Algérie

L'Art autrement au : la symphonie inachevée des couleurs



Zohra Tanem ne cherche pas à reproduire le monde mais la vie ; comme une abeille elle butine çà et là les rosées de la sérénité. Une sérénité, qu'elle ne veut pas maitriser mais seulement apprivoiser et, ce faisant, elle peut prétendre avoir gagner la confiance du beau. Elle en retient, alors, des moments de complicité qu'elle nous offre généreusement dans des Å“uvres toujours inachevées. Elle mène, patiemment, une quête fébrile et entêtée de l'équilibre émotionnel.

Sous sa griffe énamourée, l'âpreté de la nature est attachante et la simplicité des êtres, un raffinement. Le fond ocre, brutalement jauni par l'incursion d'une lumière vive, issue de nulle part , est déchiré par la chevauchée d'un fougueux cavalier . Il semble pressé de rejoindre la tente brune qui abrite, au loin, les soins qui lui sont destinés. D'autres cavaliers tentent de calmer le piaffement de leurs destriers blancs pour réussir une exhibition attendue par les leurs. Ils doivent non seulement démontrer leurs talents mais surtout prouver leur sens de la discipline, si nécessaire dans l'immensité de leur environnement. Une immensité qui s'ouvre sur toutes les libertés mais aussi sur toutes les incertitudes.

Le gigantisme de la montagne noire qui s'annonce à l'horizon n'est qu'un futile repère dans cet espace infini, qui ne dévoile son sens qu'à l'intimité des étoiles. Et cette sensation ne se retrouve que devant le grand bleu quand il se joue de la prétention de l'Å“il à saisir ses frontières. Il absorbe l'avidité du regard, la promène dans toutes les déclinaisons de ses lames et l'abandonne au rêve, avant que sa houle ne la fasse frémir de nouveau.

Zohra Tanem dissèque les teintes endoyantes des grains dorés et autopsie le rayonnement des vagues. Elle est convaincue que la mer et le désert dialoguent en permanence et que le corps mousseux de l'une doit toute sa force aux vagues paresseuses de l'autre.

Le sable, la mer ne sont que des vecteurs transitionnels pour amadouer le bonheur. Et pour conjurer leur séparation, elle s'évertue à détruire, chaque jour, le rempart intime qui sépare l'onde bleue des grains dorés et dans sa naïve ambition, elle veut faire du rêve le maçon d'une autre réalité. La réalité, pour elle, est capable de fournir autant d'extase que le merveilleux. Mais le merveilleux n'est-il pas qu'une question de perspective ?

Zohra nous présente des formes qui fuient l'Å“il trop proche mais qui s'accrochent au regard dés qu'il s'éloigne. A distance, ces silhouettes consentent à lui offrir une consistance insoupçonnée, se mettent en parade, en ordre de séduction et lui racontent toute une histoire.

Cependant, cet étrange rapport à l'espace n'est pas qu'une impression, le geste est harmonieusement guidé par une mémoire sans cesse torturée par l'émotion. Zohra se retient , par pudeur, de mettre toute sa dextérité dans ses toiles. Le flou entretient l'intensité du plaisir et aussi la dimension impermanente de la nature. Dés lors Zohra installe en chaque lieu des capteurs de sensations et nous les restituent sous une lumière dont elle ne livre jamais la source. Une lumière forte et incongrue, qui décline, très vite, en lueur ambrée pour pousser la volupté vers son apogée. Et si la lumière n'est que dans les yeux de Zohra ?








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