L'art au service de la révolution

Pour la 9e semaine consécutive, la place M'barek-Aït Menguellet de Tizi Ouzou a accueilli, avant-hier soir, des artistes de différents horizons qui participent aux activités de la manifestation "Révolte'arts" qui est "un événement regroupant différentes initiatives artistiques et culturelles ayant pour but d'accompagner les revendications populaires légitimes et pacifiques du peuple algérien". Contrairement à l'édition précédente, les activités ont débuté à 15h et ont été marquées par des animations musicales, chants, poésie et une exposition de dessins avant de poursuivre à 21h, jusqu'à minuit, avec un espace-débat ouvert à tous les citoyens. Une bibliothèque mobile a été également installée à l'initiative d'un second groupe de jeunes artistes dont le projet s'intitule "le Carré". Contrairement à la 8e édition, les services de sécurité ont été cette fois plus cléments avec les artistes, et l'événement s'est déroulé dans le calme et une parfaite ambiance. Cependant, les organisateurs de Révolte'arts se sont exprimés, à travers un communiqué, sur les derniers incidents qui ont émaillé le dernier épisode où "une série d'intimidations et d'interpellations visant des membres de cet événement artistique ont été enregistrées". En effet, ils ont dénoncé "la logique purement tyrannique dans laquelle s'inscrivent les autorités et leur volonté de pousser la population à la violence et à la confrontation physique dans le but d'instaurer un état de siège et d'interdire toute action qui s'inscrirait dans le mouvement de revendication et d'occupation des espaces publics".Les initiateurs de l'événement expliqueront également que Révolte'arts "joue un rôle primordial dans le contexte sociopolitique actuel et offre aux artistes la liberté de s'exprimer avec leurs propres moyens et à leur façon, tout comme il leur offre l'occasion, et au même titre que le reste des franges de la société, de dire ?dégage' au système qui sévit actuellement en Algérie". Et de poursuivre : "Nous rejetons toute forme de monopolisation de l'expression artistique, culturelle, voire même de la pensée, qui sont menacées par les mécanismes de censure et de blocage bureaucratique mis en place par le système". Et en dernier, Omar, l'un des organisateurs de Révolte'arts estimera que "l'événement s'est imposé pacifiquement, et nous espérons que le message est passé et qu'ils ont compris que toutes ces énergies sont des énergies positives et constructives. Rien ne pourra arrêter cet élan de jeunes qui ont compris le sens de la révolution et ont le ras-le-bol de tout ce qu'ils ont vécu, eux qui demandent un changement qui réponde à leurs aspirations et aux valeurs qu'ils défendent".
K. Tighilt