Algérie

L'artiste qui a appris le kabyle à 20 ans...



La majorité des chansons interprétées par la diva Nouara sont des chefs-d'oeuvre. Quand elles sont diffusées sur les ondes de la radio, souvent l'animateur commente, une fois la chanson terminée, en lançant presque naturellement et avec assurance:«Paroles et musique Chérif Kheddam». Certes, dans la majorité des cas, l'auteur-compositeur des chansons portées par Nouara, c'est Cherif Kheddam. Mais il existe aussi des chansons dont l'auteur-compositeur n'est autre que Medjahed Hamid.
Quand ce dernier nous a raconté cette anecdote et que nous lui avions posé la question pour savoir si le fait d'attribuer l'une de ses chansons à un autre artiste l'attristait ou le mettait en colère, Medjahed Hamid nous répondit que bien au contraire: «le fait que l'on attribue mes musiques au maître Cherif Kheddam me fait énormément plaisir, c'est une façon de leur conférer un label». C'est ainsi que se présente l'artiste Madjahed Hamid!
Une véritable légende de la culture algérienne d'expression kabyle. Doté d'un talent artistique indéniable, Medjahed Hamid est l'un des meilleurs compositeurs de musique dans la chanson kabyle. Ce n'est pas un hasard si, quelque temps avant son assassinat, Matoub Lounès l'avait sollicité pour lui composer deux chansons afin de les interpréter dans son prochain album.
Une véritable légende
Ainsi, la première fois que Matoub a décidé de demander à un artiste de lui composer des musiques, c'est Medjahed Hamid qu'il a choisi. Ça veut tout dire aussi. Malheureusement, ce rêve et projet n'a jamais vu le jour, car Matoub est décédé entre-temps. Medjahed Hamid a dû interpréter lui-même les chansons qu'il avait destinées à Matoub dans l'un de ses albums. Medjahed Hamid est originaire d'Alma (Icheladhen), mais c'est à Alger, plus précisément à la Casbah, qu'il a vu le jour et grandi. Son amour pour la musique remonte à son enfance, mais c'est à partir de son adolescence qu'il commença à vraiment jouer de la musique.
Son premier coup de foudre qui le marqua à vie, portait sur l'oeuvre artistique du géant Cherif Kheddam. Il suivit ses traces, notamment dans le choix de son style musical.
À l'époque, l'amour de la chanson conduisait inéluctablement aux locaux de la radio. Medjahed Hamid n'échappa pas à la règle. Il y fit un premier passage.
L'émission en question était animée par Mhenni et Achrouf Idir. C'était alors un premier pas décisif qui allait le mener très loin aussi bien dans la chanson que dans l'animation radiophonique.
Une anecdote concernant Medjahed Hamid mérite d'être connue du grand public vu son importance et sa symbolique.
Jusqu'à l'âge de 20 ans, Madjahed Hamid ne parlait pas le kabyle. Ce n'est qu'à l'âge de 20 ans qu'il a appris la langue de ses parents car il avait fait le choix de chanter en kabyle et d'aller fièrement à la quête de ses origines. Nous sommes en 1969.
Un cas inédit dans les annales de la chanson
La trajectoire artistique de Medjahed Hamid diffère en tous points de vue de celle des autres chanteurs car ce dernier n'a jamais eu le souci d'avoir une présence à travers l'édition régulière d'albums. Il n'a édité son premier album qu'après un demi-siècle de parcours. C'est un cas inédit dans les annales de la chanson algérienne de manière générale où tout chanteur mise fondamentalement sur les albums et les nouveautés pour signer et confirmer sa présence surtout avant l'avènement d'Internet.
Medjahed Hamid est aussi très connu et a marqué plusieurs générations à travers l'une des plus célèbres émissions radiophoniques de tous les temps.
Une note de professionnalisme et de rigueur
Il s'agit de «Ighenayen u zekka» ou les chanteurs de demain. Cette émission, au fil des années, était devenue mythique. On ne peut pas imaginer le nombre grandiose d'auditeurs qui la guettaient chaque semaine. Et tous les chanteurs rêvaient d'y être programmés, mais non sans appréhension. Car Medjahed Hamid ne prenait pas de gants quand il donnait son avis après que l'un des candidats eut interprété sa chanson en guise de test. C'est cette franchise qui a encore fait la spécificité de Medjahed Hamid. Sa grandeur aussi.
Medjahed Hamid a marqué ses fans par des chansons ensorcelantes comme Ayul iheznen dima, Dkem, Lmuts yetsghurun, Tagujilt, Imdebren, Ayid, Lemhibaw tamezwarut, etc.
Dans la majorité de ses musiques, on décèle une note de professionnalisme et de rigueur que Medjahed Hamid n'a pas cessé de cultiver chez tous les chanteurs en herbe qui se présentaient devant lui dans son émission «Ighenayen Uzekka». Il y a aussi un zeste de Cherif Kheddam, son maitre de toujours.


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