«La télévision devrait s’impliquer davantage dans le théâtre»
Le nom de Ali Naceur n’a été connu du public que lors de la représentation de «Leïla oua Salah». C’est pourtant un vétéran du théâtre. Si sa discrétion et sa grande pudeur lui ont toujours intimé de ne pas céder aux miroitantes sollicitations d’une notoriété facile pour essayer d’imposer sa personnalité, son amour pour le théâtre ne s’en est jamais retrouvé affecté. Son assiduité sans faille à toutes les manifestations culturelles qui gravitent autour du monde du théâtre atteste d’une passion invétérée qui l’incitera, dès les années quatre-vingt, à prendre sa plume pour se hasarder dans l’univers exaltant de l’écriture dramatique et réussir à produire des œuvres d’une qualité artistique irréprochable. Son parcours théâtral débute, dès les premières années de l’indépendance, dans le mouvement amateur au sein du Théâtre de Numidie, alors domicilié au siège de l’ancien Astre oranais à la rue Djebbour Maamar, et dont il est l’un des membres fondateurs. Cette formation théâtrale, qui s’illustrera lors de la toute première édition du Festival du Théâtre de Mostaganem, en 1967, en raflant le 1er Prix, avec la pièce «Ançab el Fahem» de AEK Arroudj, aura un parcours éphémère et ses éléments se disperseront dès les années soixante-dix. Ali Naceur s’attellera alors à conforter sa vie professionnelle de cadre gestionnaire dans une entreprise nationale tout en restant à l’écoute de l’actualité théâtrale et sans abandonner son dessein de tenter l’aventure de l’écriture dramatique. Il concrétisera ce projet dans une première tentative dès les années quatre-vingt avec la pièce «Sira» que le TRO de l’époque s’était engagé de monter.
Puis ce fut la période faste de la production, avec une régularité soutenue, des pièces «Leïla oua Salah», «Kaddour et Juliette» (2003) qui ont été largement diffusées sur le territoire national, «Dhari Wahdi» (2005) et plus récemment «El ouzla», ou encore le monodrame «Cherifa» et «Aroussa li Chibani» qui sera proposée au Théâtre régional d’Oran et enfin la toute dernière «Zine ou Dine» (2007). D’autres pièces sont en projet. Nous avons saisi l’occasion de la reprise, ce jeudi au Théâtre AEK Alloula, de la pièce «Dhari Wahdi», pour nous entretenir avec l’auteur Ali Naceur qui nous confiera, avec l’humilité qu’on lui connaît, ses impressions sur la pièce et son point de vue sur le mouvement théâtral actuel.
La voix de l’Oranie: Après «Leïla oua Salah» et «Kaddour et Juliette», des pièces à deux personnages seulement qui relatent les rapports d’un couple, l’un à l’aube de sa constitution et l’autre au crépuscule de sa vie, vous bouclez la trilogie par «Dhari Wahdi», qui se présente comme une chronique d’un couple qui se retrouve brusquement ballotté par les effets du nouveau contexte économique. Le couple vous fascine tant?
Ali Naceur: Je m’intéresse effectivement beaucoup aux relations à l’intérieur du couple parce qu’on y trouve tous les éléments clés qui me permettent d’aborder tous les sujets. Le couple, c’est en fait un microcosme, la société réduite à sa plus simple expression. Le recours au couple est pour moi un prétexte pour révéler et explorer toutes les frustrations de la société provoquées, dans le cas de «Dhari Wahdi», par ces transformations brutales qui ont bouleversé la société algérienne.
- Cela vous permet également de faire une économie de personnages...
- Vous savez j’écris au gré de mon inspiration. Il m’est arrivé d’écrire des pièces où je fais intervenir beaucoup plus de personnages ou encore des monodrames. Maintenant, sur le plan pratique, il est vrai que lorsqu’il s’agit de diffuser le spectacle, il est évident que l’opération sera plus aisée lorsque la distribution est plus restreinte.
- Votre appréciation sur la situation du théâtre algérien aujourd’hui?
- Il y a des hommes nouveaux qui sont en train d’émerger et de faire leur preuve mais qui ne sont guère aidés. Ils ne jouissent pas des mêmes atouts que ceux qui gravitent tout près des centres de décision, ils éprouveront donc toutes les peines du monde à percer et à imposer leur nom.
La sélection des produits telle qu’elle se fait aujourd’hui par les institutions théâtrales ou lors de manifestations circonstancielles obéit à des critères on ne peut plus subjectifs.
- Vous préconisez des solutions?
- Aujourd’hui, il existe des jeunes formations qui sont porteuses d’espoir pour le renouveau du théâtre. Il faudrait imaginer des formes originales pour les prendre en charge tout en tenant compte des nouvelles données économiques. Il faut saluer les efforts que font les producteurs indépendants, c’est une nouvelle forme de prise en charge qu’il faut saluer.
Quant à moi, je plaiderais pour une implication de l’ENTV dans le théâtre, où elle est totalement absente, en subventionnant des spectacles par la co-production par exemple.
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Posté Le : 17/02/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com