L'artiste dans tous ses états

Elle porte sur la situation de l'artiste en Algérie, avec une magnifique cohésion entre la mise en scène, le jeu des comédiens et la scénographie simple et parfaite. La pièce met en scène quatre personnages et dépeint les traits de caractère d'un musicien (Khaled Tahri), d'un poète (Salah Habous), d'un cinéaste (Abderrahim Bouterfas) et d'un peintre (Nadir Benbrahim). Traitant la réalité sociale dans une conception actualisée, le metteur en scène, Youcef Habouche, a choisi de mettre en valeur l'artiste, ses différents rôles sur les plans professionnelle et familial. Avec ce mélodrame, les jeunes de l'association Riadh confirment une orientation sociale du théâtre amateur où l'écoute des inquiétudes de la jeunesse semble guider la création. Le malaise de la jeunesse est abordé, ici, par le biais de l'histoire d'un passionné de la musique diwane, cinéaste, un acteur et un étudiant sous la coupe de trafiquants de stupéfiants et autres rôles complexes. Dans une attente interminable, les quatre personnages, malgré les aléas, aspirent à une vie meilleure et moins pénible. Youcef Habouche et son équipe optent pour un vocabulaire simple et parfois similaire au langage courant. Les mots sont habillés en profondeur. Ils aident à découvrir ou redécouvrir soi-même. Le spectateur est surpris de voir tellement de choses, d'écouter autant d'histoires, racontées et exprimées. La pièce, mise en scène par un jeune auteur, a connu un franc succès et confirmé un grand potentiel artistique, malgré des maladresses dans la mise en scène, relevées par des spectateurs avertis. L'exil et la « Harga » (émigration clandestine), comme attendu, a été aussi abordé dans une narration recherchée et étudiée. « Tiha oua nodha », s'était également penchée sur l'actualité sociopolitique dans les sociétés actuelles, en traitant ce thème sur le mode de l'absurde à la Ionesco. Cette ?uvre a exprimé une volonté de produire un théâtre où l'énergie créatrice serait au service de la société.