Algérie - Revue de Presse


L?Etat vient de recruter un nouveau « porte-parole » : cheb Mami. Un cadeau au monde des arts et du spectacle ? A Paris, le chanteur raï a parlé de l?état de santé du président de la République même s?il a évité, presque avec maladresse, les caméras des télévisions françaises. A Alger, Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement, continue, avec un rythme nonchalant, de démentir « les rumeurs insensées » qui courent au sujet de la maladie de Abdelaziz Bouteflika. Selon ses dires, cheb Mami a vu Bouteflika à l?hôpital militaire du Val-de- Grâce. Ahmed Ouyahia n?a pas rendu visite au malade. Les Algériens, eux, n?ont rien vu, rien entendu. Ni à la télévision d?Etat qui, pour l?occasion, garde intacts les réflexes des années de plomb. Ni ailleurs. Pas d?images du Président en convalescence. Ce sont donc les paroles de cheb Mami contre le reste du monde. Mami a-t-il plus de crédibilité qu?Ouyahia ? La star qui, un jour, avait chanté Saha, ya saha. Chanson dans laquelle il racontait que la santé était « l?ennemie de l?homme... » Au-delà du coup médiatique que l?artiste s?est offert, le drame, le vrai, réside dans cette manière curieuse qu?ont les décideurs de communiquer. Installés dans une attitude agressive et défensive à la fois, ces dirigeants se croient obligés d?évoquer des « rumeurs » qui, fatalement, veulent du « mal » à l?Algérie et à son Président. Cette fois, ils ont eu de la peine à trouver « une main de l?étranger » qui voudrait frapper le pays. La raison est peut-être simple : le chef de l?Etat se fait soigner à... l?étranger. Aucune remise en cause ni aucune autocritique pour comprendre les raisons de l?existence de la rumeur. Depuis fin novembre, et depuis le transfert de M. Bouteflika en France, le gouvernement a évoqué, au moins à trois reprises, le retour, « dans quelques jours » du chef de l?Etat. Les jours passent et toujours pas de retour. La méthode adoptée pour communiquer autour de la maladie du Président ressemble presque à un reproche fait aux Algériens de se poser des questions. La rumeur naît et enfle dans la rue. Faut-il en vouloir pour autant à la société ? Fait curieux : le Parlement, où siègent les supposés « représentants » du peuple et les partis se taisent. Personne ne demande à être informé, comme si la chose était l?apanage d?un cercle fermé. Cercle où tout se fait et se défait. Ailleurs, le mal prend d?autres aspects. Un débat sournois s?est installé en France sur le payement de la facture de l?hospitalisation du Président au Val-de-Grâce. Aucun officiel algérien n?a jugé utile d?apporter des réponses ou des explications. C?est peut-être là une autre preuve de « la bonne santé » de la diplomatie algérienne qui, selon son chef, veut rompre avec la tradition des petits fours.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)