Algérie - Algérie-Sahara Occidental

L’ASSEMBLEE GENERALE CONFORTE LE DROIT DES SAHRAOUIS : L'ONU accule Rabat



L’assemblée générale des Nations unies a adopté jeudi par 70 voix une résolution sur la question du Sahara Occidental demandant à toutes les parties et aux Etats de la région de coopérer pleinement avec le Secrétaire général et son envoyé personnel.

La résolution réaffirme également la «responsabilité de l’ONU vis-à-vis du Sahara Occidental» et souligne que «l’absence de progrès dans le règlement du différend sur la question continue de provoquer des souffrances pour le peuple du Sahara Occidental et demeure une source d’instabilité potentielle et fait obstacle au développement économique du Maghreb».

 Pour les Sahraouis, l’intérêt d’une telle résolution est qu’elle ne transige pas avec le fait que la question du Sahara Occidental est un problème de décolonisation. Elle relève donc de la mise en oeuvre de la résolution 1514 du 14 décembre 1960 connue sous le nom de «Déclaration sur 1’octroi de 1’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux». C’est la base doctrinale du droit international sur la décolonisation. La question reste donc aux yeux de la majorité des pays membres de l’ONU une affaire de décolonisation qui relève de la responsabilité de l’ONU.

 La résolution n’évoque pas expressément le plan Baker mais en réaffirmant le rôle central de l’ONU, elle prend acte du point où est arrivée l’institution internationale. En clair, le Plan Baker - à défaut d’une autre démarche approuvée par l’ONU - demeure la seule référence pour le règlement. Approuvé à l’unanimité par le Conseil de sécurité en 2003, le plan Baker n’a pas été mis en oeuvre en raison de l’absence de dispositions contraignantes pour les parties. Le Maroc, soutenus par certaines capitales occidentales, a refusé de le mettre en oeuvre. La résolution adoptée, il faut le souligner, par un vote et non par consensus comme cela était le cas durant les dernières années, n’est pas une très bonne nouvelle pour la diplomatie marocaine. La réaffirmation sur la question du Sahara Occidental affaiblit son intense travail diplomatique visant à présenter l’octroi d’une autonomie au territoire sahraoui comme une alternative au référendum d’autodétermination. Les officiels marocains pourraient - c’est de bonne guerre - faire valoir que 90 pays se sont abstenus lors du vote de la résolution. Mais une abstention ne veut pas dire que l’on est acquis aux idées du Maroc et elle n’empêche pas de dire que l’ONU, à travers son assemblée générale, reste attachée à l’autodétermination des Sahraouis. Elle est en tout cas un indicateur de tendance.

Le projet marocain d’autonomie aux «provinces du Sud» que le Maroc est censé présenté avant fin avril 2007, date d’expiration du mandat de la Minurso, ne change pas la donne, la communauté internationale restant globalement dans l’optique référendaire. C’est d’ailleurs l’enjeu de la bataille diplomatique en cours. Pas surprenant donc que le Polisario y voit dans la résolution un «nouveau succès pour la légalité internationale». Pour le ministre sahraoui des Affaires étrangères, M. Mohamed Salem Ould Salek, dans une déclaration rendue publique à New York, à l’issue du vote de l’AG des Nations unies, la résolution consacre l’échec des «tentatives marocaines de conférer une légitimité à son occupation».

 «La résolution de l’AG de l’ONU s’inscrit clairement dans l’esprit des résolutions sur le Sahara Occidental adoptées ces dernières années, et qui soulignent, sans équivoque aucune, qu’il s’agit de l’occupation par le Maroc du territoire sahraoui». Le ministre sahraoui affirme même que la résolution réaffirme la validité du Plan de paix (Plan Baker) pour l’autodétermination du peuple sahraoui, endossé par les Nations unies et la communauté internationale et accepté par le royaume du Maroc et le Front Polisario. «Les manoeuvres marocaines consistant à imposer à la communauté internationale un plan d’autonomie (élaboré par le Maroc) sont vouées à l’échec, tant ce plan est déjà mort-né».

 Alger s’est félicité de son côté que le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination soit «fortement» réaffirmé et la responsabilité de l’ONU confirmée. Dans un communiqué, le ministère algérien des Affaires étrangères considère que la résolution «explicite et ferme» confirme «la validité du Plan de règlement en vertu duquel la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara Occidental (Minurso) a été déployée et son action, conformément à son mandat, a été saluée pour ses précieux acquis». Une résolution qui, selon Alger, confirme que le «Plan Baker pour l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental constitue la solution politique optimale pouvant mettre fin définitivement à ce conflit». Alger se félicite de la réaffirmation de la «doctrine des Nations unies en matière de décolonisation» par une «majorité politiquement significative d’Etats membres appartenant à toutes les régions du monde».

 Le communiqué estime que par «sa substance et les conditions de son adoption, cette résolution frappe d’irrecevabilité toute manoeuvre dilatoire ou tentative de perversion du processus de paix au Sahara Occidental et réaffirme, une fois encore, que l’expression libre de la volonté souveraine du peuple du Sahara Occidental est le passage obligé du parachèvement de la décolonisation de ce territoire».




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