L'artiste peintre Abdelmajid Lamine à Liberté 'Je n'aime pas les clichés sur les Aurès"

Ce peintre et poète autodidacte a exposé à la Maison de la culture de Batna. Urbaniste à la retraite, il revient dans cet entretien sur son rapport avec l'art et ses 'uvres.
Liberté : Vous êtes urbaniste de formation, comment êtes-vous tombé dans la peinture ' On constate aussi, que vos tableaux sont souvent accompagnés de poèmes...
Abdelmajid Lamine : j'ai fait mes études en Bulgarie en 1969 et je suis diplômé en bâtiment. Originaire d'El-kantara, peut être que cette petite ville, à la fois porte du Sud et du Nord, m'a donné les premières leçons de couleurs, d'urbanisme et de poésie, et je ne suis pas le seul dans ce cas. André Gide, prix Nobel en littérature est lui aussi tombé sous son charme. Je me souviens que ma première et modeste 'uvre remonte à l'année 1976. En 1997, j'ai obtenu le premier prix 'La qualité design" pour une bibliothèque modulable, à la Foire internationale. Mais cela, ne m'a jamais éloigné de la peinture et de la poésie.
On retrouve dans vos toiles de belles couleurs, mais aussi de la tristesse...
Oui, la décennie noire ne m'a pas laissé indifférent, face à la menace et au danger qui guettaient le pays, mon pays, l'Algérie. A ma façon j'ai dit non, j'ai dit stop ; je considérais que ne rien dire (peindre pour condamner), peut être considéré comme un silence complice.
Vous commencez par le poème ensuite la peinture ou alors l'inverse '
Je n'ai pas de règle, ni de recette. Il m'arrive de faire un tableau, et là, un poème, une prose me viennent à l'esprit, des fois c'est l'inverse. J'ai commencé cette manière de travailler, depuis que j'ai repris la peinture l''uvre 'La voyante" de l'artiste peintre Houcine Houara. En apportant, une petite modification au titre, l''uvre est devenue 'Ma voyante" au lieu de 'La voyante". C'est toute une histoire, c'est le rêve d'une lycéenne qui est devenu réalité.
Il y a aussi de l'actuel à travers vos travaux...
Oui, je suis un 'anti" conflit de génération. Mais hélas, ce qui se passe chez nous, c'est plus qu'un conflit, un affrontement. J'essaye d'appeler au dialogue entre les jeunes et les anciens, je le fait en soft et sans prendre partie, je le réalise à travers les couleurs et les formes, pour dire qu'un terrain d'entente est possible.
Il y a du positif aussi, j'ai constaté que beaucoup de jeunes s'intéressent à l'art sous toutes ses formes, il faut leur donner une chance et leur ouvrir des portes. Je n'aime pas le cliché et la stigmatisation, on a toujours montré l'Aurès, avec une perspective archaïque, ancienne, comme s'il n'y a que le passé dans cette région. Alors j'apporte de l'actuel.
La femme est aussi présente...
Oui, je rends hommage à la femme, à commencer par mon épouse, elle m'a toujours aidé et soutenu. 'Témoin d'amour", est un poème dédié aux femmes, l''uvre en peinture viendra.
R. H.
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