Où est la reconnaissance de l’écrivain, de l’artiste peintre, du dramaturge, du cinéaste, du comédien, du poète?
Notre pays s'achemine vers une nouvelle ère constructive et prometteuse, sous la bienveillance du président Abdelmadjid Tebboune. Décisions éclairées et pertinentes, qui relève du bien-fondé de la problématique culturelle et artistique. Initiative heureuse, en soi, mais qui dans d'autres camps demeure incomprise, malgré l'acte décisionnel de la haute sphère. Cette constance essentielle dans une société qui se veut représentative dans sa culture, dis-je, dans son histoire, dans son état civilisationnel, se trouve après des décennies, contrariée par des esprits atteints de fébrilités, contraintes insistantes et gravissimes, au blocage bureaucratique aventuriste, touchant de plein fouet l'artiste, toutes branches confondues: arts dramaturgiques, lyriques, picturaux, littérature, arts traditionnels, cinématographiques, et autres. Phénomène de déculturation s'amplifiant aux moindres contextes circonstanciels.
Cette nature irresponsable, imprévisible, impacte l'élan artistique, dans sa voie honorable, et qui perdure dans le temps, ne peut donc servir, ni conduire les bonnes volontés dans la voix édictée par la corporation ni répondre aux exigences de l'heure, en rapport à l'écoute des publics, et dans l'attente du renouveau. Moi-même issu d'une famille des arts et culture, voilà plus de 64 années, dans l'art dramatique, musical, pictural, sculptural, théâtre de marionnettes, entre autres, chargé des Festivités nationales, écrivain, ex-formateur de cadres, il m'est par moment difficile de me situer dans cette cacophonie de choses qui ne concordent pas aux objectifs des faits et réalités artistiques, du fait qu'elles ne répondent pas à l'esprit, encore moins aux formes et fonds fondamentaux, exigibles sur le terrain. Que dire de l'esthétisme de l'art, compris au sens propre. Cet amalgame entretenu par des tiers, voulant, ou s'imprégnant subjectivement de certaines idées contraires aux réalités du milieu, confondent El- Fen avec El Aafen (des dérivés au détriment de l'art), le monde artistique saisit ces nuances professionnelles et comprend la teneur et la portée des mots, dans leurs propres dimensions.
Mon intervention modeste, se veut dans ce cadre un élément sur la mémoire collective, pour servir l'Algérie, ses hommes, et sa culture. L'Algérie a connu les affres et les supplices incomparables dans l'histoire des peuples, meurtrie dans sa chair, dans sa terre, dans ses biens matériels et immatériels, etc. D'aucuns ne sauraient décrire toutes les atrocités qu'à vécues ce vaillant peuple dans ces phases inimaginables, et incompréhensibles. Sachant que cette colonisation française engendra les pires des pires, s'échelonnant, non pas à partir de Nov-54, mais bien plus avant: depuis l'ère de l'Émir Abdelkader, cheikh Mokrani, cheikh El Haddad, cheikh Bouamama, jusqu'à Ben M'hidi, Amirouche, Ali la Pointe, El Haouès, Ali Maâchi, Med Touri, Hassiba Ben Bouali, Fernand Yveton, Jacqueline Gueroudj, et les autres. Ainsi s'inscrit cet itinéraire historique dès 1830, années de braises, à 1962, l'an de l'Indépendance. C'est dans ces épopées glorieuses d'hommes et de femmes que l'occupant exterminait dans l'anonymat des millions de martyrs algériens, et voulait de surcroît anéantir la culture, mère nourricière du pays. Et, par ces faits indubitables, le nombre d'Algériens n'est plus d'un million et demi, mais bien plus, de huit millions et demi de martyrs, lesquels doivent être inscrits dans les annales officielles algériennes, et pour nos enfants, nécessairement.
