La pièce théâtrale «L'Automne des femmes», produite par le Théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou et mise en scène par Aïssa Moulfera, est depuis le début du mois en cours, en tournée artistique à travers plusieurs wilayas du centre et de l'ouest du pays.A Tipaza, Sidi Bel-Abbès, Saïda ou Tlemcen, Tiaret, Laghouat, Djelfa et Médéa, les comédiennes ont, chacune dans son rôle, séduit le public venu assister au spectacle, refusant la soumission et assumant leur résistance à l'obscurantisme et leur combat pour l'amélioration de leurs conditions sociales d'existence. Ecrite par Moulay Meliani et Mohamed Mourad, cette ?uvre théâtrale met, en effet, au devant de la scène le combat, au quotidien, de la femme pour son émancipation donc sa libération et son affranchissement. Dans un cabinet médical de psychanalyse, des femmes exposent, en effet, les multiples difficultés qu'elles rencontrent au quotidien et les injustices qu'elles subissent au sein et en dehors de la famille, refusant de céder au diktat des « chasseurs de lumière », à l'esprit rétrograde. Les discussions s'articulent essentiellement sur leurs vies respectives. Chacune raconte, au détail près, ce qu'elle a, jusque-là, vécu dans sa vie de tous les jours. Principalement, les persécutions, les harcèlements et surtout les mises en garde et les rappels à l'ordre de plus en plus menaçants des parents, le père et le frère, quant à se cloîtrer et s'enfermer dans la maison tel que projeté par les ennemis du savoir. Les cinq comédiennes, toutes dynamiques, ont, à chacune de leurs apparitions sur scène, étalé leur talent, et surtout, suscité de l'admiration et de l'empathie du public qui répondait par des applaudissements. La trame narrative et chorégraphique de cette pièce théâtrale, était réussie. S'exprimant avec la langue nationale, l'arabe, Lila Benatia (Rachda) qui campe le rôle principal, Naziha, la journaliste, et, Zohra qui rêvait de faire des études supérieures, ou encore Chafia, la médecin psychanalyste, ont, pour ainsi dire, émerveillé le public, maintes fois entré en communion avec les comédiennes. Rachda évoquera, en pleurs, le cauchemar qu'elle a vécu en compagnie de ses camarades de classe dans les maquis intégristes. Elle venait d'être kidnappée. « Alors qu'on était impatientes de rejoindre nos salles d'examens, au premier jour du baccalauréat, en compagnie d'une enseignante, enceinte de huit mois, voilà qu'un groupe d'individus armés, barbus et dégageant une odeur nauséabonde au loin, sorti de nulle part, somme le chauffeur du bus qui nous transportait de s'arrêter. Les intrus, arme à la main, nous ont intimé l'ordre de descendre du bus, tuant sur le champ l'enseignante avant de nous conduire vers une destination inconnue, le maquis, où j'ai été violentée, violée». Juste avant cette mésaventure, le chauffeur, tout content à l'idée de nous conduire au centre d'examen, n'a pas arrêté un seul instant de nous encourager à décrocher l'examen du baccalauréat pour, nous disait-il, être cadre supérieur d'Etat qui s'occupera du développement local. « Mes filles, saisissez cette occasion. Demain vous nous construirez des écoles, des usines et surtout des hôpitaux, allusion à l'enseignante, enceinte de huit mois, contrainte de parcourir des kilomètres pour un contrôle médical». Rachda, réussira, au bout de vingt jours de captivité, à s'enfuir du maquis à la faveur d'un accrochage. Elle sera transportée à bord d'un véhicule par des individus avant de la déposer à l'entrée du village, à l'abri des regards des uns et des autres. Déjà fragilisée par ce qu'elle a enduré dans les maquis intégristes, Rachda, sera de nouveau persécutée devant l'entrée du domicile familial par son père qui, en des termes à peines voilés, faisait allusion, au reniement. «Avec ?'l'Automne des femmes'', je me suis retrouvée, pour la première fois, avec un personnage central, qui tient en partie sur ses épaules une histoire haletante », s'est exclamée, Lila Benatia qui venait d'intégrer le Théâtre régional Kateb yacine de Tizi Ouzou.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 13/05/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Rabah Mokhtari
Source : www.lnr-dz.com