que ce sont les médias qui dirigent le monde en passant par-dessus le paradoxe. Avant même que les textes s'écrivent pour tracer les contours du nouvel Etat de l'Erythrée que les télévisions font passer en boucle le processus de scission du Soudan, et les télévisions du monde entier donnent la parole, en temps réel, aux habitants chrétiens -et animistes- du Soudan du Sud, qui expliquent pourquoi ils veulent être séparés de l'ancien Soudan. Les habitants de la Bosnie, de la Slovaquie, par exemple, mais surtout des 14 républiques de l'Urss, l'Ukraine, en particulier, le plus vaste Etat d'Europe après la Russie et parmi les plus peuplés, avec 46 millions d'habitants, comprennent et compatissent avec ces nouveaux émancipés. Les Kurdes aussi dans les Etats de la Turquie, de la Syrie, de l'Irak et de l'Iran.Les démocraties contradictoiresDrôle de paradoxe donc entre la mondialisation qui rallie et l'autonomisme qui sépare. Contradiction aussi, l'un dans l'autre, entre la mondialisation qui «déverrouille», qui voyage dans les continents et qui défonce les frontières, les unionismes qui cherchent la fortification pour combattre -ou être à la hauteur- d'autres unionismes.Avec comme grandiose échantillon, l'Union européenne, héritière de la CEE, très chère à Charles de Gaulle, destinée à tenir tête aux USA - et son allié dangereux, selon le général, qui s'est de tout temps dressé contre l'intégration de Londres dans l'association continentale. L'«homme du référendum» était autonomiste dans le discours et dans la démarche, il s'est prononcé sur le sujet de l'autonomie du Québec et de l'Egypte, au moins, par rapport à la tutelle Britannique, mais il était intransigeant sur la Corse et le Pays basque. On ne sait pas ce qu'il penserait aujourd'hui sur la question de l'autonomie de l'Ecosse. Sachant son appréhension sur le Royaume-Uni, certain diront qu'il serait même favorable et encouragerait à l'indépendance de l'Ulster et du Pays de Galles.Mais dans la démarche générale actuelle du monde, qui en a terminé définitivement avec le communisme comme modèle économique -sauf la Chine qui prête de l'argent au Trésor américain mieux que ne l'aurait fait le plus invétéré des Etats investis dans la tradition capitalistique- et s'attelant à l'enracinement de la démocratie comme moyen d'expression communautaire, c'est-à-dire donnant la chance aux individus de se prononcer pour n'importe quel objectif introduisant leur devenir, il est difficile d'apprécier avec intelligence cette volonté de scission affichée chez beaucoup de communautés dans les Etats souverains qui s'étalent sur le gobe terrestre. D'aucuns considèrent que ce phénomène participe, ici et là, à une perte de temps et d'énergie, qui donne de la matière aux médias, alors qu'il devait être orienté sur des formulations nouvelles du vivre ensemble. Un concept, selon les philosophies postmodernes, qui privilégie l'esprit à la place du corps, le contenu au lieu des supports. La démocratie permet aux Ecossais de décider de l'émancipation ou non, s'ils ne l'ont pas fait aujourd'hui ils peuvent le faire dans les prochaines années. Les Irlandais du Nord et les Gallois aussi. Les Sardes, les Catalans, les Bavarois, les Bretons, qui n'habitent pas une autre planète, peuvent le faire aussi. Et ainsi de suite partout dans le monde, puisque la démocratie est une vertu qui ne se trompe pas et qui veut le bien de toutes les communautés. La Kabylie, le Rif, la Cyrénaïque, et cetera, en Afrique, ou ailleurs, où l'essentiel doit être axé sur la lutte pour l'apprentissage de la modernité. Qui n'est pas nécessairement l'initiation à la pratique de la démocratie de parade et des parterres intellectuels, prônant les diverses métaphysiques du morcellement, mais de la démocratie pour une modernité ouvrant sur les meilleurs possible de la vie courante. Dans laquelle les communautés mangent, s'habillent, logent, se soignent et s'amusent, avec les outils qu'elles fabriquent, en renouvelant les moyens de le faire.N. B.




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