Algérie

L'austérité qui tue la relance



L'austérité qui tue la relance
Avec l'annulation de nombreux projets, le cahier de commande de Sital fond comme neige au soleil et toute la stratégie de l'Etat s'en trouve remise en cause.L'austérité frappe à la porte de l'Algérie. Le gouvernement qui multiplie les déclarations de bonnes intentions sur le caractère social de l'Etat, affichant «ostensiblement» les transferts sociaux, semble tourner le dos à son statut de premier investisseur dans l'économie du pays. Les nombreuses déclarations du Premier ministre et du ministre des Finances sur les nécessaires arbitrages financiers commencent à se concrétiser une à une sur le terrain. Et c'est de l'échelon local que remontent les informations sur le gel de projets qualifiés par le gouvernement de «non stratégiques». On apprend dans la foulée que de nombreux chantiers de tramways ne verront pas le jour de sitôt. Dans le lexique de l'Exécutif, ce genre de projets n'est pas prioritaire, sauf qu'à l'origine, le lancement de quelque 20 tramways relevait d'une démarche intégrée, destiné à terme de doter le pays d'une véritable industrie et de savoir-faire en matière de construction de rames de tramway. L'usine à capitaux mixtes, Sital, implantée à Annaba et dont la mission consiste à assembler des rames et monter en puissance jusqu'à un niveau d'intégration appréciable, risque de se retrouver sans plan de charge. En effet, il était plus qu'évident que l'ambition du gouvernement était justement de rentabiliser l'investissement public, avec en option, une filière industrielle tournée, à terme, vers l'exportation, sachant que le partenaire français Alstom, dispose d'une réelle expertise dans le domaine. Avec l'annulation de nombreux projets, le cahier de commande de Sital fond comme neige au soleil et toute la stratégie de l'Etat s'en trouve remise en cause. En effet, avec le peu de tramways qui seront assemblés à Annaba, il ne sera objectivement pas possible pour l'Algérie de prétendre acquérir une expertise à même de lui ouvrir les portes de l'international, dans une filière où la concurrence est très rude, en raison de la nature même des engins fabriqués. De là à dire que l'arrêt de nombreux projets de tramways hypothèque l'avenir de toute une filière industrielle, il n'y a qu'un pas que beaucoup d'observateurs n'hésitent pas à faire. Cette façon de penser l'austérité et la rigueur fait penser à une posture «d'hibernation» pour laquelle le gouvernement a opté au lieu d'affronter la crise avec plus d'imagination, ne serait-ce que pour sauvegarder une politique mise en oeuvre depuis plus d'une dizaine d'années. Il faut dire que cette filière industrielle n'est pas la seule à souffrir de la politique de rigueur qui s'annonce apparemment terrible. En fait, les reculs de l'Etat dans d'autres secteurs où il était seul investisseur vient contredire certaines aspirations affichées par le gouvernement pour développer d'autres filières industrielles. Celle de la production de ciment en est une. En effet, actuellement déficitaire de 5 millions de tonnes de ciment par an, en raison de la cadence appréciable des investissements publics, l'industrie du ciment sera certainement impactée par le gel de nombreux projets. Et lorsqu'on sait que de nombreux et importants projets ont été inscrits par des investisseurs dans la filière, on s'attend à ce que l'Algérie se retrouve avec un excédent de production, et un probable effondrement de la filière par manque de demande en ce produit sur le marché. Le risque est réel estiment les observateurs de la scène nationale qui notent la responsabilité de l'Etat dans la dotation en plan de commande à toutes les cimenteries qui vont entrer en production entre 2016 et 2017. La sidérurgie n'est pas en reste. En effet, cette industrie, déjà en crise à l'échelle internationale, sera directement impactée par le gel des investissements publics et ne pourra, par conséquent, soutenir durablement une situation de récession, surtout lorsqu'on sait les très ambitieux projets lancés en partenariat avec l'étranger. En fait, au moment où des outils de production nationaux sont mis en place et alors que ces derniers ont impérativement besoin d'un plan de charge sérieux pour se développer, l'Etat se désengage, au risque de rééditer le malheureux épisode de 1986.




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