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L'Assemblée constituante revisitée EN HOMMAGE AUX PREMIERS DEPUTES ET À FERHAT ABBAS



L'Assemblée constituante revisitée                                    EN HOMMAGE AUX PREMIERS DEPUTES ET À FERHAT ABBAS
«Il était le baromètre et le thermomètre du peuple et il n'avait pas la prétention d'être un avant-gardiste»
Considérée comme le premier jalon dans la construction du jeune Etat algérien, l'Assemblée constituante suscite toujours un débat sur fond de contradictions et de luttes pour le pouvoir. Retour sur cette aventure qui n'a pas encore livré tous ses secrets.
Comme les accords d'Evian, en dépit de tout ce qui a été dit ou écrit sur elle, l'Assemblée constituante ne semble pas encore avoir livré tous ses secrets. En effet, plus de 50 années après, détracteurs et nostalgiques de cette époque et de ce premier jalon qui marqua la naissance de la jeune République algérienne, s'affrontent encore et veulent se donner bonne conscience, en s'accusant mutuellement d'avoir détourné l'histoire de la Révolution.
C'est en tout cas, le triste débat auquel nous ont conviés, hier, d'anciens membres de cette assemblée, invités du forum d'El Moudjahid, en collaboration avec l'association Mechaal Echahid.
Premier à prendre la parole, l'ancien bâtonnier et ministre de la Justice dans le gouvernement d'Ahmed Ben Bella, Amar Bentoumi, est revenu sur cette époque et sur les moments qui ont présidé à la création de l'Assemblée constituante, non sans évoquer les luttes de sérail et les combats d'arrière-garde sur fond de course au pouvoir qui, dit-il, ont beaucoup nui à ce premier Parlement. Accusant nommément Ben Bella d'avoir accaparé tous les pouvoirs et surtout ordonné la confection d'une Constitution taillée sur mesure pour lui. L'orateur a aussi fait part des rapports tendus qu'entretenait l'ex-président avec des membres du bureau politique du FLN ainsi qu'avec ceux de l'Assemblée constituante.
Amar Bentoumi a qualifié cette dernière de véritable Assemblée et Ferhat Abbas, son président, d'homme politique éclairé, qui a dirigé avec beaucoup de dignité et de sérieux ses travaux.
Se souvenant d'une anecdote et afin de souligner davantage la dimension de l'homme d'Etat qu'il était, M.Bentoumi a confié qu'il n'était pas toujours d'accord avec Ferhat Abbas et sa conception de la politique. «Un jour, je lui ai reproché de ne pas être avant-gardiste. Il m'a répondu qu'il était le baromètre et le thermomètre du peuple et qu'il n'avait pas la prétention d'être un avant-gardiste.»
Lui emboîtant le pas, juste après, la sénatrice et ancienne vice-présidente de l'Assemblée constituante, Zohra Drif Bitat a, d'emblée, critiqué sèchement ceux qui s'en prennent aux anciens de la Révolution et qui veulent induire en erreur la jeunesse en les lui présentant comme des assoiffés de pouvoir ou des dictateurs.
Pour Mme Drif: «La lutte pour le pouvoir est une pratique vieille comme le monde, elle n'est pas propre à l'Algérie.» Chercheur et professeur d'université, Amar Khiba a entamé sa communication en indiquant que le 19 mars n'est pas seulement la fête de la victoire, c'est aussi la fête de la libération. Evoquant cette période et les mois qui l'ont précédée et qui ont conduit à la confirmation, le 1er juillet 1962, du choix des Algériens de recouvrer leur liberté, le conférencier est revenu sur ces moments difficiles et sur les conflits qui commençaient à apparaître au sein du gouvernement provisoire, du bureau politique du FLN ainsi que de l'armée. La course au pouvoir et les luttes d'appareils ont à chaque fois reporté l'avènement de l'Assemblée constituante. Finalement, rappelle-t-il, ce n'est que le 20 septembre 1962 qu'elle a vu le jour avec, à sa tête, 196 députés dont 15 élus français et 7 femmes parmi lesquelles Safia Baâziz, Fahima Mechiche et Zohra Drif.
C'est cette Assemblée qui a chargé Ahmed Ben Bella de constituer son gouvernement.
Malheureusement, le pouvoir exécutif entra vite en conflit avec le bureau politique et se répercuta, par la suite, sur l'Assemblée et sur ses dirigeants qui démissionnèrent l'un après l'autre jusqu'à sa dissolution.


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