L'arrêté d'application relatif aux transferts de bénéfices tels que
prévus par la loi de finances pour 2009 vient d'être publié par le Journal
officiel du 28 octobre 2009.
Signe de temps plus rigoureux ou de réhabilitation de l'autorité de
l'Etat, les transferts devront désormais bénéficier d'un blanc-seing préalable.
L'arrêté précise et classe les transferts de capitaux liés à l'activité
commerciale ou industrielle selon leur nature. L'arrêté précise que les
transferts de fonds à destination de l'étranger sont constitués par «les
paiements et les virements de fonds, y compris le rapatriement des revenus des
capitaux», «les remboursements, les produits de cession, de désinvestissement
ou de liquidation», «les redevances, les intérêts et les dividendes». Qu'ils
émanent de sociétés ou de personnes physiques, ces transferts sont désormais
soumis à autorisation préalable. L'administration traduit ainsi sur le plan des
procédures, les orientations plusieurs fois réitérées.
Les chiffres rendus publics par
la Banque d'Algérie, il y a deux ans, ont révélé un volume important des
transferts de dividendes par des sociétés étrangères installées en Algérie. Ces
informations avaient provoqué des réactions d'alertes chez les économistes
algériens: les niveaux des transferts des investisseurs étrangers sont
excessifs, traduisant un faible réinvestissement dans l'économie nationale et
une rentabilité également anormalement élevée de certains opérateurs.
L'importance de ces transferts et leur remarquable croissance avaient en effet
surpris. Durant la période 2005-2007, les transferts ont représenté près de 16
milliards de dollars, soit plus de 5 milliards de dollars par an.
Une explosion
C'est littéralement une explosion des transferts quand on sait qu'entre
2001 et 2004, ils n'excédaient pas 1,5 milliard de dollars par an. Sans
surprise, le gros des transferts, de l'ordre de 80%, est réalisé par les
compagnies étrangères, liées à Sonatrach. Le reste des transferts est réalisé
hors hydrocarbures par les opérateurs de téléphonie mobile (Djezzy, Nedjma) et
à un degré moindre les transferts des banques et établissements financiers.
L'arrêté ne modifie pas les niveaux de taxation des paiements de dividendes
effectués au profit de la société-mère par les filiales d'entreprises
étrangères, ceux-ci restent taxés au taux de 15% selon la réglementation en
vigueur. La loi de finances 2009 a étendu cet impôt aux succursales de ces
entreprises. L'arrêté du 28 octobre stipule donc que ce sont les services
fiscaux qui superviseront les transferts des entreprises étrangères et qui
délivreront un document qui permettra à ces dernières de se rapprocher des
banques. Des formulaires détaillés devront être fournis pour chaque opération
envisagée. Aucun transfert au titre du rapatriement des bénéfices ne pourra
être ordonné par les banques en l'absence du viatique délivré par le fisc.
Les rapatriements d'une partie des bénéfices s'explique naturellement -
les sociétés pétrolières font gagner beaucoup plus d'argent à Sonatrach
qu'elles ne transfèrent de dividendes. Mais s'agissant de prestataires de
service ou d'agents commerciaux, l'on comprend que l'administration s'inquiète
d'une aggravation de la tendance observée par la Banque d'Algérie. La
supervision par les Impôts et le contrôle a priori de cette catégorie de
transferts apparaît donc comme impératif dans un contexte caractérisé par le
faible taux de réinvestissement local des bénéfices par les opérateurs
étrangers.
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Posté Le : 19/11/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com