L'incapacité des
entreprises publiques économiques (EPE) à apporter leur contribution au
développement économique et au progrès social du pays, malgré les milliards de
dinars engagés à travers les différentes mesures de restructurations organiques
et d'assainissements financiers, alors que nos EPE ont de grandes capacités
installées qui constituent le fleuron de l'industrie algérienne et d'une valeur
mondiale appréciable à faire valoir dans la croissance et la création
d'activités économiques, ce qui pouvait être donc, un bon levier de croissance
plus pour l'économie nationale.
Cela amène,
inévitablement à s'inquiéter et à s'interroger sur ce grand corps malade de
l'économie Algérienne dont son traitement demeure lié au soutien financier
public et par ailleurs est entrain de peser sur les attentes de la société.
C'est tout l'enjeu, de cet important soutien financier de l'Etat devant se
traduire nécessairement du bon usage des ressources notamment par une
croissance plus, la création d'emplois, l'amélioration du pouvoir d'achat et du
progrès social en général. Pourquoi ? Parce que l'argent de la rente pétrolière
continuera t-il, sinon à nous obséder ? Telle est la question qu'il faudrait
enfin, se poser, est une question d'importance majeure dans la politique
économique et sociale du pays, effectivement, le développement ne tient pas au
seul facteur argent. Et nous devons-nous poser aussi la grande question :
comment peut-on mener une bonne politique économique et budgétaire sans avoir à
la base une fiscalité ordinaire en puissance et des entreprises en technologie,
performantes et compétitives à l'international? Car leur rigueur et leur prise
en charge en dépendent de l'avenir de l'économie algérienne. En effet, face aux
évolutions mondiales notamment l'accélération de la mondialisation et la
globalisation, il est devenu aujourd'hui urgent pour la pérennité du secteur
public économique de la nécessaire adaptation pour une nouvelle ère de réformes
de l'entreprise et de l'administration économique afin que notre pays peut
s'insérer économiquement et socialement car, l'économie s'est globalisée dans
ce contexte avec plus de rapports de forces, de systèmes démocratique et
économique. Ainsi rompre avec la pratique rentière qui continue à prédominer
les mentalités des dirigeants économiques et la gestion des entreprises
publiques économiques (EPE). D'où aujourd'hui, la nécessité d'une remise en
question de notre modèle actuel de gestion et de gouvernance ayant atteint ses
limites. Cette situation doit être corrigée impérativement car les
investisseurs étrangers (IDE) exigent qu'il y ait une cohérence et une harmonie
avant de venir en Algérie investir ou passer des contrats de partenariats au
moment où le monde actuellement évolue sans cesse tout comme les technologies
et le savoir-faire. Pour ainsi dire, l'importance et l'enjeu d'une meilleure
autonomie de gestion, de meilleures méthodes de gestion et de gouvernance,
enfin, d'un cadre juridique et réglementaire adéquat pour projeter l'entreprise
algérienne dans une autre vision qui est celle des relations internationales
notamment, il faut faire évoluer cette dernière vers plus d'ouverture afin,
d'attirer plus d'investisseurs étrangers (IDE) et par conséquent d'augmenter et
développer nos activités industrielles, commerciales et financières est, le
point fort pour le développement économique du pays. C'est l'une de nos
premières préoccupations pour préparer l'après pétrole (rente) et pour pouvoir
mieux gérer et mieux s'armer à la veille des nouvelles exigences nous liant à
L'OMC, l'UE et la
ZALE. Dès lors parler du secteur public économique en
Algérie, revient effectivement à l'aborder dans cette nouvelle projection du
monde de l'économie et de la finance. Décidément, s'inscrire à cette ouverture,
n'est point un choix, mais une exigence de la mondialisation et par voie de
conséquence bénéficier du transfert technologique, acquérir le savoir faire et
bien sûr faciliter à notre pays son adhésion à l'OMC
car, la nouvelle économie ne profite pas aux pays rentiers, mais bien aux pays
du savoir et du savoir faire technologique.
