L'Association dénonce l'abus d'autorité du wali

Après plusieurs décennies d'existence, l'historique Aéroclub de Constantine, créé en 1938, est sérieusement menacé de disparition. Ses déboires, qui ont commencé au mois de juin dernier, perdurent avec la décision du wali de Constantine de récupérer le hangar de l'association et son atelier, situés dans l'ancienne aérogare de Aïn El Bey, au profit de la DGSN.«Malgré toutes nos tentatives de préserver le club qui assure une formation aux jeunes pilotes n'ayant pas les moyens de se payer des cours dans des écoles privées, les autorités de la wilaya semblent décidées à nous expulser des lieux que nous occupons d'une manière légale depuis 1997», affirment Kamel Chebouki et Ahmed Betchine, instructeurs pilotes.
Ces derniers dénoncent l'abus d'autorité du wali, qui a instruit l'EGSA de les poursuivre en justice pour les déloger, selon leurs propos. «J'ai été reçu par le wali que j'ai tenté de convaincre de la nécessité de préserver cet aéroclub pour la ville, mais il n'a rien voulu comprendre, se contentant de nous faire des promesses dont on n'est jamais sûr qu'elles soient concrétisées un jour», poursuit Kamel Chebouki.
La mauvaise surprise a été la saisine du tribunal administratif de Constantine concernant cette affaire, qui a émis un jugement «définitif», contre toute attente. «On a voulu régler cette affaire d'une manière expéditive pour accélérer notre expulsion, alors que nous avons le droit de faire appel devant les instances judiciaires conformément à la loi», déplore Kamel Chebouki.
«Nous avons six avions qui nous ont coûté des milliards pour les remettre en vol, et qui sont prêts pour les cours théoriques, ainsi que du matériel dans les ateliers, nous n'avons plus où les mettre», ajoute notre interlocuteur. Les instructeurs pilotes et les élèves du club ont lancé l'alerte, sollicitant les plus hautes autorités du pays pour préserver les activités de leur aéroclub et empêcher les tentatives d'accaparer son hangar et ses ateliers.
Pour l'histoire, l'Aéroclub de Constantine est l'un des plus anciens en Algérie. Sa création remonte à 1938, avant que le club ne soit pris en main par des Constantinois formés en aéronautique au lendemain de l'indépendance. Une longue histoire qui se poursuivra dans les années 1970, quand l'aéroclub activait à l'aérodrome de Oued Hmimime, avant d'être déplacé vers Aïn El Bey.
Depuis l'indépendance, cet aéroclub de renommée a formé 80% des pilotes recrutés par Air Algérie, ainsi qu'une vingtaine de pilotes de la Protection civile, sans aucune subvention de l'Etat. «S'il est privé de ses locaux, notre aéroclub sera poussé à cesser ses activités, ce sera une grande perte pour la ville de Constantine», regrette Kamel Chebouki.