Certes, il est connu de tous que le secteur de la culture est un terrain miné où la médiocrité règne en maîtresse. Mais ce qui se passe à Laghouat dépasse toute logique ! En effet, un véritable mouvement de protestation a eu lieu, jeudi dernier, au niveau de la Maison de la culture qui a été assiégée par un groupe de jeunes venu protester contre la mauvaise gestion du responsable de l'établissement. Tout a commencé lorsque le directeur de cette infrastructure culturelle a décidé tout bonnement de mettre fin aux fonctions de l'artiste et homme de théâtre Haroun El Kilani. Ce metteur en scène natif de Laghouat et qui est connu sur la scène culturelle algérienne et arabe, a accepté de travailler comme agent de sécurité au niveau de cet établissement, ce travail lui permet d'avoir une petite entrée d'argent pour vivre, son art ne pouvant la lui assurer. Ce revers de la médaille n'a pas empêché Haroun de tout donner pour le théâtre algérien en général et de sa ville en particulier où il est très actif et productif. Mais l'apport de l'artiste à la culture, à la ville ou à la société laghouati ne semblent pas convaincre le directeur de la maison de la culture qui, non content d'avoir réduit le metteur en scène à faire un travail sous-payé qui n'est pas le sien, va jusqu'à user et abuser de son autorité pour le renvoyer et le mettre au chômage. Ainsi, de retour d'un festival à Oued Souf où il a été membre d'un jury, Haroun El Kilani se retrouve renvoyé de son emploi.Contacté par téléphone, Haroun El Kilani n'a pas hésité à exprimer son incompréhension quant à l'attitude de ce directeur qui fait la loi. «Le wali de Laghouat, dès son installation, m'avait donné feu vert pour exercer mon travail d'homme de théâtre parallèlement à ma fonction à la Maison de la culture qui m'assure un salaire, tout juste de quoi payer mes factures», dira-t-il. «Ce licenciement qui s'est fait sans préavis n'est que la suite des nombreuses tentatives de sabotage dont j'ai été victime avec ma troupe», ajoutera-t-il.Soutenu par l'association Chabab Laghouat, l'artiste et des jeunes venus le soutenir en masse se sont rassemblés, jeudi dernier, au niveau de la Maison de la culture. Après l'intervention de la sécurité et un représentant du wali, Haroun El Kilani a été réintégré, mais l'artiste n'a pas dit son dernier mot. «La Maison de la culture est mal gérée, l'auberge ainsi que la cafeteria sont fermés. La salle dans laquelle la troupe effectue ses filages est aussi fermée, je ne comprends pas pourquoi on ferme les portes à des jeunes !», s'indigne l'artiste.Aujourd'hui l'association Chabab Laghouat et Haroun El Kilani ont dressé une liste de revendications pour mettre fin à la dictature du responsable de la Maison de la culture et faire de cet établissement un lieu de création destiné avant tout aux jeunes et laisser ces derniers jouir de ce que l'Etat a mis à leur disposition.Une large compagne de soutien à l'artiste Haroun El Kilani a été lancée sur la toile, ce qui prouve la grandeur de cet homme qui a porté sa ville sur les scènes de nombreux festivals nationaux et internationaux.Encore une fois, l'artiste est humilié, marginalisé, rejeté à cause de décisions de certains responsables locaux dont les dérives et les abus de pouvoir retombent sur l'institution dont ils sont les représentants, et par conséquent l'Etat.W. S. M.
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Posté Le : 28/02/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Wafia Sifouane Mouffok
Source : www.latribune-online.com