Pour rappel, les entreprises publiques
économiques (EPE) remontent des années 1965/1984 dans le cadre d'un plan
d'industrialisation initié par l'Etat est établi sur quatre périodes planifiées
1965/1967, 1970/1973, 1974/1977, et 1980/1984 aujourd'hui, sont des sociétés
par actions (SPA) suivant la loi 88 - 01dont l'Etat est le seul actionnaire et
garant du capital social. Mais à vrai dire, nos EPE dans une large majorité
n'ont jamais été gérées et gouvernées comme de vraies sociétés commerciales en
conformité du droit privé et des fondamentaux de l'économie. Voire restant
éloignées du système universel d'une économie de marché et par conséquent
financées quasiment sur concours définitifs (dettes publiques). La
problématique du secteur public économique demeure donc un sujet bien
difficile, complexe et appelle aujourd'hui sur l'urgence et nécessité
d'organiser des grands débats pour de nouvelles idées qui développent l'offre,
les capacités installées et les ressources humaines pour faire des mesures de
l'assainissement financier engagées au profit des EPE ces dernier mois, un
enjeu économique et fixant comme objectif : un référentiel économique et un
projet de gouvernance nationale plus conforme au concept de l'économie de
marché, ceci afin de s'inscrire au mieux dans une économie viable, ouverte,
attractive, performante et compétitive. Ainsi, c'est libérer l'EPE dans la nouvelle économie au profit de l'économie dont
notamment le financement et le développement ont pour source les mécanismes des
marchés à savoir : la bourse, la banque et le partenariat. L'Etat, ne peut, dès
lors s'accommoder plus longtemps d'une politique de financement du secteur
public économique, car nous considérons anormal de financer continuellement en
concours définitifs sur les fonds publics une entreprise régie par le droit
privé.
Ceci pour dire
encore une fois que c'est là, que doit intervenir la reforme de l'entreprise et
par voie de conséquence rééquilibrer les comptes du budget de la nation. En
effet, la crise financière que traverse les pays de l'union européenne offre à
l'heure actuelle des opportunités d'affaires en mettant en Å“uvre des plans
business dont notamment des entreprises Algériennes peuvent lancer des offres
publiques d'achats ( OPA) et ce afin de créer et développer des activités
économiques et commerciales pour s'inscrire dans le monde de l'économie au
profit de l'économie nationale en matière de rachats ou de délocalisations
d'entreprises, de partenariats, de prise de participation : titres ou actions
de capital. Ainsi, donner un rôle économique plus actif dans l'exercice des
règles et mécanismes de l'économie de marché. De là, les dirigeants des EPE
doivent exercer leur métier de chef d'entreprise ou d'entrepreneur plus attaché
à l'esprit d'entreprise et à la culture économique. Dans cet esprit de culture
économique, nos EPE doivent souscrire annuellement au versement d'une
contribution comme participation aux fonds de régulation du trésor. En d'autres
termes, le versement de dividendes qui revient à l'actionnaire unique (Etat)
représentant un droit sur la rémunération des actions détenues sur le capital
des EPE ou du moins, elles se place sur le marché obligataire du trésor. C'est
cela, que nous appelons faire preuve d'une bonne gouvernance
politico-économique et d'un patriotisme économique dont le rôle des conseils
d'administrations est déterminant voire capital pour donner un sens réel au
statut des EPE qui relève aujourd'hui du droit privé, par qui on ne peut remettre
en cause les règles, les mécanismes et les fondamentaux de l'économie de
marché.
Cet important
programme d'assainissement financier engagé par l'Etat au profit de nos EPE apparait comme étant une occasion de procéder à une
première évaluation pour permettre d'avancer vers l'avenir avec un bon esprit
d'entreprise et parfaire le processus car, aujourd'hui une entreprise ne vaut
que par ses performances économiques et aussi surtout par sa contribution aux
technologies, la création d'emplois, l'exportation et enfin, l'investissement,
qui nous permet en fait d'être au diapason de l'économie mondiale et de ce qui
se fait de par le monde. En effet, il y a en premier lieu leur difficile
gestion et leurs multiples faiblesses d'un dynamisme économique et d'une
incapacité de management, dont notamment les EPE n'arrivent toujours pas à
rentabiliser et développer leurs capacités installées qui sont les plus
importantes de l'économie nationale et qui demeurent exploitées à moins de 55%
et comme elles peuvent contribuer jusqu' à 15% du PIB, causant ainsi
d'importants manques à gagner à l'économie nationale au niveau de créations
d'emplois, de production, de rentabilité financière. Et enfin, d'une force de
travail peu qualifiée, faible maîtrise de la
maintenance préventive que curative et d'un faible taux d'intégration qui
stagne entre 20% et 25 %. En second lieu leur fort potentiel industriel composé
d'importants d'actifs productifs d'une valeur technologique appréciable, mais
nécessitant des investissements de valorisation. Auxquels, il faut ajouter leur
im-portante place dans de nombreux secteurs
stratégiques notamment, dans l'agro-alimentaire, l'électronique, la mécanique,
le ciment, le plastique, la pétrochimie et l'énergie, qui pèsent de tout leur
poids pour sortir de l'immobilisme économique et développer des opportunités
d'affaires économiques et financières pour la reconstruction de notre économie
de production. A cela, il faut ajouter, l'existence d'un marché potentiel,
porteur et favorable pour nos EPE dont notamment bénéficient de marchés publics
importants de gré à gré, de marges préférentielles, de subventions. Et
disposant aussi d'un réseau distribution présent sur l'ensemble du territoire
national, d'un savoir faire de plus de quarante ans (40) à pouvoir faire
beaucoup de choses pour améliorer et développer la croissance et par conséquent
assurer leur indépendance financière vis-à-vis de l'Etat et des banques. C'est
ainsi, un secteur industriel et commercial stratégique pour générer des emplois
et des richesses à l'heure où le chômage bat son plein sur l'avenir des jeunes.
