Le fait saillant du 8ème colloque sur Frantz Fanon qui s'est tenu ce dimanche à El Tarf aura été la colère contenue d'Olivier Fanon, qui s'est interrogé sur les raisons qui bloquent l'agrément de l'association créée il y a 2 ans pour perpétuer la mémoire de son illustre père et diffuser sa pensée.L'assemblée générale de création s'est tenue le 13 décembre 2012 au Centre national de recherches préhistoriques, anthropologique et historiques (CNRPAH) et le dossier déposé répond aux conditions, bien au-delà de ce qui est énoncé par la nouvelle loi sur les associations. «On m'a fait savoir de manière informelle qu'une association ne doit porter le nom d'un chahid », explique Olivier Fanon, qui conteste cet argument en citant l'existence de fondations et d'associations dans le même cas, comme récemment celle des Amis d'Ahmed Ben Bella.Signalons que la presse a rapporté la création mercredi dernier, à Maghnia (Tlemcen), au domicile de l'ancien chef de l'Etat, de cette association qui compte porter plainte pour diffamation contre Saïd Sadi pour des propos jugés insultants à l'égard de la famille. Olivier Fanon qui est venu directement de Paris, où il travaille à l'ambassade d'Algérie, a dû écourter son séjour à El Tarf pour se rendre hier au ministère de l'Intérieur et voir de quoi il retourne exactement.Comme beaucoup des amis de son défunt père, il tient à l'existence d'une association de droit algérien, créée et activant en Algérie, pour entretenir la flamme de lutte pour la liberté des peuples, et également de l'Algérie pour défendre les idées et l'?uvre de Fanon tronquées, à dessein, par des intérêts en Europe et en Martinique. Il a choisi une association au lieu d'une fondation, car cette dernière traine une image de lourdeur et de sclérose, alors que les associations véhiculent un message de dynamisme.Le colloque d'El Tarf n'a pas, bien entendu, échappé à l'actualité. On ne peut parler de Frantz Fanon sans aborder l'histoire récente de l'Algérie. Une histoire tronquée elle aussi et qui a fini par perdre les repères indispensables à une jeunesse dépersonnalisée. «Il faut entretenir notre histoire, notre personnalité, avec nos héros, tous nos héros», a déclaré Olivier Fanon dans son intervention, où il a également souhaité voir les Algériens manifester avec une pancarte «je suis Algérien», «je suis Frantz Fanon». Le Professeur Mohamed Taïbi de l'université d'Es Sénia (Oran) s'est interrogé en lançant dès le début de son intervention : «Comment lire Fanon 60 ans après l'indépendance, est-il toujours d'actualité '».La nécessité d'une refondationLa réponse est «plus que jamais» car, l'Algérie, placée au c?ur d'une géostratégie profondément transformée et en mouvement, a besoin d'une refondation de l'Etat national, acquis de la guerre de libération. Une refondation avec un «filtrage idéologique», débarrassée des courants dominants pour ne laisser la place qu'à une reconstruction avec l'esprit, la pensée sinon, ajoutera l'orateur, c'est l'échec.Les participants ont eu également le plaisir de visionner le film documentaire de 52 minutes d'Abdenour Zahzah qui s'est dit très ému de se retrouver pour la première fois devant la sépulture de Frantz Fanon dans le petit cimetière d'Aïn El Karma.Un film réalisé au CHU de Frantz Fanon entre 1998 et 2001 avec la collaboration de feu Bachir Ridouh et sur leurs fonds propres. Juste à temps pour recueillir les témoignages de personnes qui ont travaillé aux côtés du psychiatre anticolonialiste. Zahzah avouera que même sur ce terrain, ce qu'il a apporté n'a pas résisté aux incohérences des politiques de la santé.
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Posté Le : 20/01/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slim Sadki
Source : www.elwatan.com