Algérie

L'artillerie... verbale en action



Dieu merci, les victimes des accidents de la route, en Algérie, ne servent pas qu'à être des chiffres qui s'empilent sur les tableaux des statistiques. Un humoriste célèbre, François Allais, avait relevé fort pertinemment que c'est en temps de guerre que la mortalité chez les humains augmentait le plus. Il n'y a pas de mal à se revendiquer de son héritage de spiritualité décapante pour constater que, chez nous aussi, c'est pendant le Ramadhan que les automobilistes et leurs passagers meurent le plus. Un constat qui, du reste, n'a pas échappé à la Police et à la Gendarmerie, les deux corps chargés de rendre nos routes moins assassines et qui tiennent l'opinion régulièrement informée de l'ampleur de l'hécatombe. Mais pourquoi, diable, le font-elles chacun de leur côté ' Et pour quel résultat ' Allez savoir. Inviter à la prudence par le respect du Code de la route et tout mettre sur le dos des automobilistes inconscients et imprudents ne sert qu'à enfoncer dans le dérisoire et la mortifère banalité un sujet autrement tragique. Fort heureusement, la presse dans son ensemble revient inlassablement sur ce qui est en passe de prendre la dimension d'une tragédie nationale si le gouvernement persiste dans son impassibilité. Non, messieurs, dans tous les pays du monde, les automobilistes deviennent des délinquants en puissance dès qu'ils sentent que la bride est lâchée et que l'uniforme planté au milieu de la route n'a pas plus d'effet dissuasif qu'un épouvantail sur les oiseaux prédateurs. On peut le dire sans pécher par excès, ce qui se passe sur les routes d'Algérie, c'est de la non-assistance à personne (s) en danger. Il paraîtrait que les autorités aient tiré le frein à main 'sans jeu de mots- pour ne pas aggraver le mécontentement social générateur d'émeutes, lesquelles sont leur seule vraie bête noire. Les responsables qui refusent de sécuriser nos routes, ou plutôt la circulation routière, devront prendre cinq minutes, juste avant ou après le «Tarawih», pour méditer cette citation de Shakespeare : «Mieux vaudrait, après votre mort, une méchante épitaphe que, de votre vivant, un mauvais renom.» Le mois de Ramadhan est particulièrement propice à la piété et à la sagesse qui devraient être portées par une détermination que rien n'atteint. C'est ce que nous disent, uniment et à l'unisson, tous les exégètes de l'islam. Mais il semble qu'il en va de la lutte contre la délinquance routière comme de la répression contre les pratiques spéculatives sur les marchés où les ventres tenaillés par la faim vont s'approvisionner pendant ce mois sacré. Action ridiculement répétitive, les autorités ont, là aussi, sorti la grosse artillerie'verbale. Et ont fait part de leur résolution-cette fois c'est la bonne- à porter un sérieux coup de fouet à l'anarchie qui gangrène les circuits de distribution et saigne aux quatre veines les pauvres consommateurs livrés à une mafia indestructible et si forte qu'elle dispute en toute impunité à l'Etat ses propres espaces. Il en a été question la semaine dernière auprès de hauts responsables de l'administration du Commerce. C'est promis, d'autres textes vont être promulgués pour réguler l'activité de distribution commerciale et des marchés réglementés seront ouverts. Sauf que ceux qui le sont déjà sont pour la plupart boudés, désertés, abandonnés par les commerçants qui devaient prendre possession des lieux, leur préférant les zones de non-droit que sont devenus les trottoirs, les cours des cités, les bas-côtés des routes'Comme quoi le donquichottisme, même quand il prétend être en action, reste du donquichottisme, c'est-à-dire un combat contre les moulins à vent. Aussi vrai que l'anarchie, par essence, n'est pas amendable par régulation, celle-ci ayant pour champ d'application ce qui est censé fonctionner déjà dans un cadre organisé, légal et réglementé.Vous avez dit artillerie lourde ' Souffrez cette petite digression hors Algérie, d'une «comprenette» («Rassi h'bass») qui n'arrive pas à comprendre. Des djihadistes de tous les pays affluent de toutes parts vers la Syrie pour faire le coup de feu à Alep. Ils sont d'Al-Qaïda et d'Aqmi, considérées par les puissances occidentales comme des organisations terroristes parmi les pires. Ces mêmes puissances occidentales les arment et les acheminent vers le champ de bataille et ensuite elles viennent crier au loup parce que les forces régulières de Bachar al-Assad s'apprêtent à les exterminer. Non, mais c'est quoi ça !!'
A. S.


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