Elles ne comptent pas laisser l’ordre des choses en l’état. Elles, ce sont une bonne poignée de femmes cadres de Béjaïa. Balayant d’un revers de main tout défaitisme, elles se sont donné un cadre, prenant exemple sur l’Association nationale des femmes chefs d’entreprise avec qui d’ailleurs elles sont en relation, pour d’abord « savoir qu’on n’est pas seules » et puis jauger leur puissance de feu et lancer alors l’offensive pour bousculer un tant soit peu les mentalités qui prévalent jusque-là à leur égard.
Autrement dit, AFAC, telle est le nom de cette association, si elle se fixe pour objectif la défense des intérêts socioprofessionnels de la femme cadre principalement, elle n’entend pas pour autant se départir de ce qu’elle vit globalement dans son statut de femme tout simplement. Mme Benameur, secrétaire générale de l’association, en définira tout le champ d’action. Le travail a déjà commencé à travers des rencontres et des conférences publiques. Mme Tlemçani, présidente de l’association, trouve paradoxal, à l’heure où l’université compte moitié-moitié la population estudiantine masculine et féminine, qu’aux postes de cadres de la nation (wali, parlement, rectorat) le nombre de femmes se compte sur les doigts d’une main. Elle en a les clés, explique-t-elle, mais la société bloque toute promotion. La cause d’un côté est la vision qu’on se fait de la femme et de l’autre, « le benaâmisme ». La tâche la plus ardue qu’AFAC entend suivre de près le long de toute son évolution est la législation relative à la femme. Ce n’est pas facile, consent à faire le constat Mme Banameur. C’est pour cela qu’un travail d’approche est « entrepris avec des femmes politiques (les députées) et syndicalistes ». Précisant que son association « ne roule pour aucune chapelle politique », la secrétaire générale ne cache pas l’ambition de motiver les femmes à s’impliquer dans le débat lors des échéances électorales à venir. Pour elle, il n’est plus question en tout cas « de femmes alibi » dans les listes électorales. Le choix, souligne-t-elle, doit obéir à des critères de « volonté, conviction et compétence ». Ces dents longues sont aiguisées avec une rencontre (organisée par le National démocratic institut) avec les femmes politiques de plusieurs tendances à Tipaza. Présentement, AFAC essaie « d’ouvrir des brèches » en commençant par l’université. Elle veut s’ouvrir également aux autres associations pour intervenir de concert dans une solution participative à la résolution des problèmes touchant à l’environnement, la salubrité, la « moralisation » des sites mal famés à l’exemple de certains coins du littoral et le développement touristique. Mme Benameur rappellera que l’une de ses projections est la création d’un office de tourisme pour la wilaya, géré par les femmes, qui aura pour mission la mise en valeur des sites, de l’artisanat, de la gastronomie régionale et de l’ouverture de logis ruraux pour impliquer la paysannerie algérienne à rasseoir les repères socioculturels dans le produit touristique. A long terme, dans le calepin de l’association figurent des projets de bibliothèque, d’une publication et d’ateliers d’écriture.
Posté Le : 16/12/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : R. Oussada
Source : www.elwatan.com