Des faits dévastateurs
La culture des autochtones résistera à ces dilapidations outrancières, caractérisées par des violations extrêmes, des vols en bonne et due forme d'un bien d'autrui, ni plus. L'artiste quelle que soit sa nature, sa raison, sera confondu dans ces périples dangereux et optera pour la défense de son identité fondatrice, avec ses chants, ses graphismes, ses écrits, ses poèmes, son théâtre, ses peintures rupestres, oeuvres peintes, tous genres confondus, comme armes efficientes à l'endroit de cet occupant spoliateur, et mystificateur à outrance. À d'autres, par les moyens dans la branche armée révolutionnaire. C'était là, le rôle indescriptible, révélateur, de l'artiste au service de sa culture, de sa nation. Mais, dans tout cela, que devient cet emblématique artisan des arts et de la culture, dans sa vie au quotidien, dans sa profession, dans sa personne intérieure, dans son moral, ses impossibilités matérielles, et autres...si ce n'est son délabrement socioculturel navrant, démoralisant, déstabilisant, compte tenu de sa déchéance sociale extrême. La réalité est là, malheureusement, il faut la regarder en face pour extirper ces faits dévastateurs dans ce milieu noble, source digne, à l'image de ses enfants.
Les exemples sont nombreux dans ce cas de figure: le défunt Sirat Boumediène, décédé à Mostaganem, laissant une famille dépourvue de tout, grand comédien ayant a son actif dans le Monde arabe des reconnaissances exemplaires, pour son pays, Alloula, Medjoubi assassinés en 1993, parti eux aussi au nom de leur culture, mon propre frère Asri Abbou, mort en 1986, à 46 ans, laissant sept enfants, ancien incarcéré dans les couloirs de la mort, fidaï de Nov-54, parti sans aucune considération, d'un malaise lors des préparatifs du Festival national en 1986. Et, votre serviteur, ayant pris part culturellement, à l'émergence de la donne, après 64 années de précieux services, en attente... sans écho...telle mes (3) Tomes sur L'Art et la Culture en Algérie (12 années de recherches + 6 ans d'attente), à cela, des projets et ouvrages pluridisciplinaires, sans réponses, est-ce des manquements, au ministère de la Culture, depuis le 21-02-2022? Que dire encore sur les constats amers, des créateurs d'oeuvres d'art: un romancier connu et apprécié, demeure en retrait dans la pauvreté et ne peut subvenir aux besoins de sa famille, lui-même malade, ses ouvrages aussi. Encore...un dramaturge, metteur en scène et comédien connu, dans l'attente de prises en charge de ses travaux, et contributions culturelles. Qui ne connaît pas Si Aliouet, un pilier de la comédie algérienne, depuis, dans l'expectative, l'indifférence. Et la liste de cette lignée charismatique n'en finit pas. Mon souhait est de voir l'autorité concernée faire sa propre lecture et d'en tirer les finalités.
Issiakhem, Khadda et les autres...
Autre volet, et pas des moindres, le statut de l'artiste, notamment lequel connaît tant de péripéties, des chamboulements, des reconsidérations, des contradictions, voire ses tenants et aboutissants...j'ai dans cette ligne de réflexion, apporté ma contribution relative à cette problématique culturelle, dans le journal L'Expression, ouvrant une parenthèse pour ce chapitre important, titré Problématique culturelle et artistique en Algérie, en date du jeudi-27-05-2021, pensant atteindre ces responsables, afin de rétablir de l'ordre dans ce contexte privilégié et complexe.
Malheureusement sans suites palpables. J'ajouterai qu'en 1990-1991, nous fûmes une panoplie de femmes et d'hommes, multidisciplinaires: écrivains, comédiens, cinématographes, chanteurs, plasticiens, poètes, journalistes, et autres, formant «Le Cercle culture et progrès», sous la conduite de feu Laâdi Flici (assassiné en 1993), écrivain et médecin connu, le défunt Si Habib Hachelef, (écrivain, poète, scénariste, historien), Belaroussi. B- S/G de l'Unap), Aïcha Haddad, Mustapha Benkahla (décédés), et moi-même, plasticiens, Ahmed Agoumi, Farida Saboundji (comédiens connus), Farhat (rédacteur-journaliste), assassiné en1993, Med Amari (chanson moderne), et tant d'autres, avions défini les généralités de ce statut (de l'artiste), il a plus de 32 ans, proposé à qui de droit, un travail conséquent, avéré. Ou en est-on depuis???
