«L'autodafé du Coran aurait causé un désastre dans le monde musulman»

La désormais «affaire» de l'autodafé du Coran continue de faire l'actualité aux Etats-Unis. Hier, c'est au célèbre imam de New York, Feisal Abdul Rauf, initiateur du controversé projet de construction d'un centre islamique à  deux rues du site de Ground Zero de s'exprimer sur l'appel au brûlage du Coran lancé par une petite église extrémiste de Floride. L'imam, qui défend depuis des mois le bien-fondé de son projet de centre islamique à  Manhattan, estime qu'une telle initiative, si elle a été concrétisée, aurait causé «un désastre» dans le monde musulman. «Cela aurait renforcé les extrémistes», a dit l'imam Feisal Abdul Rauf dans un entretien à  la chaîne de télévision américaine ABC. «Cela aurait augmenté les possibilités d'attaques terroristes contre les Etats-Unis et les intérêts américains. Cela aurait provoqué un désastre dans le monde musulman», a-t-il soutenu. Le pasteur Terry Jones, qui a lancé un appel à  brûler le Coran pour protester contre les attentats du 11 septembre 2001, a fini par renoncer à  son funeste projet, sous une forte pression internationale. Avant de renoncer définitivement à  son initiative, le pasteur avait demandé à  rencontrer les responsables du projet de la mosquée de New York dans l'espoir d'obtenir son déplacement loin du site du Ground Zero. Mais, pour l'imam de New York, il n'est pas question de céder à  un tel chantage. L'iman ne cache pas cependant son inquiétude quant à  la réaction du monde musulman à  un éventuel déplacement de ce projet. «Fausse idée» «Tout déplacement serait interprété comme une attaque de l'Islam aux Etats-Unis», a-t-il par ailleurs expliqué. L'imam a tenu à  préciser que l'islamophobie n'est pas répandue aux Etats-Unis, comme on le pense dans les pays musulmans Selon lui, l'idée selon laquelle les musulmans vivent mal aux Etats-Unis, répandue dans le monde musulman, était une idée fausse. «Le fait est que les musulmans sont très heureux et prospèrent dans ce pays», a-t-il insisté. «La loi et notre système politique nous protège. (...) Et le monde  musulman doit le reconnaître», a-t-il précisé. Le projet de construction d'un centre islamique pas loin du lieu des attentats du 11 septembre a suscité un débat houleux aux Etats-Unis. Ce projet est soutenu par le maire de New York, Michael Bloomberg et le président Obama, mais pour ses détracteurs, il constitue une insulte au «sol sanctifié» de Ground Zero. C'est d'ailleurs la controverse autour de ce projet que le pasteur Terry Jones a tenté vainement d'exploiter pour aggraver le sentiment anti-Islam qui existe depuis les années 70 aux Etats-Unis en s'attaquant au Saint Coran. Une provocation de trop qui a fait réagir les milieux religieux à  la fois chrétiens, juifs et musulmans qui ont unanimement condamné le projet du pasteur. Cela a également fait réagir le président américain Barack Obama qui a assuré que les Etats-Unis ne seront jamais en guerre contre l'Islam. Le président américain a ainsi jugé ce projet de mosquée positif, y voyant une démonstration de la liberté religieuse aux Etats-Unis. Il a insisté dans un discours prononcé samedi sur la tolérance et le respect entre les religions, pendant une cérémonie au Pentagone, l'une des cibles des pirates de l'air d'Al Qaîda il y a neuf ans. «Ils peuvent bien essayer de provoquer des conflits entre nos croyances, mais en tant qu'Américains, nous ne sommes pas et ne serons jamais en guerre   contre l'Islam», a lancé l'hôte de la Maison-Blanche. Aux Etats-Unis, les musulmans représentent seulement 2,5% de la population américaine, composée essentiellement de chrétiens.