Algérie

L'Art autrement vu : la sérénité en couleurs



A l'ère de l'urgence, Hafid Youcef peut encore se permettre de flâner; il s'abstient tout simplement de gêner l'irrésistible élan de la nature. Il ne lui dispute pas son temps, il s'applique à retrouver en elle la teinte du bonheur.

Ses paysages gagnent alors en quiétude et en sérénité. L'âme de ses restitutions déborde leur propre réalité.

Hafid Youcef use avec dextérité du formidable raccourci qu'offrent les couleurs pour conter, en un regard, la longue histoire de l'homme dans sa conquête d'une place honorable dans la nature. Il intercale, entre les exploits de la vie, les envolées lyriques de l'homme comme pour adoucir le courroux inné des éléments. Il n'en veut retenir que le souffle envoûtant de la beauté et son rythme délassant. Il déroule alors des compositions câlines et chatoyantes et plante au milieu de la sobriété l'étendard de la sensualité.

Il brode une interminable anaphore d'éclats et de lumières à la générosité de la nature et à sa clémence envers l'homme.

Le rouge obstiné et le jaune estompé s'entendent à merveille pour rendre hommage à une terre grosse d'une tendresse verte.

La ville s'éveille et s'endort sous la bienveillance d'un soleil majestueux qui irise ses formes au petit matin et jette sur elles une douce pénombre au crépuscule .

Tous les sens s'épanouissent dans des signes qui s'agglutinent autour d'une source invisible, comme pour s'abreuver d'une mystérieuse substance qui fait briller leurs couleurs de mille feux.

Le rose se fond dans un orange qui ose s'affirmer entre les grilles bleues et vertes d'une enceinte sans repères. Le bleu des symboles se décline dans tous les tons sous une lune incandescente pour rappeler à l'homme qu'il n'est que mémoire. La nature est étrangement «silencieuse», chez Youcef HAFID, et ses couleurs veloutées planent dans la lumière comme autant de papillons dorés.

La «vieille masure» annonce fièrement «le mont Chenoua» éclaboussé par le bleu accompli d'un ciel qui ne cesse de le caresser comme pour le ravir aux reflets des ondes. Le «chemin montant» s'étire paresseusement vers un village de «toitures rouges» que les nuages abreuvent de lumière faute de pluie. Youcef HAFID nous convie à une virée fantastique dans une nature insouciante mais vite effarouchée par le talent inattendu de celui qu'elle a pris pour un promeneur.

Les formes et les traits vacillent sous la caresse d'un regard aimant mais authentique, capable de débusquer les lueurs tapies dans l'obscurité.

L'exubérance des couleurs cache mal une spontanéité promise à la pudeur. Des couleurs qui parlent au cÅ“ur comme à la raison et des nuances qui chargent d'émotion les plis encore vierges de notre mémoire.

Youcef HAFID arpente les espaces en jetant un regard tendre et délicat sur l'insouciante nudité du jour, nous offrant une Å“uvre qui à peine dévoilée habite aussitôt et pour longtemps le regard de son visiteur. Le charme a réussi à traverser ses doigts experts comme il aurait pu s'échapper des cordes vocales d'un ténor.








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