Algérie

L'art de dépenser sans compter Edito : les autres articles



La loi de finances pour 2013 devrait consacrer une nouvelle approche des dépenses publiques, selon les premières données recueillies. La chute des prix du pétrole constatée lors de la troisième semaine de juin, où le baril de brent était descendu en dessous des 90 dollars, un seuil entrevu comme symbolique, a sonné l'alerte au niveau de l'Exécutif.
Il faut dire que la persistance de la crise au sein de la zone euro et les difficultés rencontrées par la Grèce, l'Espagne et l'Italie avaient fait plonger les marchés, avant que des mesures ne soient envisagées par les institutions européennes pour les rassurer. Mais malgré la reprise des cours, la situation reste fragile et l'Algérie reste dépendante des recettes des exportations d'hydrocarbures et suspendue à la volatilité des cours du pétrole.
L'augmentation des prix du pétrole depuis le début de la décennie 2000, renforcée par une augmentation de la production grâce aux découvertes faites dans les années 1990, a créé une sorte d'euphorie dépensière. Si l'argent du pétrole a servi à rembourser de manière anticipée la dette extérieure et permis aussi d'achever plusieurs infrastructures importantes pour le pays, il a aussi contribué à faciliter des pratiques comme le gaspillage, la corruption et les dépenses de prestige dans un pays qui tire malgré tout sa richesse que de l'extraction du pétrole et du gaz naturel.
Le train de vie des institutions de l'Etat, à la faveur de l'augmentation des recettes d'exportation ces dernières années où des structures publiques, y compris certaines entreprises, a renforcé le système de la rente et fait reculer toute idée d'investir dans la création de richesses. Le développement de la corruption à travers le système des surévaluations des projets a touché tous les secteurs d'activité.
Les dépenses publiques, qui ont pris des proportions importantes, ont encore renforcé cette impression de richesse qui, pour l'instant, ne repose que sur la valorisation des hydrocarbures. Le fait que beaucoup d'argent se retrouve sur la table à la faveur de l'augmentation des prix a donné l'illusion qu'il était possible de dépenser sans compter.
Si l'Exécutif a décidé de revoir à la baisse les dépenses de fonctionnement et de ne plus programmer de projets tant que les anciens n'ont pas été lancés et que leurs enveloppes n'ont pas été consommées, ce sera un premier pas pour améliorer la gestion des finances du pays. Mais cet aspect ne pourra pas, à lui seul, améliorer la situation. Une véritable lutte contre la corruption avec la réparation du préjudice causé au Trésor, une amélioration du climat des affaires pour favoriser les investissements et une meilleure gestion du secteur du commerce pour ne pas alourdir la facture du soutien des prix feraient beaucoup de bien aux finances publiques.


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