Algérie

L'austérité à nos portes


L'austérité à nos portes
Mohamed Djellab, le ministre des Finances, aura du pain sur la plancheUne conjoncture qui plombe la feuille de route du gouvernement qui sera appelé à revoir sa copie comme il devra sans doute remiser au placard certains projets figurant dans le cadre du plan de développement économique 2014 -2019.Fin de l'état de grâce. Les vents ont tourné. Les cours de l'or noir qui évoluaient il y a quelques années à des niveaux record (plus de 147 dollars en juillet 2008) sont retombés sous la barre symbolique des 100 dollars à New York. Ils ont perdu autour des 10 dollars en sept semaines.Les exportations d'hydrocarbures qui constituent 98% des recettes en devises de l'Algérie sont en chute libre depuis près de deux années. La balance commerciale s'est rétractée de pas moins de 50% à la fin de l'année 2013. La conjoncture est devenue critique. «La contraction des exportations d'hydrocarbures en valeur (- 12%) au cours du trimestre sous revue est due dans une large mesure au fort recul des quantités d'hydrocarbures exportées (- 9%), par rapport au premier trimestre de l'année 2013», alerte le dernier rapport de la Banque d'Algérie qui souligne que «le premier trimestre 2014 a enregistré un amenuisement de l'excédent de la balance commerciale à 1,84 milliard de dollars contre 3,78 milliards de dollars au titre de la même période de 2013, soit une moindre performance résultant exclusivement de la contraction des exportations d'hydrocarbures. Ces dernières seront d'autant plus parasitées par une consommation nationale en forte hausse boostée par un parc automobile en forte expansion de plus en plus vorace en carburant. Comme il sera difficile de réduire l'enveloppe du ministère de la Défense, un des plus gros budgets de l'Etat qui sera appelé à augmenter avec les tensions qui règnent à nos portes Sud (conflit malien), Est (Libye et Tunisie) et orientale (Maroc). L'Armée nationale qui est en état d'alerte maximale pour sécuriser nos frontières a mobilisé tous ses moyens terrestres et aériens (véhicules, chars et avions) qui doivent se déplacer sur des centaines, voire des milliers de kilomètres afin d'accomplir leur mission. Une logistique qui doit absorber d'énormes quantités de kérosène, d'essence ou de diesel. Elle doit être mobilisée et opératoire en permanence.Une situation peu confortable qui plombe la feuille de route du gouvernement qui sera appelé à revoir sa copie comme il devra sans doute remiser au placard certains projets figurant dans le cadre du plan de développement économique 2014- 2019. Les besoins que nécessite le plan quinquennal conduiront-ils à puiser dans l'escarcelle constituée grâce à des revenus pétroliers' La réalisation des millions de logements sera, à ne pas en douter, chahutée par l'augmentation des importations de ciment qui ont tiré vers le haut celles des matériaux de construction au point de perturber un secteur du BTP (batiment et travaux publics) qui reste le véritable baromètre de la santé économique d'un pays.Au vu de ces signaux alarmants, il est permis d'affirmer que la loi de finances 2015 sera repensée en fonction de ces nouvelles données. L'alerte a d'ailleurs été donnée en haut lieu. Il y va de l'avenir et de la sécurité stratégique du pays. La chute des prix du pétrole, la baisse des exportations des hydrocarbures qui ont entraîné celles des recettes en devises poussent à revoir la philosophie sur laquelle repose l'élaboration de la LF de 2015 qui est calculée sur la base d'un prix du baril à 37 dollars.L'austérité est à nos portes. Elle doit conduire au gel des augmentations massives de salaires qui ont contribué en partie à menacer les équilibres budgétaires qui ne seront assurés qu'avec un prix du baril autour des 110 dollars. L'illusion a été entretenue par les tensions géopolitiques, en Ukraine, en Libye, en Irak et par l'Iran à cause de son programme nucléaire controversé. L'envol des prix de l'or noir a été contrarié par les Etats-Unis, premier pays consommateur de la planète qui a opté pour l'exploitation du gaz de schiste afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des pays producteurs.Un correctif qui devrait inspirer ceux qui pilotent la gestion des affaires du pays avant que les coups de semonce qui secouent l'économie nationale ne se transforment en séisme.


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