Dans cette guerre sans images dans le nord du Mali, où les bilans invérifiables se succèdent les uns aux autres, l'armée tchadienne affirme avoir décapité Al-Qaïda au Maghreb islamique, en assurant avoir mis hors d'état de nuire ses deux principaux chefs, Abdelhamid Abou Zeïd et Mokhtar Belmokhtar.
À en croire le président tchadien, Idriss Deby Itno, et le chef d'état-major de l'armée tchadienne, Al-Qaïda au Maghreb islamique au Sahel est étêtée. En effet, après l'annonce, vendredi, de la mort d'Abdelhamid Abou Zeïd par le chef de l'Etat tchadien en personne, le patron de son armée affirme le lendemain que Mokhtar Belmokhtar a été également abattu par ses soldats dans le massif de l'Adrar des Ifoghas. 'Les forces tchadiennes au Mali ont détruit totalement la principale base des djihadistes dans le massif de l'Adrar des Ifoghas, plus précisément dans la vallée d'Ametetai", samedi à 12h locales et GMT, a déclaré samedi soir l'armée tchadienne dans un communiqué, précisant que 'plusieurs terroristes" ont été tués, 'dont le chef Mokhtar Belmokhtar, dit Le Borgne".
Si ces informations s'avèrent vraies, que nul n'est en mesure de confirmer pour l'instant, Aqmi sera en déroute. Mais, comme il s'agit d'une guerre sans images ni cadavres, à part ceux des soldats français tués, auxquels Paris à rendu de vibrants hommages, ainsi que ceux des militaires tchadiens, dont les familles ont été reçues par Idriss Deby Itno, il est difficile, voire impossible de vérifier la véracité des faits. Vingt-six soldats tchadiens et deux soldats français ont été tués au cours de ces combats, ainsi que des dizaines de combattants islamistes, selon N'Djamena. D'ailleurs, l'armée française ne permet pas à des journalistes de se rendre dans la zone des combats. Concernant, par exemple, la mort d'Abdelhamid Abou Zeïd, les informations sont confuses. Selon une version, il aurait été tué dans un bombardement de l'armée française, selon un autre, lors d'un accrochage avec des militaires tchadiens. Des officiers des services de sécurité algériens auraient identifié l'arme, mais pas le corps présenté comme celui du plus radical des chefs d'Aqmi. Mais, des experts entretiennent des doutes sur la mort d'Abou Zeïd. Par ailleurs, d'aucuns doutent que ces deux chefs aient été tués par l'armée tchadienne, mais plutôt par l'armée française, et que Paris n'assume pas ces éliminations pour protéger ses otages de représailles de la part des djihadistes, qui les détiennent. Pour Anne Giudicelli, 'on laisse au Tchad le privilège de communiquer. ça s'inscrit dans la stratégie politique qui, depuis le début, consiste à ne pas se mettre en avant et laisser les Africains en première ligne". Matthieu Guidère, un universitaire français, professeur d'islamologie, note aussi que ni Aqmi ni aucun réseau islamiste n'ont confirmé l'information. 'Or, l'expérience montre que les djihadistes ne cachent jamais leurs morts et en font immédiatement un martyr."
'Je suis extrêmement dubitatif tant que ce n'est pas confirmé officiellement par les Algériens", ajoute un autre spécialiste français, consultant sur le terrorisme, Jean-Charles Brisard. Pascal Lupart, président du comité de soutien à deux otages enlevés en novembre 2011 au Mali, dit craindre que les otages se retrouvent aux mains de 'seconds couteaux", si c'est bien Abou Zeïd qui a été tué. Mathieu Guidère estime que 'quand les djihadistes sont attaqués, les représailles sur les otages sont quasi systématiques". Ceci étant, un responsable malien de la sécurité évoque 'un coup dur pour Aqmi", tout en prévenant qu'elle 'ne signifierait pas du tout sa mort ou sa fin". Pour rappel, Mokhtar Belmokhtar avait revendiqué l'attaque contre le site gazier algérien d'In Amenas le 16 janvier, suivie d'une prise d'otages. Selon Alger, 37 étrangers de 8 nationalités différentes, dont 3 Américains et 1 Algérien y ont été tués par un commando de 32 hommes, dont 29 ont été tués et 3 arrêtés.
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Posté Le : 04/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Merzak Tigrine
Source : www.liberte-algerie.com