Algérie

L'arnaque en bout de piste Des délais de livraison qui s'étirent et des défauts de fabrication qui surprennent



La 16e édition du Salon de l'automobile d'Alger, prévue du 19 au 29 mars, est quelque peu différente des précédentes, parce que tenue dans une conjoncture économique un peu particulière, marquée par une nouveauté, celle d'une usine de construction automobile en projet. Une nouvelle donne prise en compte par les concurrents de Renault. Le contexte général du marché de l'automobile, lui, n'a pas réellement changé, des constantes étant toujours en place : taxe sur les véhicules neufs, majoration de la taxe sur les grosses cylindrées, suppression du crédit automobile, obligation faite aux concessionnaires de transférer leurs véhicules du port d'Alger vers les ports de Djendjen, de Ghazaouet et de Mostaganem. Pour cette 16e édition, il y aura plus d'exposants que les éditions précédentes. Il aura des concessionnaires, mais également des assureurs et autres opérateurs. Des milliers de m2 ont été mis à la disposition des exposants. La Safex se déploie du mieux qu'elle le peut à mettre en place toutes les conditions et commodités nécessaires pour la réussite de ce salon. Le Salon international de l'automobile d'Alger est une manifestation majeure, le rendez-vous le plus important après celui de la Foire internationale d'Alger. Et quoi que l'on en dise, le salon de l'automobile s'est construit une notoriété de plus en plus grandissante. Des stands aux standards internationaux sont mis en place. D'année en année, le Salon de l'automobile confirme sa vocation internationale, reflétant le grand intérêt que portent, aujourd'hui, les concessionnaires et les opérateurs économiques au marché national de l'automobile. Indépendamment de ses contours commerciaux, le Salon international de l'automobile d'Alger devrait constituer une belle occasion pour nouer des contacts de partenariat entre opérateurs algériens et constructeurs automobiles. Cela reste cependant une chimère. Il y a de moins en moins de conférences, de rencontres entre chefs d'entreprises algériens et étrangers, d'échange en marge de cette manifestation. Opérateurs algériens et étrangers pourraient pourtant développer ensemble des projets de fabrication de pièces de rechange, promouvoir la sous-traitance, par exemple. Les plus optimistes des experts estiment que le pays est en mesure d'asseoir une réelle industrie automobile, même si l'environnement économique et le climat des affaires ne s'y prêtent pas actuellement. Un ensemble de paramètres est à mettre en place avant de réfléchir à une industrie automobile, notent les spécialistes. Il faut d'abord relever le niveau des sous-traitants, parce qu'un constructeur automobile a besoin de «gens locaux performants en la matière avant de s'engager dans des une usine de montage de véhicules». Toutefois, les choses ont commencé à se mettre en place, avec le lancement du projet Renault. Mais cela reste insuffisant, la production de cette usine en perspective demeurant dérisoire, par comparaison aux usines Renault implantées dans certains pays comme la Fédération de Russie. Les constructeurs automobiles préfèrent, pour l'heure, aller chercher ailleurs, s'implanter là où il y a moins de bureaucratie. Mais, ce n'est pas si évident que cela, dans beaucoup de pays, tout n'est pas rose. Exemple : pour s'installer en Tunisie, les constructeurs se voient obligés de monter des projets en partenariat avec des Tunisiens en matière de pièces de rechange, par exemple, pour faire de l'industrie automobile une industrie intégrée. C'est la question de l'intégration qui semble avoir été privilégié dans un certain nombre de pays. Mais ce n'est pas tout, certains pays, comme l'Egypte, ont instauré d'importantes taxes sur les produits importés dans le but de protéger la production locale. Et pendant que des experts réfléchissent sur la bonne stratégie à mette en place, les concessionnaires enchaînent les bonnes affaires. Et le Salon de l'automobile constitue une belle occasion pour en faire davantage. Il y aura des voitures de sport, des gammes très variées de bolides, relookées, à la finition extraordinaire. Et les Algériens aiment cela. Et, ils achètent, à des prix à sept chiffres. Ils achètent, quitte à attendre des mois et des mois pour réceptionner une citadine. Des délais de livraison qui s'étirent et des défauts de fabrication qui surprennent. Les Algériens découvrent une publicité mensongère. Ils se font souvent arnaquer.
Y. S.


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