En troisième lieu, leur régression morale à savoir l'apparition de plusieurs
facteurs négatifs comme la notion de responsabilités qui a disparu du langage
de gestion des EPE, l'absentéisme, le faible rendement dans le travail, le
départ massif de cadres expérimentés et enfin d'une gestion par la recherche de
satisfactions personnelles constante notamment où il est difficile de mobiliser
les travailleurs et cadres pour la réalisation des objectifs physiques et
financiers ou encore d'imposer des sacrifices nécessaires. En quatrième lieu,
le soutien financier apporté par l'Etat après plusieurs mesures
d'assainissement financiers aux entreprises publiques économiques n'a jamais
été un facteur structurant ou révolutionnaire dans le développement économique,
mais en réalité est motivé à chaque fois par l'équilibre des comptes
financiers, la solvabilité bancaire et guidé par l'enjeu de sauver les emplois
et d'éviter des liquidations anticipées.
C'est une
démarche qui n'incite pas à notre sens à l'effort en conformité avec l'esprit
d'entreprise notamment se rapportant à un mode de fonctionnement d'une économie
administrée appliquée toujours dans une économie de marché enfonçant davantage
nos EPE dans une gestion statique plutôt que dynamique notamment plus d'actions
et d'efficacité dans l'économie nationale.
En cinquième
lieu, nos EPE ne font pas preuve d'un nouveau modèle d'entreprise pour innover
et investir dont notamment le potentiel national de croissance ne cesse de
subir les contrecoups d'une gestion beylicale et de l'absence d'une gouvernance
économique intelligente et plus compétente. Et, d'une façon générale sans base
sociale, sans idées de progrès et enfin l'EPE
traditionnellement reste attachée à une culture étatisée et créant davantage de
situations difficiles à l'Etat en tant qu'actionnaire unique dans la mesure où
cette situation des (EPE) a particulièrement affecté le climat social (conflits
sociaux, grèves…) les équilibres budgétaires qui ne cesse d'alimenter les
craintes de nos experts économistes et financiers, l'économie ne fonctionne pas
suffisamment dans l'organisation des EPE et longtemps restées à la traîne
notamment, vingt trois ans (23) après leur passage à l'autonomie en 1988, la
situation des EPE ne cesse de se dégrader d'année en année. Notre économie
comme tout le monde sait, se tient relativement grâce aux revenus des
Hydrocarbures, qui représentent 98% environ à eux seuls ne règlent rien de
fondamental sachant que l'importance économique d'un pays se créée et se
développe au niveau de l'entreprise qui est le fondement de la transformation
et le développement de nos ressources. Autrement dit, selon le vieil adage
populaire, l'argent ne fait pas le bonheur, même si il contribue ou encore
l'argent, le nerf de la guerre. Seules les ressources humaines font les forces
motrices de la politique économique du pays. En effet ce énième assainissement
financier est déjà révélateur notamment est le fruit amer d'une politique financière
du secteur public économique qui s'avère notamment inefficace et sans pour
autant avoir générée une transformation en termes de développement économique
et d'innovation. Sinon les précédents assainissements financiers auraient dus
être et depuis longtemps la clé de réussite. A la lumière de ce qui précède,
nos EPE ont montré leur fragilité voire ont perdu l'esprit d'entreprise. Un
changement s'impose à tous les niveaux face à l'évolution rapide caractérisant
la vie économique et sociale, dans l'unique perspective de se doter d'une
économie politique des EPE claire, définie et capable de nous intégrer dans
l'économie mondiale à l'exemple des pays comme la Chine, la France, l'Italie ayant un
secteur public économique performant, efficace, ouvert et fortement intégré
dans l'économie de marché et de capitaux.
