Algérie

L'aube des missiles «Fadjr» à Ghaza



L'aube des missiles «Fadjr» à Ghaza
Hier, comme naguère, comme ce matin, comme vous sans doute, le chroniqueur avait un goût de cendre dans la bouche. Les cendres de Ghaza qui brûle encore, toujours encore. Il avait, au fond de la gorge, un peu des gravats de la cité du martyr perpétuel. Quoi en dire donc et surtout quoi pouvoir faire ' Rien, sinon de l'infinie tristesse. De la rage impuissante... écrire, mais quoi dire ' Impuissance apprise, résignation acquise. Désespoir du renoncement et de la déprime suscité par la valence négative d'un événement tragiquement récurrent. Que faire, si ce n'est boire encore de l'amertume et s'étrangler un peu plus de colère sulfurique ' Ecrire, c'est encore en souffrir. L'acte n'est pas une catharsis, même si Eschyle disait que «la parole apaise la colère». S'indigner, crier alors son ire avec des mots de feu, servirait-il à quelque chose ' Sans doute à moins que rien, peut-être à quelque chose, allez savoir quand le chroniqueur est un petit auteur dans un modeste journal, dans un pays tout aussi impuissant. Pis encore, cette impression d'ajouter une voix impotente à la partition médiatique de l'infirmité. Ce sentiment malaisé de s'acheter une bonne conscience ou de soulager la sienne, à moindre frais, face à ceux qui n'en ont point ou qui l'ont perdue, en l'occurrence les dirigeants arabes. Que dire et que faire devant les images du sang abondamment versé, des corps déchiquetés, du vacarme des bombes et du fracas des missiles ' Que faire, leitmotiv lancinant !' Faire semblant d'analyser à chaud ou même à froid ' «Je reconnais ['] que je suis vulgaire, usé, éculé, obscène, immonde et triste comme votre défaite ô nobles dirigeants éternellement vaincus !», a dit un jour, dans un accès de rage et de désenchantement, le poète irakien Moudhaffar Ennouwab. A une virgule près, c'est l'état d'esprit du chroniqueur, de beaucoup d'entre vous, certainement. Mais Dieu d'Abraham, de Jésus de Nazareth, de Moïse et de Mohamed (QSSL), comment ne pas être en colère lorsque les medias occidentaux s'émeuvent en boucle de la mort de trois israéliens quand les morts palestiniens sont des particules illocutoires, des variables d'ajustement dans les bandes-textes de JT de télés par l'audimat obsédées ' Courroux inévitable, nourri également par la Ligue Arabe, depuis des lustres un arbre à palabres. Un cadre de l'émasculation et de la honte arabe, qui annonce une «réunion d'urgence» pour les jours à venir, au lieu de décider de l'envoi d'armes de défense à Ghaza. Dépit et furie quand on apprend aussi que pays occidentaux et arabes du Golfe parlent d'armer encore l'opposition syrienne lorsque les Palestiniens sont désarmés ou ne possèdent, en désespoir de cause, que des pierres à lancer, des roquettes à tirer ou des larmes à verser. Fureur et furie après avoir entendu, sur toutes les langues diplomatiques, la répétition ad nauseam du sacro-saint principe du droit inaliénable et préalable de l'Etat sioniste d'Israël à la sécurité. Un Etat confessionnel qui «a besoin d'un ennemi, (qui) doit être en état de guerre permanent, (qui) n'existe que par la guerre». Un Israël pour qui «la pire des choses qui puisse lui arriver, c'est qu'il n'y ait pas de guerre, pas d'ennemi, pas de menace», affirme le journaliste pacifiste israélien, l'antisioniste Michel Warschawski, fondateur du Centre d'information alternative de Jérusalem, qui milite pour le remplacement de l'Etat hébreu par un Etat binational. Ressentiment, rage et rogne face à l'écran de télé lorsque la chaîne qatarie Al Jazira accorde plus de temps d'antenne aux propagandistes israéliens qu'aux porte-parole d'un peuple bombardé, broyé et bordé par les murs de l'implacable relégation dans un cloaque urbain nommé Ghaza ! L'emportement et le dépit cèdent toutefois la place au réconfort né du constat de voir les Palestiniens capables, malgré le rapport de force stratégiquement défavorable et l'asymétrie des moyens militaires, en mesure de rendre les coups. Les missiles «Fadjr», vecteurs bien-nommés de la survie palestinienne ont en effet atteint, pour la première fois, le centre de Tel Aviv et ses plages. Qu'importe qui les a tirés ces missiles, Kataeb El Qassam, Saraya Al Quds, Lijane Al Mouqawama Echâabiya ou bien Kataeb Abou Ali. Qu'importe l'auteur lorsque la résistance palestinienne fait front pour riposter et faire peur à l'ennemi jusque dans ses abris citadins. Qu'importe l'étiquette. On dirait donc, pour paraphraser Socrate, «tant vente» des bombes israéliennes, «qu'il pleut» des missiles palestiniens. On est puni par où l'on pèche et on récolte la tempête quand on a semé le vent, dit La Bible. «Connaissant leurs sentiments, Il leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même court à la ruine ; et nulle maison divisée contre elle-même ne saurait se maintenir» (Matthieu, XII, 25). C'est le sort qui guette l'Etat artificiel d'Israël fondé sur le déni, la peur et la guerre.
N. K.


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