Algérie

L'association Azur rend hommage à l'un des plus célèbres poètes mystiques de Mostaganem, Sidi Lakhdar Ben Khlouf, sa vie, ses qacidate en livre.



L'association Azur rend hommage à l'un des plus célèbres poètes mystiques de Mostaganem, Sidi Lakhdar Ben Khlouf, sa vie, ses qacidate en livre.
L'association Azur de Mostaganem vient de publier aux éditions Dar El Gharb, un ouvrage intéressant intitulé Sidi Lakhdar Ben Khlouf, sa vie, ses qacidate, qui retrace le parcours et l'héritage culturels du poète mystique de la région de Mesk El Ganayem.
D'emblée, dans l'introduction, il est souligné que «le verbe est une lueur qui illumine l'univers. C'est le fil qui sépare le réel de l'irréel et l'existence du néant. Ses lettres se lisent dans les nuages, sous l'eau et dans les airs, pénétrant dans les profondeurs des âmes».
Sidi Lakhdar Lakhal est le fils de Abdallah Ben Khlouf et de Koula, fille de Sidi Yacoub El Cherif, enterré dans les monts de Sidi Moussa aux environs de Achhaba.
L'ouvrage revient sur le mythe de la naissance et du nom du poète. Ainsi, Koula, qui est restée longtemps sans enfant, n'a cessé de prier Dieu pour enfanter. Lors d'un pèlerinage à Sidi M'hamed Lakhal, elle fit le serment de, si Dieu exauçait ses prières, de nommer son enfant comme le saint homme. Peu de temps après, elle tomba enceinte. Pendant sa grossesse, elle a rêvé qu'elle portait une ceinture verte incrustée de pièces d'or, signifiant que son futur enfant aurait des qualités exceptionnelles et deviendrait célèbre. Ce qui amena la mère à rajouter le prénom de Lakhdar à Lakhal. Ainsi, Sidi Lakhdar Ben Khlouf eut deux prénoms : «Lakhdar, le vert, couleur de l'espoir, et Lakhal, noir, pour le protéger du mauvais œil car il était enfant unique.»
La date exacte de la naissance du poète reste méconnue jusqu'à nos jours. En revanche, il est admis qu'il est devenu orphelin de père très jeune et c'est ce qui va marquer son attachement à sa mère durant son enfance. Dès son jeune âge, son génie précoce se manifeste alors qu'il fréquentait les écoles coraniques de Sidi M'hamed Lakhal et Sidi Bouhaya. La vie du Sidi Lakhdar Ben Khlouf se divise en deux parties. La première jusqu'à quarante ans et la seconde est celle qui débuta après cet âge et où il écrit ses plus belles œuvres.
La première partie de sa vie, il la passa à Mazaghran. Il rejoignit l'armée du dey Kheïreddine pour combattre les Espagnols, ce qui lui inspira les poèmes épiques sur les batailles de Mazaghran et de Mostaganem. Le poète s'est marié avec Ghanou, fille de Sidi Afif. Ils eurent quatre garçons : Mohamed, Ahmed, Habib, Belkacem et une fille prénommée Hafsa.
Sidi Lakhdar Ben Khlouf est passé à la postérité grâce à ses talents de poète pétri de l'amour de Dieu et de sa dévotion au prophète Mohamed (QSSSL). Ainsi, dans l'un de ses poèmes, Sidi Lakhdar Ben Khlouf confie que Dieu lui a accordé le privilège de voir le prophète dans un rêve, ce qui a marqué un véritable tournant dans sa vie et dans ses écrits.
Il est souligné dans l'ouvrage que «les vers de sa poésie étaient comme des pierres précieuses qui brillaient de mille feux et illuminaient l'univers. Il semait en chacun de nous l'amour de l'islam. Il ravivait les cœurs endormis ou distraits. Lorsqu'il décrivait la création, il en dépeignait tous les aspects. Quand il évoquait la mort et le tombeau, la vie et la résurrection, le jour du jugement dernier, sa plume interpellait les consciences, alors il touchait au sublime».
En plus des poèmes où il exprimait sa foi inébranlable pour l'islam et sa passion pour le prophète, Sidi Lakhdar a écrit plusieurs poèmes épiques sur les grandes batailles auxquelles il a participé contre les invasions espagnoles. Ainsi, il décrivait l'organisation de l'armée algérienne et les stratégies des batailles dans le contexte historique de l'époque.
Selon les écrits, le poète mourut à l'âge de 125 ans et fut enterré dans le lieu précis qu'il avait désigné, selon ses dernières volontés. Aujourd'hui, plusieurs siècles après sa disparition, sa tombe est devenue un lieu saint et de pèlerinage. La légende du poète a été amplifiée par le palmier qui s'y trouve ayant une forme extraordinaire. Ce palmier mystérieux aurait même résisté, par miracle, à ceux qui ont tenté de le brûler ou de le couper.
Plusieurs festivités religieuses et culturelles sont fêtées au mausolée qui abrite la tombe du poète mystique, à l'instar de «taam», fête annuelle organisée par les descendants du poète avec festin et musique de zourna pour affirmer et consolider leur foi, précieux héritage de leur ancêtre.
Il y a également la fête annuelle d'el rakb (la fantasia), célébrée par les habitants de Dahra et de Mostaganem deux jours durant. Et enfin, depuis 1985, il existe un festival intitulé Sidi Lakhdar Ben Khlouf, où, durant trois jours, un riche programme culturel est établi avec des expositions, déclamations poétiques et soirées chaabies.
Dans cet ouvrage, en plus de la biographie du saint homme, les membres de l'association Azur ont offert aux lecteurs la retranscription d'une cinquantaine de poèmes de Sidi Lakhdar Ben Khlouf.
A ce propos, le président de l'association, Sid Ahmed Baghdadi, écrit : «L'ambition de notre association est de mettre à la disposition de chacun le patrimoine culturel qui est le nôtre, la poésie de notre terroir, composante de la personnalité algérienne et de permettre aussi le passage de l'oralité à l'écrit afin de fixer et de pérenniser notre patrimoine.»




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