Algérie

L'art a du mal à investir le monde des enfants Emplois du temps surchargés et manque de moyens se posent comme un frein


L'art a du mal à investir le monde des enfants                                    Emplois du temps surchargés et manque de moyens se posent comme un frein
De notre correspondant à Constantine
Nasser Hannachi
L'enseignement artistique ne rime pas avec scolarité. C'est l'appréciation unanime que font tous les parents que nous avons rencontrés. « Cela n'existe pas chez nous depuis que l'école s'est consacrée au bourrage de crâne», déplore une parente, mettant en avant la fatigue des enfants avec des emplois du temps chargés que les élèves n'arrivent plus à suivre régulièrement. Donner des cours de soutien à son enfant ou l'inscrire pour une initiation aux arts est un véritable dilemme. «Encore faudrait-il offrir aux enfants le climat et l'environnement adéquats pour qu'ils excellent dans la pratique des arts, car il y a peu de structures vouées à ces disciplines et ce n'est pas donné», ajoute notre interlocutrice. De plus, les enfants n'ont qu'un après-midi et le week-end pour se détendre comme ils peuvent. Pas aussi simple pour ceux qui sont concernés par les examens. Qu'en est-il des autres catégories de scolarisés qui peuvent suivre un apprentissage artistique ' Ils peuvent toujours trouver une heure à mettre à profit pour suivre des cours, parallèlement au cursus scolaire. Mais, à ce propos, la plupart des parents demeurent sceptiques quant à un éventuel chamboulement pouvant altérer le parcours scolaire. Car pour eux, l'enseignement, en parallèle, de disciplines artistiques, même s'il répond aux goûts de l'enfant, risque cependant de le retarder dans ses études. «J'aimerais bien que mon enfant suive les traces des grands artistes, comédiens et autres compositeurs. Mais, franchement, avec le programme scolaire dispensé en classe est-ce possible pour ces hypothétiques talents de joindre les deux bouts sans faille ' De plus, le volume horaire consacré aux arts en milieu scolaire reste minime et, de plus, n'y sont abordées que des généralités», estime un parent. Le son de cloche est tout autre pour une autre mère dont la fille excelle dans toutes les matières : «Je pense que lorsque l'enfant est doué, il peut, sans difficulté, concilier programme scolaire et hobbies. Pour ce faire, il lui faut juste une organisation appropriée de son emploi du temps pour pouvoir réserver quelques heures à sa passion en plus de celles consacrées aux cours et devoirs à la maison», soutient-elle. Mais, dans l'ensemble, le rythme infernal des programmes scolaires fait hésiter plus d'une mère. De fait, l'appréhension de voir ses enfants échouer en classe fait que les parents focalisent toute leur attention sur les notes - aux dépens du niveau et de la qualité de l'enseignement - et les arts ne constituent même pas la cinquième roue du carrosse. Toutefois, malgré ces appréciations, il y a des exceptions. Ainsi, l'enseignement artistique s'impose et intéresse les férus en dépit des grilles scolaires surchargées, surtout quand on sait que l'initiation aux arts requiert énormément de temps. En formation ou en autodidacte, l'apprentissage nécessite des efforts et du temps. Les enfants «versés» dans le domaine sont ainsi obligés de jouer sur les deux fronts pour réussir l'année scolaire, comme l'exigent les parents, tout en poursuivant leurs apprentissages. C'est ainsi que Constantine continue de former des jeunes talents au conservatoire et en milieu associatif. Le rush des enfants vers ces espaces d'apprentissage se manifeste à chaque ouverture des inscriptions. «Je veux bien faire de la musique. Mais il faut d'abord passer par des cours de solfège et j'ai hâte de toucher à l'instrument ; alors, j'ai envie de sauter en quelque sorte la théorie'», nous déclare une fillette. C'est dire la disposition et l'empressement des enfants pour apprendre un art. Pourtant, ses proches ne sont pas de cet avis, estimant que pour elle, son avenir passe par une bonne scolarité ; «La passion demeurera une fantaisie en Algérie», entend-on. Il n'empêche que la complexité des programmes dispensés dans les collèges ne décourage pas pour autant cette masse juvénile désireuse de se frotter à ce beau monde imagé ou sonore, fût-ce quelques minutes par semaine.
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