Algérie

L'art se conjugue au féminin à Annaba La culture se dédie à la femme



L'art se conjugue au féminin à Annaba La culture se dédie à la femme
De notre correspondant à Annaba
Mohamed Rahmani

Le Théâtre régional Azeddine-Medjoubi d'Annaba, ressuscité et rendu aux artistes l'espace d'une semaine s'est conjugué au féminin au grand bonheur d'un public longtemps sevré de ces spectacles où la fête prenait le pas sur un quotidien morne et triste, une occasion pour les talents d'éclore ou de s'affirmer.
Ainsi, la gent féminine a pris sa revanche en organisant un festival où le quatrième art a retrouvé sa place et ses lettres de noblesse dans ces représentations et ces spectacles où les comédiennes se sont surpassées en mettant en scène la vie, une vie de tous les jours où la femme martyrisée, violée et violentée, reléguée au second plan et, décrétée mineure à vie, n'a pas droit de cité.
Une peinture vivante d'une société encore accrochée à des traditions révolues mais qui se maintiennent malgré tout, ancrées qu'elles sont dans une éducation qui fait que la société est encore et toujours faite par les Hommes pour les Hommes et que le rôle de la femme se résume à la compagne, à la «reproduction de l'espèce» et à la tenue du foyer, sans plus.
La polygamie, soulevée par une des pièces qui met en scène deux femmes épouses d'un homme qui en a fait ses esclaves et ses jouets, ou encore Nissa bila malameh (femmes sans portraits) où le sort de trois femmes violées est entre les mains d'un homme qui les martyrise, les violente et les traite d'une façon monstrueuse. Leurs sentiments, leurs peines, leurs vies et leurs existences sont effacées et pour ce personnage, sorti tout droit de l'époque médiévale, ces femmes restent des femmes au sens péjoratif du terme comme la société le veut, des femmes sans traits, sans différences, elles sont là pour le plaisir du mâle dominateur et viril. Les rôles,
admirablement joués par ces comédiennes talentueuses, ont ému le public qui a communié avec elles partageant leurs peines et leurs tristesses, une sorte de catharsis qui, plus tard, avait donné lieu à des tonnerres d'applaudissements au tomber du rideau et qui s'est prolongé avec le retour de ces femmes interprètes pour se décliner sous la forme de youyous qui fusaient de toutes parts.
La pièce Maya, histoire d'une jeune femme éprise de Flamenco qui a franchi clandestinement la Méditerranée pour se retrouver en Espagne et vivre ainsi son rêve. Mais du rêve on est vite passé au cauchemar, la réalité est toute autre : sans papiers et sans ressources, c'est le drame, c'est le retour et la galère. Une réalité encore plus dure pour une femme dans une société qui ne lui reconnaît même pas le droit d'essayer de réaliser ses rêves.
Puis ce fut le tour des fkairate d'Annaba qui ont fait vibrer sous leurs chants et leur musique un public nombreux ranimé par le bendir et les instruments traditionnels pour donner libre cours à des danses dans la grande salle, ponctuées par des youyous poussés par la gent féminine.
Dame Culture était donc une invitée de marque à Annaba où, durant la première semaine du mois de mars, elle s'est conjuguée au féminin. Et comme par hasard, le mois de mars porte en lui cet hommage mondial qu'on rend à la femme le 8 de ce même mois. La femme pourtant mérite mieux qu'une journée, elle doit être fêtée tous les jours.


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