Algérie

L'attente d'un geste du gouvernement



Pacifique, c’est une jeunesse éveillée qui interpelle les autorités et l’opinion publique sur des questions aussi vitales que l’emploi, la corruption et la bureaucratie. L’événement est à prendre au sérieux, la tension reste vive dans cette wilaya où les chômeurs sont en ébullition permanente.
La marche pacifique des demandeurs d’emploi s’est déroulée sans heurts ni affrontements, elle n’a pourtant suscité aucune réaction officielle à Ouargla. La rupture entre les chômeurs et les autorités de la wilaya est totale.
Personne ne voit personne, aucune communication entre l’administration et ses administrés, et chaque jour, des troubles se déroulent et la confrontation est inévitable entre les manifestants et les forces de l’ordre. Les événements de Saïd Otba ont définitivement signifié à la police de se retirer du débat de la rue, elle se contente désormais d’encadrer de loin les manifestations. La rupture a été consommée à petites lampées, on a commencé par jeter l’opprobre sur ces jeunes en invoquant un prétendu refus d’accepter des postes sous-payés dans un rapport officiel transmis à la Présidence en 2006, ce qui a poussé le chef de l’Etat dont le cortège a été lapidé en 2004 lors d’une visite officielle à les pointer du doigt.
Bouteflika a fini par les ignorer lors de ses récentes visites qui coïncidaient pourtant avec des troubles. Les rapports transmis aux plus hautes instances de l’Etat, aussi bien ceux de l’administration locale que ceux des différentes commissions interministérielles successives sont tenus secrets et n’ont jamais été rendus publics, y compris lors des sessions de l’APW de Ouargla qui restent les seuls espaces de débat dans cette wilaya.
Après avoir été traités de chômeurs de luxe, de fauteurs de troubles et de casseurs, c’est tout le mouvement de la jeunesse ouarglie révoltée contre le chômage, la marginalisation, l’inadéquation de la formation professionnelle et universitaire avec le marché local de l’emploi et globalement le manque de vision dans le développement local qui tend à être banalisé. La marche de dimanche a au moins eu le mérite de les réconcilier avec le reste de la société effrayée par les émeutes, la frange des chômeurs campant depuis 23 jours devant la wilaya reçoit enfin la sympathie de la population qui lui marque son soutien par des mots gentils et de l’eau fraîche sous 43°C.
Mais les choses ne vont pas plus loin pour l’heure et les chômeurs se félicitent quand même de la nouvelle vision plus claire et plus positive qui augure d’une adhésion. Les revendications sont également plus explicites : une scolarité plus efficace, une formation professionnelle et universitaire plus adéquates, des décisions courageuses et dissuasives pour ce qui est des dépassements concernant l’emploi, des responsables à l’écoute. Rien de sorcier, somme toute, le calme est revenu à la rue, les gens vaquent à leurs occupations, les chômeurs quant à eux sont rentrés chez eux bien que certains sont toujours là devant les sièges de la wilaya et de la daïra de Hassi Messaoud jusqu’à ce que quelqu’un daigne répondre à leurs doléances. Entre-temps, le nouveau staff de la wilaya (hormis le président d’APW et son assemblée en fin de mandat) prône le silence et les solutions à long terme, dit-on.
Ainsi la radio locale de Ouargla s’implique dans la gestion du dossier de l’emploi en annonçant sur ses ondes les nouvelles offres d’emploi et les quotas alloués à chacune des 21 communes de Ouargla.
Le wali pense que cette démarche confère plus de transparence à l’offre tandis que les demandeurs d’emploi se disent rejetés par le système pour diverses raisons : beaucoup de postes ne sont jamais affichés et sont alloués sous le comptoir, les demandeurs ne répondent pas aux profils requis vu l’inexistence des formations aux métiers du pétrole dans les centres de leur wilaya, les postes sont déjà pourvus quand ils se déplacent pour les tests d’embauche et ils sont refoulés à l’entrée des compagnies, ce n’est jamais leur tour parce qu’il n’existe aucun ordre de priorité malgré l’assainissement des listes, etc. 


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