Algérie

L'ascenseur horizontal


Dans son irrésistible ascension vers l'ouverture, le régime algérien vient d'interdire la tenue d'une session de formation en droits de l'homme pour journalistes, session pilotée par la Ligue des droits de l'homme. Pourquoi ' Il faut relire la phrase et souligner au feutre rouge les mots clés : session, formation, droits(2 fois), homme (2 fois), journaliste, ligue. Autant de mots qui font peur, avec une charge subversive relative mais qui, mis ensemble, ont l'air de terroriser le ministre de l'Intérieur. Pourquoi cette crainte ' Parce que cette réunion n'a pas pour objet de soutenir le quatrième mandat du Président ' Peur des droits de l'homme, des journalistes formés ou volonté d'empêcher les ligues des droits de l'homme d'activer ' Renseignements pris, il semblerait que cette interdiction est surtout liée à la participation de militants des droits de l'homme tunisiens et marocains. On se rappelle de la récente interdiction faite à la militante des droits de l'homme tunisienne, Sihem Bensedrine, d'entrer sur le territoire algérien.Le ministre de l'Intérieur s'était très mal défendu et avait promis de faire une enquête. Bien sûr, l'enquête n'a jamais eu lieu et il n'en a jamais été question, l'essentiel étant d'empêcher à tout prix une convergence des forces vives des pays du Maghreb et des associations horizontales de groupes revendiquant une quelconque prise de conscience démocratique. Il est effectivement beaucoup plus simple d'organiser tous les 4 ans une réunion maghrébine des ministres de la Pêche. Quelques billets d'avion, un méchoui, des discours sur l'unité maghrébine et chacun rentre chez lui avec des cadeaux pour les enfants. Avec à la clé, un Maghreb en l'état, gouverné par des monarques à vie qui n'ont aucunement l'intention d'écouter leurs peuples, mais qui se téléphonent souvent pour s'échanger des interdictions et des services.
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