Quand le Parti des Travailleurs disait, le plus sérieusement du monde, par la bouche de Madame Hanoune, son porte-parole, qu'il ne participerait pas aux élections locales parce qu'il n'était pas question de... gérer les problèmes, au demeurant trop nombreux et trop durs, il n'y a pas eu beaucoup de monde pour relever l'énormité mais bon... Louisa Hanoune a déjà sorti " mieux " que ça.
Et l'idée que l'opinion se faisait en général des élections n'étant elle-même pas très brillante, on ne va pas reprocher à un leader de parti de dire ce qu'il pense des... électeurs quand ses dirigeants son convaincus que de toutes façon, ce ne sont pas eux qui vont désigner ses... élus! Même si l'argument, qui doit être emprunté à un contorsionniste de haut vol, a fini par faire passer la pilule : le " Parti des Travailleurs "
voulait donc bien aller aux législatives pour se donner une tribune politique dont la " classe ouvrière " serait depuis toujours orpheline, mais aller gérer des communes de villages, mettre la main au cambouis quotidien du citoyen n'est manifestement pas digne du rang d'un parti qui ne veut faire que de... la politique ! Pourtant, il n'est pas très difficile de comprendre la " démarche " :
il est plus aisé de trouver des clients-pardon, des candidats- à la députation où il y a beaucoup d'argent, beaucoup de prestige, beaucoup d'immunité et... moins de travail, que de proposer l'aventure locale. Les dividendes sont beaucoup plus maigres, les quotas problématiques et les... algériens trop proches ! En plus, pour le parti, le risque est trop gros de révéler au grand jour son rachitisme organique quand on clame haut et fort que son ancrage populaire et national est un incontestable. Quand le FFS a décidé de participer aux élections locales et de faire l'impasse sur les législatives,
il a fait du " Hanounisme " à rebrousse-poil avant l'heure. Son argument à lui, c'est d'être " présent dans la proximité " et " améliorer le quotidien des Algériens ", sans offrir au système la " légitimité " et la " crédibilité " qu'il ne peut acquérir que par les élections législatives et présidentielles ! Bien évidemment, le FFS serait l'unique parti d'opposition qui pourrait lui donner une telle caution, envisagée comme alibi démocratique.
A la différence du PT, le FFS est allé aux élections locales en étant sûr de son point d'ancrage qu'il ne comptait pas abandonner à son rival régional, qui, cerise sur le gâteau avait décliné sa participation. Sa gestion des collectivités n'a pas été un exemple de réussite mais il tenait son argument- massue : les élus n'ont pas la liberté de man'uvre pour concrétiser leur programme, c'est donc l'administration qui est seule comptable de ce que " le quotidien des citoyens " ne s'est pas amélioré ".
Quant aux législatives, il n'était surtout pas question d'y aller, pour éviter tout soupçon quant à la négociation d'un " quota ". On ne sait pas vraiment ce qui a bien pu changer quatre ans après mais bon... Il ira bien aux locales prochaines mais là il ne surprendra personne. Ce n'est pas le cas du RCD dont la participation n'était pas vraiment évidente.
D'abord parce que beaucoup s'attendait à ce que ce parti persiste dans sa (nouvelle) logique d'affrontement du pouvoir, ensuite parce qu'en recomposition organique, en mal de leader, il pouvait appréhender cette épreuve dont les résultats allaient donner la mesure de son état de santé après son spectaculaire relookage. Mais il était dit que l'alternance participation-boycott et législatives-locales n'est pas parvenue à son terme. Pourtant, quand on sait que le RCD doit quand même avoir fait le deuil d'un changement par la rue et qu'il ne peut pas se permettre le luxe d'attendre encore pour signer son retour à la compétition politique,
sa participation n'est pas vraiment une surprise. Il n'y a finalement que le FJD de Djaballah qui ne participera aux prochaines élections locales. Laminé de l'intérieur, orphelin d'un discours musclé qui ne charme plus grand monde, Djaballah a fait un flop aux législatives qui lui donne à réfléchir sur sa véritable vocation, maintenant que la représentation d'une ligne islamiste pure et dure ne rapporte plus grand-chose.
Pour le reste, tout le monde semble conscient que cette épreuve sera déterminante, ne serait-ce que par le fait qu'elle permettra à tout le monde de mesurer ses forces. Surtout qu'en l'occurrence, on entendra beaucoup moins parler de fraude qu'à d'autres rendez-vous et que c'est au terme de cette élection, à partir de ses résultats que commenceront les grandes man'uvres pour la présidentielle.
laouarisliman@gmail.com
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Posté Le : 22/09/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.letempsdz.com