Cette évaluation
assez simple nous renseigne donc, qu'il y a un manque d'anticipation dans la
gouvernance et la gestion de nos EPE d'une économie qui demeure peu capitalisée
en valeurs boursières, technologiques, ressources humaines et peu rentable,
servira comme un indicateur de dysfonctionnement organique dont notamment les
mesures d'assainissements financiers en question ne sont pas en parfaites
harmonie avec les réalités managériales sur le terrain et comme étant des
solutions économiques. D'où la nécessité vitale d'une réforme profonde de
l'économie des EPE devant reposer sur quatre axes fondamentaux qui sont : les
nouvelles formes d'entrepreneuriats, les valeurs
humaines, la mondialisation, liberté de l'initiative économique, la
transparence et le droit économique pour faire de l'entreprise algérienne un
vecteur du développent économique de l'Algérie notamment, valorisation et
développement des ressources du pays évitant ainsi, toutes les procédures et
réglementations bureaucratiques qui limitent l'efficacité et l'efficience
économique, le professionnalisme ou qui paralysent l'exercice des règles et
mécanismes de l'économie de marché voire incompatibles avec les sciences
économiques et les évolutions mondiales. C'est, la voie la plus indiquée
aujourd'hui, pour créer un environnement propice à la pleine participation des
EPE disposant d'un atout industriel restructurant des secteurs stratégiques :
agricole, hydraulique, bâtiment, électromécanique incontournables pour le
développement économique durable. Et ne peuvent continuer à cet effet, à
demeurer l'otage, d'une économie administrée synonyme de centralisation et de
bureaucratie qui influent d'une manière négative sur
l'économie de l'entreprise. Ceci dit, l'EPE doit
avoir son projet économique pour s'imposer au lieu de continuer à subir au
moment où l'économie de l'Algérie se retrouve dépendante de l'extérieur et à
une demande plus forte que l'offre.
C'est ainsi le
grand objectif politico-économique de l'année 2012 en tenant compte de la
complémentarité de toutes les variantes nationales et internationales, l'après
pétrole oblige. C'est ainsi l'importance et la place de l'entreprise
algérienne. Cet objectif remet en question l'économie des EPE pour une nouvelle
réforme impliquant un modèle et un regard nouveaux
dans le nouveau paysage politico-économique de la mondialisation. En effet,
dans ce contexte de la nouvelle économie, ce n'est pas les coups de milliards,
de circulaires, de notes et d'instructions, mais bien dans les actions, les
initiatives et les réflexions. C'est ce qui manque le plus aujourd'hui pour
redresser l'économie du pays au diapason de l'évolution rapide de l'économie
mondiale.
En résumé donc :
Ce sont là, les enjeux et les défis d'un nouvel ordre économique et financier
de la vision future de l'EPE en Algérie pour la
porter à un niveau d'excellence qu'il faudrait y travailler et mettre en place
pour lui assurer son rôle dans l'économie de marché et l'avenir d'une manière
générale pouvant espérons-le contribuer efficacement au développement
économique pour que notre pays disposerait suffisamment de richesses, de
technologies et d'emplois. En effet, l'économie nationale ne peut progresser et
se développer sans l'entreprise notamment, elle est partie prenante dans la
politique économique et porteuse de projets de croissance et de stabilité face
à l'évolution sociale. Seuls vecteurs garants du progrès et du développement
d'une nation. Mais il n'y a pas d'économie pérenne sans un Etat de droit et de
démocratie économique et d'une législation stable et profitable selon les
règles et les mécanismes de l'économie universelle dont notamment, l'objet
social et le statut des EPE dépendent aujourd'hui.
*Directeur
financier, Membre de l'union des comptables Algériens et auteur, deux livres :
gouvernance des entreprises - comptabilité des sociétés.
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Posté Le : 26/01/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : M'Hamed ABACI*
Source : www.lequotidien-oran.com