L'art du mouvement

Amar Saadani obligé d'écourter son meeting à Sétif au motif d'une salle presque vide et qui annule deux meetings prévus dans la foulée à El Eulma et Aïn Oulmane. Amara Benyounès et Amar Ghoul n'ont pas tenu 10 minutes, hués et sifflés dans une salle à Bouira. A Béjaïa, les habitants ont juré ne tolérer aucun meeting des partisans de Bouteflika. A Blida, même Abdelmalek Sellal a dû écourter son intervention en l'absence de la foule convoquée. Et, un peu partout dans le pays, des fonctionnaires refusent d'être réquisitionnés pour remplir les salles. Le 4e épisode de l'épopée «Bouteflika le moudjahid de la stabilité» ne fait apparemment pas recette et les producteurs qui l'ont déjà pré-vendu à la télévision ne savent pas comment le vendre en salles.Du coup, on peut se demander qui sont ces millions qui ont supplié Bouteflika de se représenter. Car la théorie de la reconduction repose sur un principe très simple : le peuple, sain, demande à ce que Bouteflika, malade, se représente. Bouteflika est bien obligé et se représente en arguant qu'il ne le fait que parce que le peuple le lui a demandé, tout en expliquant ne pas lui avoir demandé de le lui demander. C'est évidemment de la littérature coréenne versant Nord, revenons donc au cinéma.Le principe est encore plus simple, car basé sur une succession rapide d'images fixes qui défilent à l'écran, donnant l'illusion du mouvement. Mais si le sujet est immobile, assis et surtout invisible, le principe ne peut pas fonctionner. Il y a pourtant une technique pour donner cette illusion de mouvement : faire bouger la caméra au lieu du sujet, ce que tentent de faire les producteurs en envoyant de mauvais acteurs sillonner le pays. Il y a une autre technique, simple et plus naturelle : les tremblements de terre, où tout bouge en même temps. Mais là, il n'y a que les spécialistes du DRS, section effets spéciaux, qui peuvent le faire.