Algérie

«L'assainissement financier a rarement apporté de l'argent frais pour l'investissement» Hocine Amer-Yahia. Expert consultant en entreprise



«L'assainissement financier a rarement apporté de l'argent frais pour l'investissement»                                    Hocine Amer-Yahia. Expert consultant en entreprise
-Comment expliquez-vous que des années d'assainissement financier n'aient pas donné de résultats probants pour les entreprises publiques '
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce n'est que normal. Je vais vous étonner si je vous dis que les assainissements financiers apportés par l'Etat aux EPE sont on ne peut plus légitimes. L'Etat étant propriétaire à 100% de ces entreprises, il intervient pour les secourir, car en réalité, elles sont, pour utiliser un mot fort, administrées par lui. On ne peut donc reprocher à ces entreprises d'être déficitaires, car elles ne sont pas maîtresses de leurs actes de gestion. C'est aussi simple que cela. L'autonomie de gestion d'une EPE, concept spécifique à l'Algérie, est une vue de l'esprit. Or, il est bien connu que l'Etat peut être un bon policier (dans le sens noble du terme, en tant qu'Etat régulateur et facilitateur), mais a toujours été un piètre gestionnaire.
-Le gouvernement continue à appliquer les mêmes solutions inefficaces à un problème chronique. Est-ce une question de mauvais diagnostic ou bien le gouvernement n'a pas d'autres alternatives '
Tant que les mêmes causes sont là, on ne fait que reculer les échéances. D'ailleurs, il convient de savoir que l'assainissement financier, tel qu'il s'est pratiqué chez nous, a rarement apporté de l'argent frais pour l'investissement, il a consisté surtout à effacer les ardoises (recul des échéances et/ou annulation de dettes). Le comble dans tout cela est que les dettes assainies sont dues à d'autres EPE ou à des administrations (c'est l'Etat dans l'Etat). Cela donne souvent un coup d'épée dans l'eau.
-Le mode de gestion des entreprises publiques n'est-il pas la cause de leurs problèmes chroniques '
Dans un certain sens oui. L'EPE est gérée aujourd'hui comme n'importe qu'elle entité administrative et on exige d'elle d'être en même temps rentable, ce qui est antiéconomique. L'Etat a besoin aujourd'hui par exemple d'une laiterie ou d'une minoterie pour parer au plus pressé d'une pénurie ou d'une spéculation. Les EPE se conforment strictement aux règles édictées, y compris par circulaires qui n'ont pas force de loi, sans quoi c'est le gestionnaire qui en prend le coup.
-Trouvez-vous justifié et opportun d'appliquer aux entreprises privées une démarche qui a échoué pour le public '
C'est différent. Cependant dans des situations particulières engendrées par des causes exogènes ou mettant en jeu l'intérêt national, l'Etat se doit d'intervenir. On a entendu souvent parler par exemple des surcoûts engendrés par la dévaluation brutale du dinar (perte de change) pour bon nombre d'entreprises privées. Lors de la dernière tripartite, il a été retenu le principe d'un rééchelonnement des dettes bancaires et d'une suppression ou réduction des agios bancaires. Il faut savoir qu'il est arrivé à certains Etats de pays développés de nationaliser des entreprises privées d'intérêt national pour les sauver d'une faillite et les dénationaliser ensuite une fois remises sur pied. Cela relève de la politique économique d'un Etat qui joue le rôle qui est le sien.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)