Algérie

L'armée turque entre à Afrine


L'armée turque entre à Karkamis en août 2016
L'armée syrienne a indiqué, hier soir, avoir repris l'aéroport militaire stratégique dans la province d'Idlib, deux ans après l'avoir perdu au profit des combattants dits rebelles et considérés comme terroristes par le régime syrien.
La situation dans le nord de la Syrie, au lendemain de l'offensive turque sur la ville d'Afrine, devient préoccupante. Le président syrien Bachar al-Assad a vivement condamné hier l'opération menée par la Turquie dans une région contrôlée par les Kurdes, soulignant que Ankara apportait par-là même son soutien à des groupes extrémistes. «L'agression turque brutale sur la ville syrienne d'Afrine est indissociable de la politique du régime turc depuis le premier jour de la crise syrienne, une politique essentiellement fondée sur le soutien au terrorisme et aux organisations terroristes, quelles qu'elles soient», a déclaré Bachar al Assad, dans une série de communiqués diffusés par l'agence de presse officielle syrienne Sana.
En guise de riposte, le président turc Recep Tayyip Erdogan a dit que ceux qui manifesteraient publiquement, à l'appel de milieux pro kurdes, contre l'offensive menée par Ankara dans le nord de la Syrie paieraient «un prix très élevé».
De son côté, l'armée syrienne a indiqué, hier soir, la reprise de l'aéroport militaire stratégique dans la province d'Idlib, deux ans après l'avoir perdu au profit des combattants dits rebelles et considérés comme terroristes par le régime syrien. «Après une série d'opérations spéciales, des unités de nos forces armées, en coordination avec des combattants alliés, ont réussi à reprendre le contrôle de l'aéroport d'Abou Douhour», a ainsi confirmé l'armée dans un communiqué. Cette base était aux mains de Hayat Tahrir al-Cham, un groupe terrroriste dominé par Al Nosra, alias Fath al Cham, l'ex-branche d'Al-Qaïda qui contrôle, depuis presque une année déjà, la province d'Idlib. Quant à la situation à Afrine, les militaires turcs sont bel et bien entrés hier en Syrie, après que le ministre turc de la Défense ait laissé entendre que tel ne serait pas le cas, pour mener une offensive contre une milice kurde, au second jour d'une offensive qui a débuté avec des tirs de roquettes contre cette bourgade frontalière de la Turquie. Le Premier ministre turc, Binali Yildirim, cité par plusieurs médias, a révélé que des militaires turcs ont pénétré effectivement dans la région syrienne d'Afrine, contrôlée par les Unités de protection du peuple (YPG), alors que l'artillerie turque poursuit son pilonnage sans discontinuer. Dans la nuit de samedi à dimanche, quatre roquettes ont été tirées depuis des zones contrôlées par les YPG en guise de représailles, touchant la ville turque de Kilis sans faire de victimes selon l'agence de presse Dogan, qui précise que les batteries turques ont aussitôt riposté.
L'offensive turque sur Afrine, baptisée ? ?Rameau d'olivier ? ?, risque de crisper davantage les rapports entre Ankara et Damas mais pas seulement. Ankara enrage de voir Washington apporter un soutien militaire puissant à la coalition arabo-kurde, dont font partie les YPG, officiellement pour combattre le groupe autoproclamé Etat islamique (EI). L'agence officielle turque Anadolu multiplie les informations, dans ce contexte de tension grandissante, sur la progression des forces turques appuyées par des combattants syriens rebelles que la Turquie soutient depuis 2011. C'est ainsi que l'accent est mis sur les raids aériens effectués par 72 appareils turcs contre 150 cibles dont l'aéroport militaire de Minnigh, des frappes au cours desquelles une dizaine de civils, selon les YPG, auraient déjà péri alors que Ankara reconnaît avoir «éliminé des terroristes». «L'opération Rameau d'olivier se déroule comme prévu, l'offensive terrestre a commencé», a ainsi proclamé l'état-major turc dans un communiqué hier, précisant que 153 cibles, dont des abris et des caches d'armes, avaient été touchées. Pour lui, l'offensive a aussi bien frappé les YPG que les forces restantes de Daesh, mais la région d'Afrine ne compte pratiquement aucun élément du groupe EI, tandis que le porte-parole des Kurdes syriens Birusk Hasakeh montait au créneau pour affirmer que l'assaut turc «a été repoussé».
Allié dévoué de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis qui ont annoncé voici quarante-huit heures leur intention d'en faire une Force permanente dans la région nord de la Syrie, les Kurdes des YPG et autres FDS bénéficient d'une logistique et de la présence de conseillers militaires américains qui irritent au plus haut point la Turquie, convaincue des liens étroits entre le Parti des travailleurs du Kurdistan, organisation qualifiée de terroriste par Ankara, et les YPG. Ces derniers ont installé depuis 2011 une zone autonome à Afrine à partir de laquelle les Etats-Unis envisagent de maintenir une enclave destinée, disent-ils, à empêcher le retour de Daesh dans la région. Inquiet, Washington a estimé que l'offensive turque ne va pas «dans le sens de la stabilité régionale». Quant à la Russie qui a retiré ses forces déployées à Afrine, elle suit avec une grande attention la situation, tout en appelant à «la retenue».
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