Ainsi, je ne saurai omettre de citer nos illustres peintres Med Issiakhem, Med Khadda, Baya, Sahouli, Les Racim Med et Omar, Aïcha. H, Bendebagh, Benanteur. A, Yelles. C.B, Mesli. C.M, Martinez. etc... Arts lyriques: C. Med Anka, C. T. Fergani, C. Menouer, C. Bedjaoui, C. Ahmed W, C. Med Tahar, C. Hamada, C. Bachtardji, C. Ksentini, C. Akli Y, C. Tatma, C. Dziria, Idir, Iguerbouchen...Théâtre: Abd. Kaki, A.E.K. BenaÎssa, Alloula A.E.K, Mustapha K, Hassen H, Keltoum, Agoumi Med...Ciné: Yasmine A, Med. Chouikh, Rachid. B, Lotfi. B, Med.Hazourli...Lettres: Assia Djebar, Kateb Y, Mouloud. F, Mammeri, Anouar H, Rachid.Bou, Meziane.N, Yefsah. A...Poésie: Sidi Lakhdar B, Mohand ou M, Ben Msaib, Bentriki M, C. Mustapha B, Bensahla B, C. Bentobdji. A.E.K, Moufdi. Z. Ce n'est là qu'un embryon du monde des arts et de culture. Ces éminentes personnalités, lesquelles ont enfanté des richesses incalculables à notre chère patrie. Au développement des connaissances indubitables, inhérentes au patrimoine national. Ils sont méconnus encore.
Faute de me répéter, j'aborde pédagogiquement ce dicton du sage et philosophe Confucius (551-479-Av-J-.C.) «Une Nation sans culture est une Nation morte», qui nous renvoie au savoir au sens large du terme, et, pour que certaines «consciences» prennent conscience quant aux primautés pertinentes du savoir (la culture). Et, de Paul Gauguin, artiste peintre impressionniste de renom, intervenant par: «D'où venons-nous? que sommes-nous? où allons-nous?», remettant ces questionnements de l'homme à sa nature originelle (sa culture), et par-delà, son état primaire... C'est dire que l'art, à sa naissance exprimait, et exprimera ces états d'âme (socioculturels).
Où est la reconnaissance?
Cette culture globale qui émane de tendances diverses, ayant les mêmes similitudes originelles: dont les messages, les sons, le visuel, formes, couleurs, le verbe, adoptant, et adaptant ces signes révélateurs pour la mémoire. Ces faits évidents, nous renvoient aussi, aux éminents chouyoukh, auxquels (elles) nous devons tout, respect, devoir afin de leur rendre justice, pour tout ce qu'ils (elles) ont constitué, bâti cette pyramide de choses culturelles époustouflantes, émouvantes, pour nous, pour la postérité. À ceux partis vers l'Au-delà, sans contrepartie d'ici-bas...sans quémander des...ou s'arroger des droits sur...ils se sont envolés sans bruits ni tambours, mais dans leurs coeurs meurtris, leurs progénitures ont été livrées à leur sort. Ils furent déchus de leurs titres d'honneur, chose qui relève de l'éthique et la déontologie.
Ainsi, les doléances, les demandes, les requêtes, les démarches, les ouvrages, les oeuvres...de quelles manières sont-elles traitées, évaluées, analysées? et les traitements de rejets, les incompréhensions, les reconsidérations, les contradictions entre le vrai au faux, des oeuvres écrites, peintes, construites??? Où est la reconnaissance de l'écrivain, de l'artiste peintre, du dramaturge, du cinéaste, du comédien, du poète, et ce recul des éditions (certaines), des galeries (certaines) et par lesdits responsables des filières concernées? Comment peut- on élaborer des programmes démunis de normes professionnelles: dates, valeurs artistiques, temps convenus, salaires correspondants, prises en charge effectives, lieux appropriés, sollicitations et aides, échanges, et, et... et à quelles bases pratiques obéissent- elles? Ainsi que les cartes d'artistes qui n'arrivent pas? Et par les oui-mais... Certes, la carte d'assistance aidant, mais limitative, peut-elle objectivement couvrir les impondérables de leur vie? Il semble que l'artiste est pris en otage dans ces cas de figure, marginalisé, dans les tiroirs, sinon comment saisir ces infernales épopées répétitives, qui perdurent. Comment devrions-nous accompagner l'homme de culture, l'artiste, avec tout le respect, les honneurs qui lui sont dus, vers un horizon meilleur? Le pacte pour la mémoire n'est pas un jeu de hasard, mais un acte responsable, conscient et essentiel.
*Plasticien, marionnettiste, sculpteur, comédien, écrivain, ex-prof des arts et de la culture et chargé des Festivités nationales.
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Posté Le : 21/07/2023
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Abdelkader Abbou
Source : lexpressiondz.com